Faux, les pépins de corossol ne soignent pas le diabète
Le corossol a le vent en poupe sur WhatsApp et Facebook. La raison est toute simple : c’est un remède miracle selon plusieurs publications. L’une d’entre elles indique que les pépins de ce fruit peuvent soigner le diabète. Cette prescription est totalement fausse indiquent les endocrinologues contactés par Eburnie Today.
La page LES ETHNIES DE LA COTE D’IVOIRE ET D’AFRIQUE propose un TRAITEMENT DU DIABÈTE ET POUR LA BAISSE CONSIDERABLE DU TAUX DE GLYCÉMIE. Comment fonctionne ce remède ? « Utiliser les pépins du corossol, faire sécher les grains une journée. Ensuite griller les pépins, les faire moudre à la machine. Utiliser la poudre obtenue pour saupoudrer les plats et consommer. RÉSULTATS TRÈS SATISFAISANT » conclut la publication. Le crédit de ce traitement serait à mettre à l’actif de la pharmacieverte.
Cette publication mise en ligne en 2017 reste virale avec plus de 1800 partages. Les 130 commentaires enregistrés par la publication sont en grande partie ceux d’internautes qui marquent leur gratitude envers l’auteur de cette recette bon marché capable de traiter le diabète et faire baisser le taux de glycémie.
Cette recette à base de pépins de corossol a-t-elle un fondement scientifique ? « Aucun fondement scientifique à ma connaissance » indique Professeur Etienne Larger, Chef de service diabétologie à l’Hôpital Cochin en France. En lieu et place des recettes de grand-mères qui inondent internet, Professeur Etienne Larger indique que la seule manière de mieux vivre et de se soigner quand on est diabétique c’est de « privilégier un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée, des activités physiques et la lutte contre la sédentarité ».
Il précise par la même occasion qu’à l’état actuel de l’évolution de la science « on ne guérit pas du diabète mais on peut obtenir avec ces modifications du mode de vie un contrôle parfait des glycémies ».
Si les recettes les plus fantaisistes sur le diabète attirent autant de monde sur WhatsApp et Facebook c’est bien parce que la prise en charge de cette maladie coûte chère pour de nombreuses familles en Côte d’Ivoire. Avec des flacons d’insuline dont le prix oscille entre 3.600 et 7.000 f CFA, des médicaments additionnels compris entre 12.000 et 25.000 f CFA, il faut au bas mot – et au meilleur des cas – 60.000 f CFA pour une prise en charge mensuelle d’un diabétique.
« Ce prix reste élevé pour de nombreuses familles d’où le risque d’avoir recours à des recettes faciles qui peuvent aggraver l’état du malade » explique Docteur Paulette Djeugoue, spécialiste en endocrinologie et maladie métabolique à l’hôpital régional de Maroua au Cameroun. L’enseignante à la faculté de médecine et de science biomédicale de l’Université de Garoua souligne qu’il « est important d’être à l’écoute de son médecin traitant pour mieux suivre sa maladie ».
En Côte d’Ivoire le taux de prévalence du diabète est passé fin 2017 de 5,7 % à 6,2 % selon les derniers chiffres du Programme National de Lutte contre les Maladies Métaboliques et de Prévention des Maladies Non Transmissibles (PNLMM/PMNT). Le pays compte plus de 700.000 diabétiques. L’Organisation mondiale de la santé indique sur son site internet que « le nombre de personnes atteintes de diabète est passé de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014. La prévalence du diabète a augmenté plus rapidement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé ».
« L’automédication et le diabète ne font pas bon ménage » rappelle Docteur Paulette Djeugoue, spécialiste en endocrinologie et maladie métabolique. Elle appelle donc à la prudence face aux remèdes miracles qui circulent sur internet insistant sur le fait que « la poudre des pépins de corossol n’est pas encore un traitement approuvé contre le diabète ».
Martine Zogbé