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Tournons la Page Côte d’Ivoire dresse le bilan de son monitoring citoyen

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L’ONG Tournons la Page Côte d’Ivoire a organisé un monitoring citoyen de la révision de la liste électorale (RLE). Dans cette interview accordée à Eburnie Today, le coordonnateur de l’ONG, Alexandre Amani, revient sur l’organisation de ce monitoring et nous livre les principales conclusions de cette activité citoyenne.

Eburnie Today : Quelles sont les raisons qui ont motivé ce monitoring citoyen à l’occasion de la révision de la liste électorale (RLE) ?

Alexandre Amani : Ce monitoring citoyen s’inscrit dans une dynamique que nous avons lancé depuis deux ans qui est le monitoring des réseaux sociaux. Ce nouveau monitoring est lié aux premiers résultats que nous avons eus par le passé. Nous avons constaté que les discours les plus haineux et violents sont en lien avec les questions politiques et ethniques. Comme la RLE marque l’ouverture du processus électoral, nous avons bien voulu faire ce monitoring pour voir quelle est l’évolution sociale en terme discours et surtout voire comment l’institution en charge des élections (Commission Electorale indépendante) communique pour mobiliser les jeunes qui sont la cible phare. Nous avons donc réalisé un monitoring qui prend en compte les réseaux sociaux, la presse papier, la presse en ligne et l’affichage.

E.T : Puisque ce nouveau monitoring ne cible pas seulement les médias sociaux, quelle est la méthodologie que vous avez utilisée ?

A.A : Nous avons renforcé notre équipe initiale de monitoring avec de nouvelles personnes venant d’autre coalition. Nous avons pu ainsi créer quatre équipes. L’une dédié au traitement et à la diffusion de l’information sur les réseaux sociaux, une deuxième qui a sillonné les communes d’Abidjan pour évaluer la pertinence de l’affichage, la troisième s’est occupée de la presse papier et la dernière des médias en ligne.

E.T : En tenant compte du travail effectué par les groupes en charge du monitoring, quelle est la principale observation que vous avez pu faire ?

A.A : La première observation c’est que les parties politiques et les acteurs politiques ont dominé tout le processus de la RLE en termes de communication. Ceci confirme les projections et observations que nous avons faites : la révision de la liste électorale est une activité purement politique et non citoyenne comme cela aurait dû l’être. La deuxième observation concerne l’usage des réseaux sociaux par l’institution en charge des élections : la Commission Electorale indépendante (CEI). Il s’avère que l’institution n’a pas vraiment communiqué par objectif.

La preuve, plusieurs questions des internautes – surtout des jeunes – relatives à la RLE sont restées sans réponses sur la page officielle de la CEI. L’autre indice est le nombre de publication sur la période de la révision. Il n’y a que 17 publications sur toute la durée de la RLE. 17 publications en 32 jours, c’est un ratio très faible. Au niveau de la presse papier, plus l’opération tendait vers sa fin plus la CEI communiquait moins. La CEI de notre point de vue n’a pas adopté pour une stratégie de communication efficace à même de mobiliser les citoyens.

E.T : L’affichage a-t-elle échappé à ce constat ?

A.A : Au niveau de l’affichage il y a deux éléments importants à noter. Premièrement il y a une faiblesse au niveau du nombre d’affiches. Deuxième chose, l’affichage n’a pas été faite de façon stratégique. Les zones les plus fréquentées de la ville d’Abidjan n’ont pas été ciblées. A titre d’exemple à Yopougon, l’axe stratégique et très fréquenté qui commence par la SIPOREX et qui s’achève au niveau du rond-point du palais de justice n’enregistre aucun panneau. Les places Inch Allah de Koumassi, FICGAYO de Yopougon, le rond-point de la Riviera 2…sont autant de zones de forte affluence quotidienne des abidjanais qui ont été oubliées. Pire dans une commune comme Attécoubé il n’y a eu qu’un seul panneau et seulement deux au niveau du centre des affaires qu’est le Plateau. Il y a donc eu un faible ratio de panneau par commune et une absence d’affichage stratégique.

E.T : Les partis et acteurs politiques ont certes dominé la communication autour de la RLE mais qu’est qui a manqué à la société civile pour être tout aussi percutant ?

A.A : Je ne parlerais pas seulement de moyen mais aussi et surtout de stratégie de communication notamment l’usage des médias sociaux et des médias traditionnels. Il y a eu des publications de la société civile sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, des activités de mobilisation de terrain certes mais au niveau des médias traditionnels l’action de la société civile était quasi inexistante. Comme nous le suggérons dans notre rapport de monitoring, la CEI mais aussi la société civile doivent repenser leur stratégie de communication pour une meilleure mobilisation citoyenne. A ces deux acteurs, nous recommandons le recrutement de community manager expérimentés en ce qui concerne les questions électorales.

E.T : La RLE vient de s’achever, quelle sera la suite de votre activité en lien avec le processus électoral ?

A.A : Nous venons d’achever la première étape et nous comptons continuer le suivi citoyen du processus. A partir du mois de mars, nous allons commencer un monitoring du discours politique sur les réseaux sociaux en lien avec les élections locales. Ce monitoring sera marqué par la mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce pour pouvoir alerter le plus tôt possible l’autorité compétente afin de prévenir tout risque de débordement et de tension sur le terrain.

Propos recueillis par Anderson Diédri

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