Les espèces sauvages menacées par la déforestation
La déforestation en Côte d’Ivoire a un impact sur la faune et la flore. Elle marque certes l’avancée du désert vers la côte mais elle entraîne la disparition de l’habitat naturel de plusieurs espèces sauvages en voie d’extinction.
Ces dernières années, les espèces animales en voie d’extinction n’ont jamais été autant menacées. La principale cause réside dans un processus inquiétant de déforestation qui s’est accélérée ces 10 dernières années en Afrique subsaharienne. Les causes de la déforestation sont multiples et liées à l’activité humaine.
Il s’agit de l’exploitation illégale du bois, la production du charbon, l’occupation illégale des forêts classées et réserves, l’exploitation minière et l’orpaillage sans oublier l’agriculture industrielle grandissante encouragée et financée par les multinationales. Cette agriculture industrielle intensive sert surtout à la production de matières premières comme le café, l’hévéa, l’huile de palme et le cacao.
Projet EAGLE : un bilan positif dans la lutte contre le trafic d’espèces protégées
La Côte d’Ivoire est aussi touchée par la déforestation et les chiffres qui le confirment sont inquiétants. En effet, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait la superficie de la forêt ivoirienne à 16 millions d’hectares en 1900. Elle est passée par la suite à 6 millions en l’an 2000 pour être évaluée en 2016 à environ 2,5 millions hectares selon le Programme d’investissement forestier (PIF).
Ce déclin de la forêt ivoirienne marque également la disparition de l’habitat naturel des espèces protégées. En Côte d’Ivoire, l’occupation anarchique et illicite sont aujourd’hui un poison pour les forêts. C’est le cas de la forêt de Yapo Abbé dans la localité d’Agboville.
« Mes contacts à Guiglo m’ont appelé pour me dire qu’il y’a des gens chez nous ici qui sont en train de vendre des terres à Agboville et Adzopé depuis le mois de décembre 2017. Il y a à peine une semaine quand des frères Baoulés sont venus chez moi accompagnés par un notable d’Azaguié pour leur dire que des burkinabés leur ont pris environs 12 millions de f CFA pour leur donner des parcelles de terres dans la forêt classée entre Azaguié et Yapo » a indiqué Nanan N’DORI en début de mois.
Le président des chefs et rois du département de l’Agneby-tiassa a envoyé des émissaires constater les faits et faire des photos. Comme rapporté, la forêt est en train d’être détruite massivement par des allogènes burkinabés au nombre de 4.000 à travers des ventes illicites de parcelles de terres dans une forêt classée
« Que l’Etat prenne ses responsabilités » martèle Nanan N’DORI.
Pour EAGLE-Côte d’Ivoire, la déforestation qui prend de plus en plus de l’ampleur est la seconde cause de la disparition des espèces protégées derrière le braconnage et le trafic qui s’en suit.
« Presque toutes les espèces protégées vivent dans les forêts. Leur survie est plus que jamais fragilisée, voire quasi inexistante car touchée gravement par la destruction massive de leur habitat » a déploré Rens Ilgen, le coordinateur du projet EAGLE Côte d’Ivoire avant de préciser que « ces espèces sauvages jouent un rôle important dans l’équilibre de la nature. Les tuer met en péril la biodiversité et notre bien-être ».
Les organisations de défense de l’environnement comme l’AOE (Association des ONG de l’Environnement) tirent la sonnette d’alarme en exposant l’impact de la déforestation sur la biodiversité et sur le climat.
« Nous nous plaignons aujourd’hui qu’il fait chaud, mais c’est à cause de la déforestation. Aujourd’hui il fait excessivement chaud dans le nord et même dans les zones dites forestières. Tous les grands arbres sont tous coupés de nos jours, dégradant fortement le couvert forestier. Nous sommes exposés à l’avancée du désert si rien n’est fait. La forêt est le poumon de la biodiversité c’est pourquoi nous disons non à la déforestation » a expliqué Nahoua Ouattara, président de l’AOE.
L’AOE, soucieuse de la stabilité de la biodiversité et de sa chaine alimentaire, donne en termes de solutions immédiates la mise en place d’une politique durable des forêts à travers l’aménagement forestier durable, promouvoir l’agriculture zéro déforestation ainsi que la mise en place d’une politique inclusive de prévention et de réhabilitation des forêts.
SUY Kahofi sources SECOM EAGLE-Côte d’Ivoire