Ouattara met en garde les mutins
Mine grave, le chef de l’Etat est apparu à la télévision nationale visiblement en colère ce samedi 7 janvier 2017. Il n’apprécie pas l’option des militaires qui ont choisi de manifester leur mécontentement et de faire des réclamations par une mutinerie qui a plongé le pays dans la psychose depuis la nuit de jeudi à vendredi. Ainsi, après la rencontre (qui a duré plusieurs heures) entre le ministre chargé de la défense Alain Richard Donwahi et les mutins à Bouaké, lors de laquelle il a échangé avec les militants mécontents et promis de prendre des mesures pour régler leurs problèmes; le chef de l’Etat de retour du Ghana a fait une déclaration à la télévision en direct à 18 heures 30, en plein conseil des ministres.
« Après le compte rendu du ministre chargé de la défense, en présence des membres de ladite délégation (des mutins, ndlr), je confirme mon accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des soldats », a déclaré Alassane Ouattara.
« Ayant marqué mon accord, je demande à tous les soldats de regagner leurs casernes pour permettre l’exécution de ces décisions dans le calme », a-t-il appelé au calme.
Selon une source proche de la rencontre de Bouaké qui s’est déroulée à huis clos, « les militaires ont déclaré que tout s’est bien passé et qu’ils vont libérer progressivement les corridors ».
Mais Ouattara n’a pas manqué d’exprimer publiquement sa colère face à l’attitude des militaires.
« Je voudrais redire que cette manière de revendiquer n’est pas appropriée. En effet, elle ternie l’image de notre pays après tous nos efforts de développement économique et de repositionnement diplomatique », s’est indigné le chef de l’Etat.
Une posture qu’il avait adopté face à une délégation des protestataires lors de la précédente mutinerie de novembre 2014. S’il avait à cette date promis (comme il vient de le faire aujourd’hui encore) de commencer à régler les arriérés de soldes dès la fin du mois de novembre 2014 et la question de l’avancement dans les grades dès le 1er janvier 2015, Ouattara les avait également tancés en les invitant à éviter « la chienlit dans ce pays » et à se « comporter en soldats modèles ».
En 2014, le quartier maître Issiaka Ouattara (qui est aujourd’hui encore le porte-parole des mutins) avait assuré que les revendications portaient sur le paiement de primes, d’arriérés de soldes de 2009-2011 et de 2011-2014 qui concernent également des ex-Fds qui avaient rejoint la rébellion en 2002. Quant aux promotions en grades, il s’agissait de l’avancement de 8.400 caporaux aux grades de caporal-chef ou de sergent.
Les mutins ont acclamé les conclusions du huis clos avec le ministre de la défense. Cependant, un autre groupe a désavoué leurs représentants. Des tirs nourris ont de nouveau été entendus à la résidence du sous-préfet, lieu de la réunion où un groupe de mutins toujours mécontents maintient toutes les autorités en otage, y compris le ministre et les journalistes. Ils veulent sans doute leurs primes de guerre ici et maintenant vu que les promesses antérieures n’ont pas été respectées. Ces derniers ont indiqué malgré tout être disposés à laisser tout le monde rentrer et c’est ce qui a été fait au final.
Anderson Diédri