Un accord trouvé entre les mutins et le Gouvernement
Les négociations entre l’émissaire du Gouvernement Ivoirien et les mutins ont abouti ce vendredi 13 janvier à un accord. Les militaires obtiennent finalement gain de cause après une semaine de tension et d’incertitude.
Si les jérémiades des fonctionnaires ivoiriens n’ont jusque-là pas ému le Gouvernement, la semaine de revendication kalachnikov au point des militaires a fini par déboucher sur le paiement d’une prime d’une valeur de 5 millions de francs. Pour arriver à cet accord, il aura fallu plusieurs heures de négociation qui ont commencé au domicile du Préfet de Bouaké.
Le huis-clos a débuté sur une revendication des mutins qui exigeaient du Gouvernement la somme de 12 millions de f CFA (en paiement unique et intégral) pour chacun des 8.500 éléments concernés par la revendication soit le chiffre quasi astronomique de 102 milliards de f CFA ! Le ministre délégué à la défense, Alain-Richard Dowahi a fait savoir aux soldats que ce montant était exorbitant, à la limite irréaliste.
L’évolution des négociations ne semblait pas tourner à l’avantage des plaignants qui ont manifesté leur colère aux alentours de la résidence du Préfet et dans plusieurs autres casernes du pays. Des tirs nourris ont été entendus dans le plus grand camp militaire d’Abidjan obligeant les populations à passer une nuit blanche sur les réseaux sociaux pour s’informer du développement de la crise.
Arrivé à Bouaké à 14 h TU, Alain-Richard Dowahi et sa délégation sont sortis du domicile du Préfet au-delà de 22 heures avec un accord sur paiement en deux phases. La somme de 5 millions de f CFA sera remis à chaque soldat puis les 7 millions restants payés par tranche d’un million chaque fin de mois. Le Gouvernement Ouattara doit donc s’atteler à trouver dans l’immédiat 42,5 milliards f CFA pour régler cette énième promesse au moment où une grève des fonctionnaires est déjà en cours dans le pays.
Les fonctionnaires réclament entre autres des augmentations salariales et s’opposent à la réforme des retraites engagée en 2016. La joie se lit sur le visage des militaires qui retournent heureux dans leurs casernes quant au même moment, le Gouvernement par la voix du ministre délégué à la défense, Alain-Richard Dowahi, rassure les populations sur l’issue de la crise.
Comment sera financé le règlement des primes ?
Si les Ivoiriens dans leur ensemble poussent un ouf de soulagement après cet accord, nombreux sont ceux qui se demandent comment le Gouvernement va mobiliser 42,5 milliards dans le contexte actuel où le front social est en ébullition. Tout le monde revendique, tout le monde se plaint ! Le cacao ivoirien s’entasse dans les Ports de San Pedro et Abidjan. Les fonctionnaires sont en grève et après une semaine de débrayage, ils entendent reconduire le mouvement à partir du lundi 16 janvier 2017.
La colère gronde sur le campus également où les étudiants réclament l’attribution de la bourse au titre de l’année 2016 et le payement des renouvellements, la programmation des soutenances du Brevet de technicien supérieur (BTS), la fin des frais de soutenance, l’équipement des laboratoires des Universités, l’arrêt du paiement de la somme de 5000 f CFA par étudiant concerné par la 2ème phase de l’orientation des nouveaux bacheliers et l’ouverture des dernières résidences universitaires.
Pour faire face à la promesse de 42,5 milliards pour satisfaire les mutins, les Ivoiriens craignent que de nouvelles taxes ne leur soient imposées sur les factures d’eau, d’électricité ou le prix des denrées de grande consommation.
SUY Kahofi