Les enfants bénéficiaires d’un vaccin antipaludique en Côte d’Ivoire
C’est dans la commune d’Abobo située dans le nord de la capitale économique ivoirienne (Abidjan) que le gouvernement a procédé au lancement officiel de la campagne de vaccination contre le paludisme ce 15 juillet 2024. Un vaccin qui cible les enfants et qui permettra au pays de réduire la mortalité liée à cette maladie parasitaire.
Elles sont sorties nombreuses et ont patienté le temps de la cérémonie officielle. Les femmes d’Abobo et de quelques communes environnantes ont fait le déplacement pour être les premières à faire vacciner leurs enfants. « Nous avons entendu qu’aujourd’hui on allait vacciner les enfants contre le paludisme c’est pourquoi nous sommes venus avec nos enfants » nous explique Koné Aïssatou, une mère tenant deux enfants sous l’une des tentes dressées pour l’évènement.
Une autre mère de famille qui a reçu le même message semble mesurer l’importance du moment. « Avant quand les enfants étaient malades et que c’était le palu (paludisme NDLR), on allait à l’hôpital ou à la PMI et on nous donnait des médicaments gratuitement. Les sage-femmes nous ont dit que maintenant il y a un vaccin pour les enfants » nous explique Diakité Awa, une commerçante avant d’ajouter qu’au « lieu d’acheter les médicaments chaque fois, la vaccination va protéger nos enfants et nous éviter de dépenser ».
Le paludisme a effectivement des conséquences sur la vie des ménages en Côte d’Ivoire en plus d’être l’une des premières causes de mortalité. Selon les chiffres du ministère ivoirien de la santé, le paludisme est une cause d’absentéisme scolaire et professionnel qui réduit de 43% le revenu mensuel des ménages. Pour lutter contre la maladie, la Côte d’Ivoire a décidé d’introduire un vaccin contre le paludisme : le R21/Matrix-M. Ce vaccin développé par l’Université d’Oxford et fabriqué par le Serum Institute of India (SII) permettra de vacciner les enfants de 6 à 23 mois. Chaque enfant doit recevoir gratuitement quatre doses à 6, 8, 9 et 15 mois.
Pierre Dimba, le ministre ivoirien de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle a souligné que la décision d’introduire un vaccin antipaludique ciblant les enfants est « une avancée significative pour la protection de nos enfants contre cette maladie » indiquant que « le vaccin contre le paludisme est sûr et efficace ». Chaque année, en Côte d’Ivoire, ce sont plus de 1.000 enfants de moins de 5 ans qui meurent du paludisme, ce sont 3 enfants de moins de 5 ans qui meurent chaque jour du paludisme. La vaccination vient donc s’ajouter aux mesures de prévention existantes qui sont constamment encouragées par le ministère de la santé. Il s’agit de l’utilisation de la moustiquaire imprégnée, l’assainissement du cadre de vie et la prise de la Sulfadoxine Pyriméthamine pour les femmes enceintes.
Toutes ces mesures de lutte contre la maladie ainsi que la gratuité des soins pour le paludisme simple et le traitement gratuit pour les cas de paludisme grave pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, ont permis à la Côte d’Ivoire d’enregistrer une baisse de la mortalité liée au paludisme. Cependant des efforts restent à faire pour la prévention de la maladie notamment chez les enfants. « En Côte d’Ivoire, bien que le nombre de décédés du paludisme ait régressé significativement, l’incidence a augmenté dans la population générale mais aussi chez les enfants de moins de 5 ans » a précisé Fatim Tall, représentante pays de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la Côte d’Ivoire.
Le vaccin antipaludique R21/Matrix-M, l’un des deux vaccins recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait donc son entrée dans le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine en Côte d’Ivoire. La vaccination contre le paludisme concernera d’abord 38 districts sanitaires répartis dans 16 régions ayant les incidences de paludisme les plus élevées. Elle cible 250.000 enfants âgés de 6 à 23 mois.
Selon l’OMS, en 2022, 94 % des cas de paludisme (233 millions) et 95 % des décès dus à la maladie (580 000) ont été enregistrés en Afrique. Les enfants de moins de cinq ans représentaient 80 % des décès dus au paludisme en Afrique. Pour faire reculer la maladie, plusieurs pays comme le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso ou la République centrafricaine ont déjà autorisé le vaccin antipaludique R21/Matrix-M.
SK