Effondrement d’immeubles : le laxisme et la corruption pointés du doigt
Un immeuble de 4 étages s’est effondré à Cocody Angré dans la nuit du dimanche au lundi (6 au 7 mars). C’est le deuxième effondrement d’immeuble en moins d’une semaine à Abidjan. De quoi susciter des interrogations sur le secteur en pleine explosion de la construction à Abidjan.
L’immeuble qui s’est effondré en début de semaine a fait au moins 5 morts. Une trentaine de personnes ont été évacuées dont 13 hospitalisées suite au drame qui s’est produit dans la nuit de dimanche à lundi autour de 00 h 20. Sur les cinq personnes décédées, trois sont des enfants ont indiqué les services de secours qui ont déployé 08 engins et une cinquantaine d’éléments pour tenter de sauver de possibles survivants après l’effondrement du bâtiment.
« C’est vraiment dommage d’assister chaque fois à ce type d’incident et de voir les autorités répéter impunément les mêmes menaces sans que jamais rien ne soit fait » se désole Kamagaté Issouf, un habitant de Cocody 7ème tranche.
Le comptable nous rappelle à juste titre que le 27 février dernier, un immeuble en construction s’était déjà effondré sur des habitants dans la commune de Treichville, dans le sud d’Abidjan. Cet effondrement a fait sept morts et plusieurs blessés. Les projets immobiliers poussent un peu partout dans la capitale économique ivoirienne et la zone d’Angré est connue pour attirer les promoteurs et entreprises. La croissance démographique a fait pousser dans la précipitation des immeubles dans la ville d’Abidjan dont plusieurs se sont effondrés ces dernières années.
« Il y a du tout dans cette affaire et cela sous fond de corruption et de laxisme. Certains propriétaires, promoteurs et entreprises construisent sans permis avec du mauvais matériel sans que les autorités ne lèvent le petit doigts » s’indigne Kouakou Sébastien, enseignant.
Chacun veut contourner le système sans jamais se plier aux règles en vigueur ce qui conduit à une situation assez inquiétante et les chiffres du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme le montrent. « 80% des constructions dans le District d’Abidjan n’ont pas de permis de construire. Nous n’allons plus attendre qu’il y ait des accidents, nous allons porter plainte contre les maîtres d’ouvrage, dès que nous serons alertés », a prévenu le ministre Bruno Koné lors d’une conférence de presse à son cabinet le lundi 22 mars 2021.
Un an après cette mise en garde l’état des lieux est loin d’être celui de la répression ou de la fin des constructions anarchiques et sans autorisations officielles quand bien même le gouvernement revendique la démolition de 51 immeubles en 2021.
« Nous en appelons à nouveau à la responsabilité des maîtres d’ouvrages. Il faut absolument qu’ils confient les projets de construction à des professionnels, surtout au-delà d’une certaine hauteur », a insisté Bruno Koné.
La Rédaction