Comment s’est portée la Côte d’Ivoire en 2017 ? De la découverte du vaccin contre la maladie à virus Ebola à la Conférence internationale sur le SIDA et les IST en Afrique (ICASA 2017), voici ce qui a fait l’essentiel de l’actualité santé dans le pays.
Comme la majorité des pays du Monde et particulièrement d’Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire a accueilli avec une certaine satisfaction la découverte d’un vaccin efficace contre la maladie à virus Ebola. Autant dire un véritable cadeau après le traumatisme vécu par les populations et l’inquiétude que la maladie puisse toucher la Côte d’Ivoire.
Au plus fort de la dernière épidémie d’Ebola concentrée en Guinée, au Libéria et en Sierra-Leone, trois candidats vaccins vont s’illustrer. Le rVSV-Ebov développé par l’Agence de Santé Publique du Canada et dont la licence appartient à Merck (Merck, Sharpe & Dohme), le ChAd3-Zebov de GlaxoSmithKline (GSK) et le Ad26.ZEBOV; MVA-BN®-Filo de Johnson & Johnson and Bavarian Nordic. Le MVA en ce qui concerne ce dernier vaccin est un boost administré en même temps que le vaccin pour maximiser son effet. De ces 3 vaccins, le rVSV-Ebov semble présenter les résultats les plus prometteurs. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le vaccin a été étudié dans le cadre d’un essai portant sur 11.841 personnes en Guinée, pendant l’année 2015.
La fin de la crise de la maladie à virus Ebola ne sonne pourtant pas la fin du cycle des épidémie liées aux maladies infectieuses en Afrique de l’ouest et la Côte d’Ivoire va en faire l’amère expérience. Après le Burkina Faso, la dengue va se signaler en Côte d’Ivoire au début du mois de Mai 2017 et gagner très rapidement du terrain. Juillet 2017, le nombre de malades atteints du virus de la dengue s’élevait à 130 pour un bilan de 380 cas suspects. Cocody étant l’épicentre de la crise, les autorités sanitaires locales ont durci les mesures de contrôle et de sensibilisation face à une maladie transmise à l’homme par le moustique Aedes. La dengue est donc une maladie de la même famille que le paludisme et l’Institut Nationale d’Hygiène Publique a notamment insisté sur les mesures de prévention déjà connues par les populations. Il s’agit notamment de la destruction des gîtes larvaires, de la pose des moustiquaires imprégnée et de la fréquentation des centres de santé.
A toutes ces mesures s’ajoutent désormais – pour le paludisme – la gratuité des soins. Dr Antoine Tanoh Méa, le Directeur coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme de Côte d’Ivoire (PNLP) a annoncé le mardi 18 avril 2017 la gratuité (totale) des soins du paludisme simple. Cette mesure de gratuité est difficile à être appréciée sur le terrain car des malades continuent de débourser de l’argent pour faire face à leurs soins de santé. Une incompréhension difficile à expliquer surtout quand le personnel de santé se fait très silencieux sur la question là où les ivoiriens parlent déjà du non-respect d’une décision prise par l’Etat.
Pour tout savoir sur la gratuité des soins du paludisme simple : https://eburnietoday.com/cote-divoire-polemique-autour-soins-gratuits-paludisme-simple/
Un système de santé malade
Malgré un pays épargné par la récente flambée de la maladie à virus Ebola, une politique de gratuité pour le paludisme simple et la maîtrise de la crise de la dengue, la Côte d’Ivoire ne fait pourtant pas figure de bon élève dans le domaine des systèmes de santé. La Côte d’Ivoire figure parmi le top 20 des pays ayant le plus mauvais système de santé au monde. Un rang très peu élogieux pour un pays chaque fois cité en exemple pour ses performances économiques et son taux de croissance.
La précarité du système de santé ivoirien saute aux yeux dès votre accès à un établissement sanitaire. Les services d’urgence sont inexistants et les malades sont obligés de recevoir leurs soins couchés à même le sol. Les pharmacies des hôpitaux sont vides et le peu de médicaments font l’objet de deal parallèle orchestré par le personnel soignant. La promesse de la gratuité des soins ciblée n’a jamais été effective notamment dans les zones les plus défavorisées où sages-femmes et infirmières s’enrichissent impunément sur le dos de femmes enceintes. Avec en score de 43/100 et un classement à la 182ème place, le Gouvernement ivoirien doit revoir sa copie et privilégiant les actions au détriment du discours politique.
Les actions concrètes dans le domaine de la santé reposent sur une véritable volonté politique. C’est le cas avec la lutte contre les médicaments de la rue. En 2017 des efforts ont été fait par le gouvernement ivoirien conduisant à la destruction de Roxy, le plus grand marché de faux médicaments de Côte d’Ivoire. 40 tonnes de médicaments illicites ont été saisies lors d’une opération mobilisant 700 policiers, gendarmes et militaires sous le regard impuissant des vendeuses et de leurs protecteurs. Cette saisie de 40 tonnes de faux médicaments vient s’ajouter aux 50 tonnes déjà incinérées par les autorités ivoiriennes le 10 mars 2017. La valeur marchande de la première saisie était estimée à plus d’un million d’euros. Cependant, 2 semaines après cette saisie record les commerçantes étaient de retour !
A lire sur la destruction de Roxy : https://eburnietoday.com/roxy-marche-de-faux-medicaments-demantele/
La lutte contre les médicaments de rue est à l’image du combat de nombreux gouvernements et organisations de la société civile contre des problèmes de santé qui persistent. C’est le cas du mercure dans les amalgames utilisés pour les soins dentaires. Le Centre africain pour la santé environnementale (CASE) plaide pour l’élimination du mercure dans la dentisterie. Des mesures effectuées dans plusieurs cabinets dentaires cette année à Abidjan montrent de fortes concentrations de mercure dans ces officines, allant de 250 à 4 636 nanogrammes de mercure par mètre cube (ng/m3), alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 1000 ng/m3.
L’Union Européenne a interdit les amalgames depuis le 13 octobre 2016 et cette mesure rentrera en vigueur à partir du 1er juillet 2018. Les pays africains doivent être vigilants afin que les doses d’amalgame déjà disponibles n’atterrissent pas sur le continent. Une réglementation plus stricte et un effort de veille commun de la part des pays africains s’imposent. Cette dernière recommandation du Centre africain pour la santé environnementale (CASE) est similaire à celle faite par les délégués réunis lors de la 19ème Conférence internationale sur le SIDA et les IST en Afrique (ICASA 2017) qui s’est achevée le samedi 09 décembre à Abidjan.
Tout savoir sur l’ICASA 2017 : https://eburnietoday.com/?s=ICASA+2017
Au terme de la rencontre, les délégués venus des quatre coins du monde ont invité les décideurs africains à plus d’engagement pour l’élimination de la pandémie du VIH-SIDA à l’horizon 2020. Cet engagement des Etats africains prend en compte des politiques de financement adaptées à l’objectif 90-90-90 (ONUSIDA), à la veille sanitaire sur le plan national mais également au plan sous-régional, à la mutualisation des résultats de la recherche et à plus de campagnes de sensibilisation à l’endroit des jeunes et surtout des jeunes filles qui deviennent dans tous les pays africains les cibles de plus en plus à la merci de la pandémie.
SUY Kahofi
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