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La BAD veut nourrir l’Afrique

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La Banque Africaine de Développement (BAD) a lancé depuis le 19 septembre sa stratégie pour la transformation agricole en Afrique. Un ambitieux projet qui vise à moderniser l’agriculture en Afrique et à garantir une auto-suffisance alimentaire.

Le 1er septembre 2015 alors qu’il arrivait à la tête de la BAD, le Président Akinwumi Adesina a lancé le nouveau programme du groupe de la banque qui s’appuie sur la stratégie 2013-2023 en cours d’exécution. Le Président Adesina a présenté les cinq grandes priorités de développement auxquelles s’attachera l’institution pour relever les principaux challenges de la transformation socio-économique de l’Afrique. Ces cinq grandes priorités regroupées sous le sigle High 5 (Top 5) sont les suivantes : éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains.

Parmi ces 5 priorités, le projet « nourrir l’Afrique » apparait comme le plus important pour les populations à la base. En effet, 33% des enfants en Afrique sont exposés à une situation de faim chronique. 49% d’africains, soit 420 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 1,25 $ US par jour (2014). Une extrême pauvreté qui se traduit au premier niveau par une incapacité pour les populations vulnérables d’avoir accès à une alimentation de qualité et en quantité suffisante. Des africains qui ont faim, un véritable paradoxe dans la mesure où l’Afrique dispose encore de 60% des ressources et potentiels agricoles non-exploités. Il suffit que le continent repense sa politique agricole pour arriver à résoudre des problèmes importants comme la malnutrition, l’insécurité alimentaire, la famine ou l’immigration économique des jeunes africains.

C’est pour apporter des solutions sur le long terme à ses différents problèmes que la Banque Africaine de Développement a décidé de mettre en place une stratégie pour la transformation agricole en Afrique. Selon Dr Sipho Moyo, chef de cabinet du Président de la BAD, la stratégie de transformation agricole en Afrique vise à réaliser 4 objectifs. Contribuer à l’élimination de l’extrême pauvreté en Afrique à l’horizon 2025, éliminer la famine et la malnutrition en Afrique à l’horizon 2025, faire de l’Afrique un continent exportateur net de produits alimentaires et la faire monter au sommet des chaînes de valeur mondiale. Pour atteindre ces objectifs, il faut avant toute chose penser à un accroissement des investissements dans le secteur agricole.

L’agriculture offre 60% des emplois en Afrique mais reste le parent pauvre de l’économie dans la redistribution des richesses au niveau national. En dépit de son importance sans cesse réaffirmée par les dirigeants du continent, rares sont les pays africains qui ont réussi à consacrer plus de 10% de leur PIB à l’agriculture conformément aux recommandations de Maputo (NEPAD 2003). La Banque Africaine de Développement veut inverser cette tendance en se donnant pour objectif de mobiliser entre 315 et 400 milliards $ US sur la période 2015 – 2025 indique Dr Chiji Ojukwu directeur de l’agriculture et de l’agro-industrie de la BAD (OSAN). Cet investissement vise la transformation de 18 chaînes de valeur prioritaires pour garantir l’auto-suffisance alimentaire pour les principaux produits de base (riz, blé, poisson, manioc…).

Au-delà, il s’agit d’aider à une ascension vers le sommet de chaîne de valeur pour ce qui est des principaux produits d’exportation (cacao, coton, café), à la sécurité alimentaire dans le sahel à travers une meilleure production de spéculation comme le mil ou le sorgho et la mise en valeur du potentiel des savanes africaines grâce à l’amélioration de la production animale et de denrées associées comme le soja ou le maïs. L’ambition de la BAD de « nourrir l’Afrique » passe donc clairement par une augmentation de la production agricole du continent, une lutte contre les pertes post-récolte, une transformation locale des productions, une modernisation de l’agriculture et une évolution vers l’agro-business pourvoyeur d’emploi. Le secteur agricole africain s’il arrivait à se transformer d’ici 2020 pour offrir au bas mot 1,5 millions d’emploi aux jeunes africains.

La BAD entend s’appuyer sur un partenariat assez diversifier pour arriver à financer sa stratégie de transformation agricole pour l’Afrique. Ce partenariat implique une mobilisation de ressources auprès des banques, des petites et moyennes agro-entreprises, d’entreprises agro-alimentaires, de donateurs et d’organismes publics. L’objectif étant de mobiliser 30 milliards $ US par an. Parallèlement la BAD continuera son plaidoyer pour un meilleur engagement des Etats africains dans le programmes de transformation de l’agriculture. Il y va de leur intérêt car l’Afrique importe encore 34,5 milliards $ US de denrées alimentaires chaque année (2015) et ce chiffre pourrait passer à 111 milliards $ US si rien n’est fait. Des politiques agricoles innovantes à grande échelle comme celle que propose la BAD pourraient donc être un moyen de réaliser d’importantes économies sur les budgets affectés à l’importation des produits alimentaires.

SUY Kahofi

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