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Le paradoxe de la croissance ivoirienne

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La Côte d’Ivoire ne semble plus être un eldorado pour les jeunes ivoiriens malgré les excellents chiffres de la croissance affichée par le pays. Depuis 2011, ils sont de plus en plus nombreux ces jeunes ivoiriens qui quittent leur pays à la recherche du bien-être sous d’autres cieux.

Depuis 2011, le taux de croissance de la Côte d’Ivoire se situe autour de 8% et selon la Banque mondiale le pays devrait rester sur cette courbe positive de sa croissance. Ces prochaines années, le taux de croissance pourrait se situer entre 7 et 7,5% indique la Banque dans son rapport semestriel.

De nombreux ivoiriens se demandent tout de même comment se matérialise cette croissance puisque le taux de pauvreté reste très élevé dans le pays. Il avoisine les 45% alors qu’il était inférieur à 10% à l’aube des années 1980 ! L’accès à une bonne alimentation, à un bon logement et à des soins de santé de qualité reste un luxe dans un pays sensé atteindre l’émergence en 2020.

Une excellente croissance qui ne profite pas aux ivoiriens car les secteurs qui portent la croissance économique en Côte d’Ivoire ne sont pas réellement pourvoyeurs d’emploi. Pour l’économiste Yves Ouya, la croissance économique ivoirienne est « tirée par le BTP et les investissements directs étrangers, sans grand impact sur l’activité économique locale, comme la création d’entreprises et de richesses ».

Dans ce contexte, de nombreux jeunes ivoiriens préfèrent tenter l’aventure de la migration irrégulière vers l’Europe en passant par la Lybie. Les migrants ivoiriens qui tentent de gagner l’Europe se positionnent au 3ème rang des pays d’Afrique de l’Ouest, après le Nigeria et la Guinée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les demandeurs d’asile ivoiriens en France en 2017 étaient un peu plus 3.700, soit deux fois plus qu’en 2016. La même année, plus de 8.000 migrants âgés de 14 à 24 ans, partis de Côte d’Ivoire sont arrivés en Italie selon le Centre de volontariat international (CEVI), une ONG italienne.

Pourquoi quitter son pays quand il affiche un taux de croissance à fait pâlir ses voisins ? Un véritable paradoxe qui semble mettre en évidence la mauvaise redistribution des richesses en Côte d’Ivoire. Une poignée d’ivoiriens au sommet de l’Etat se gave du bien amassé par tous les actifs obligeant les jeunes à se livrer à toute sorte d’activités – même criminelles – pour quitter leur pays.

Pour le moment la Côte d’Ivoire se contente de faire rentrer les migrants bloqués en Lybie. Depuis 2015, 12 convois ont été organisés avec l’appui de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Union Européenne. Ce sont notamment 3.445 personnes qui sont revenues dont 3.079 ont été déjà enregistrées et éligibles au Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour leur réintégration.

Le 10 juillet, la 5ème Opération d’Évacuation Humanitaire de l’année 2018 a eu lieu ; preuve qu’ils sont encore nombreux hors de leur pays ces jeunes ivoiriens qui ont décidé d’aller ‘se chercher’ ailleurs. Cette dernière opération a permis à 150 ivoiriens migrants en situation de détresse en Libye de retourner en Côte d’Ivoire. 08 enfants dont certains non accompagnés, 31 femmes et 111 hommes ont été accueillis à l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.

Ebony T. Christian

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