Comment le coronavirus attise la récession ?
Le mot récession revient dans de nombreuses analyses économiques depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19. Mais que renferme réellement cette expression ?
Les analystes financiers et autres experts de l’économie sont convaincus qu’une grande partie du monde se dirige vers la pire récession depuis des décennies. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Notons dans un premier temps que de façon normale ou naturellement dans la vie d’une Nation, l’économie d’un pays connaît une croissance. Ses citoyens, en moyenne, s’enrichissent légèrement à mesure que la valeur des biens et services qu’il produit – son produit intérieur brut (PIB) – augmente. Mais il arrive que la valeur des biens et services produits diminue : c’est une récession. Une récession est généralement définie comme une situation qui se produit pendant deux périodes de trois mois – ou trimestres – consécutives. Si une récession dure longtemps ou est particulièrement grave, on parle de dépression.
Quelle est l’importance d’une récession ?
Pour la plupart des gens, la croissance économique est une bonne chose. Cela signifie généralement qu’il y a plus d’emplois à créer. Les entreprises sont généralement plus rentables et peuvent se permettre de payer davantage leurs employés et leurs actionnaires. Une économie en croissance signifie également que le gouvernement reçoit plus d’argent sous forme d’impôts. Il a donc la possibilité de réduire les impôts ou de dépenser davantage pour les prestations, les services publics et les salaires des fonctionnaires. Lorsque l’économie se contracte, toutes ces choses s’inversent.
Sommes-nous déjà en récession ?
La réponse est OUI ! La plupart des pays développés ont connu une croissance négative – ou une chute du PIB – de janvier à mars 2020, lorsque l’impact économique du coronavirus a commencé à se faire sentir. Les chiffres officiels pour la période d’avril à juin n’ont pas encore été publiés, mais il est probable qu’ils montrent des baisses encore plus importantes. Cela signifierait un deuxième trimestre de croissance négative, confirmant qu’une grande partie du monde est en récession. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit des chutes énormes du PIB pour l’ensemble de l’année 2020 estimant que l’ensemble de l’économie mondiale va se contracter de 3 % cette année, ce qui en fait la pire récession depuis la Grande Dépression des années 1930.
Comment la récession nous touche directement ?
Certaines personnes pourraient perdre leur emploi ou avoir plus de mal à s’assurer de nouvelles opportunités. Les diplômés et les jeunes en fin de scolarité à la recherche de leur premier emploi pourraient trouver moins de débouchés. Ceux qui restent sur le marché du travail pourraient ne pas bénéficier d’augmentations de salaire, ou devoir travailler plus longtemps ou accepter des réductions de salaire. Cependant, les conséquences d’une récession ne sont pas généralement ressenties de la même manière par toute la société, et les inégalités peuvent s’accroître notamment pour le secteur informel et les PME.
Quand la récession prendra-t-elle fin ?
Le FMI prévoit que la récession sera terminée l’année prochaine et que l’économie mondiale commencera à rebondir. Mais nous sommes en terrain inconnu et personne ne sait quelle sera le réel engouement autour de cette reprise encore moins son impact. Si toutes les entreprises qui ont fermé pendant la pandémie de Covid-19 et le confinement pouvaient ouvrir rapidement, les conséquences de la récession seraient moins graves. Toutefois, on craint que le virus ne se propage à nouveau et les gens pourraient hésiter à voyager ou à sortir, même si on leur disait que cela était sans danger. Les conséquences de cette récession se feront donc sentir pendant des années.
Le seul moyen fiable de contrôler le Covid-19 et de limiter ses impacts sanitaires et économique est la mise sur le marché d’un vaccin. Une telle avancée contribuerait à créer une reprise forte. L’autre problème concerne la récession et la dette liée au Covid-19. De nombreux pays ont emprunté déjà des sommes importantes pour soutenir leur économie par des réductions d’impôts et une augmentation des dépenses publiques, comme le soutien aux entreprises ou les aides aux ménages défavorisés. Ces emprunts d’urgence auront un coût et celui-ci se fera sentir pendant des décennies au niveau du remboursement.
Traoré Bakhary