La Chine déverse son charbon en Côte d’Ivoire
Le projet de construction de la centrale à charbon de San-Pedro a été finalisé lors du Forum économique ivoiro-chinois à Beijing. Un accord portant sur la conception et la construction de la centrale a été signé entre la Côte d’Ivoire et la Chine.
La Chine ne veut plus de son charbon. L’Empire du milieu après de longues années à dépendre de cette énergie fossile a compris les dangers que son exploitation représente. Pékin se tourne de plus en plus vers des énergies vertes et renouvelables afin de réduire la pollution de l’air, de l’eau et des sols liée à l’extraction et la transformation du charbon.
Mais si la Chine ne veut plus utiliser le charbon parce que trop polluant, elle ne se prive pas de le vendre notamment à des pays africains dont les leaders sont bien plus obnubilés par la course à l’autosuffisance énergétique au détriment du bien-être de leurs populations. En Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire et le Sénégal font office de dépotoirs à charbon pour la Chine.
Un marché au parfum de Bictogo
Alassane Ouattara et son régime se gargarisent d’être revenus de leur course à l’endettement en Chine avec un investissement de 1.900 ou 3.000 milliards. Les unes propagandistes des médias proches du pouvoir n’auront pas permis aux contribuables ivoiriens de savoir in fine combien leur coûtera le trip de séduction de leur gouvernement. Pour le moment, l’heure est à la célébration de neuf accords dont celui portant sur la construction d’une centrale charbon.
Centrales à charbon : les leçons de la France à la Côte d’Ivoire
Un accord qui ne fait pas seulement les affaires de la Chine mais également celle du régime Ouattara à travers l’unique homme d’affaire que compte sans doute la Côte d’Ivoire. Adama Bictogo, patron du Groupe SNEDAI se frotte les mains. La conception et la construction de la centrale à charbon de San-Pedro a été concédé à l’entreprise chinoise Power Group. La société chinoise représentée par son vice-président, Li Yanming lors de la signature de l’accord le vendredi 31 août, a conclu une convention avec l’entreprise ivoirienne S.Energies. Cette société est l’entreprise mère de BROTO IPP, la compagnie à laquelle l’Etat de Côte d’Ivoire a confié le 05 Décembre 2016 la conception, le financement, la construction, l’exploitation, l’entretien et le transfert de la propriété de sa centrale à charbon.
Un projet contesté
Depuis l’annonce de cette passation de marché, les organisations de la société civile ne cessent d’interpeller le gouvernement sur les dangers d’une telle initiative à l’heure où le monde se tourne résolument vers les énergies propres. D’une capacité de production de 4.885.700 GWH par an sur une période de 30 ans selon le Groupe SNEDAI, la centrale selon l’équipe d’Adama Bictogo sera alimentée avec du ‘charbon propre’.
Energie : les ONG disent non aux centrales thermiques à charbon
Le charbon propre, un véritable mythe né de la seule volonté de certains industriels et hommes d’affaire de s’accrocher à des énergies fossiles, n’a jamais pu rassurer plusieurs pays conscients de la santé de leurs populations. Les centrales à charbon ferment en cascade en Europe et en Chine. De nombreux pays sont lassés de l’impact des microparticules cancérigènes sur la santé des populations. Aucune centrale à charbon n’est propre et même en utilisant le procédé de la supercritique, présenté par SNEDAI comme une solution miracle.
Le taux de dioxyde de soufre (SO2) et de dioxydes d’azote (NOX) est fortement réduit (95%) selon l’entreprise. La Chine qui veut se débarrasser de sa technologie polluante en la bradant à la Côte d’Ivoire n’a jamais dépassé 60% ! Au-delà, le projet de la centrale à charbon (2 fois 350 MW) coûte 1.000 Milliards de FCFA, tandis que le barrage de Soubré a coûté 300 milliards pour une production de 275 MW. Le projet n’est ni économiquement ni écologiquement viable.
« Les expériences dans le monde ont démontré qu’un tel projet ne peut être arrêté qu’avant sa mise à exécution » indique Charles Baïmey directeur exécutif de la JVE section Côte d’Ivoire.
Les organisations de la société civile et les populations directement impactées par le projet peuvent encore se mobiliser pour dire non à une pollution en kit vendue par la Chine.
SUY Kahofi