Politique

365 jours d’actualité politique en Côte d’Ivoire

Comme chaque fin d’année, la rédaction vous propose un condensé de l’actualité autour des faits marquants de l’année écoulée. Le récapitulatif de 2020 débute avec la riche actualité politique marquée notamment par l’élection présidentielle.

2020, année électorale…année de tension ! La Côte d’Ivoire semble arrêter de vivre chaque cinq ans à cause de sa classe politique qui a de nouveau raté l’occasion de conduire un processus électoral sans violence et surtout consensuel. Tout débute par la crise du RHDP et le départ en cascade des partis politiques refusant l’idée du parti unifié. Henri Konan Bédié, Albert Mabri Toikeusse ou encore Guillaume Soro préfèrent quitter le navire avec leurs militants après une idylle qui aura permis à la Alassane Ouattara de diriger pendant dix ans. Dix ans de promesse et de tour du monde pour glaner ici une aide, là un crédit sur fond d’inquiétude autour de l’endettement du pays.

Une autre inquiétude, la modification de la constitution qui était censée garantir à la Côte d’Ivoire la stabilité et lui éviter de sombrer dans une nouvelle crise politique après l’épisode douloureux de 2011. Hélas, cette constitution modifiée va conduire de nouveau la Côte d’Ivoire dans une nouvelle crise politique. Dans un contexte d’une réconciliation nationale ratée, de la promotion du rattrapage ethnique, d’un dialogue de sourd autour de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI)…la Côte d’Ivoire s’engage sur la voie d’une nouvelle présidentielle.

L’opposition appelle au dialogue pour épurer les questions restées sans réponses depuis la fin de la crise post-électorale de 2011 mais le pouvoir à d’autres priorités. Le régime Ouattara opère une reforme de la CEI jugée partisane qui va entraîner de vives critiques de la société civile et des condamnations au plan international.

Vers un transfert du pouvoir ?

Alors que la question d’un 3ème mandat d’Alassane Ouattara sort des tiroirs en raison de la modification de la Constitution, le président ivoirien créé la surprise le jeudi 5 mars 2020 en annonçant son intention de ne pas être candidat. Il parle même de transférer le pouvoir à une jeune génération… Une annonce saluée par de nombreuses personnalités politiques à travers le monde et qui fait automatiquement de lui un modèle, un démocrate ! Sauf qu’à beau chasser le naturel, il revient au galop. Son successeur Amadou Gon Coulibaly décède le mercredi 8 juillet, à Abidjan. Alassane Ouattara revient sur sa décision de ne pas briguer un 3ème mandat. Juristes pro et anti 3ème mandat s’affrontent mais au finish la candidature du président sortant passe comme lettre à la poste. Celle de certains de ses principaux rivaux est par contre rejetée.

Ni Laurent Gbagbo encore moins Guillaume Soro ne sont invités au banquet ! Qu’à cela ne tienne, le rendez-vous de la jeune génération est reporté car la présidentielle de 2020 doit se jouer en 4 hommes dont trois ne sont pas si jeunes. Les ivoiriens craignent qu’un nouveau face à face Henri Konan Bédié – Alassane Ouattara vire au drame. Au final, il n’y aura pas de duel mais un boycott qui conduira au drame. Le PDCI et le FPI demandent à leurs militant de « s’abstenir de participer [au processus électoral] tant en ce qui concerne la distribution des cartes électorales qu’en ce qui concerne la campagne électorale » et de « faire barrage au coup d’Etat électoral que le président Alassane Ouattara s’apprête à commettre » et d’« empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin ».

Ce boycott va conduire à des affrontements sanglants et des morts. Les élections auront finalement lieu et Alassane Ouattara sera déclaré vainqueur avec 94 % des voix et un taux de participation de 53,9 % (CEI). Le président sortant réélu et conscient de l’atmosphère socio-politique foncièrement dégradé appelle au dialogue. Un dialogue difficile à s’établir avec d’un côté des opposants en détention et en exil et de l’autre un pouvoir pressé de faire bonne figure au plan international puisqu’accablé par de nombreux rapports sur les violations des droits de l’homme. 2020 s’achève sur une note politique de reprise de dialogue, du grain à moudre en 2021 pour le tout nouveau locataire du ministère de la réconciliation : Kouadio Konan Bertin.

SUY Kahofi

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