Les entreprises françaises à la (re)conquête de la Côte d’Ivoire
Une délégation du Medef (patronat français) a séjourné à Abidjan du 27 février au 1er mars. Objectif : repositionner les entreprises françaises dans le pays.
Après avoir vu sa part de marché baisser de 28% à 11% en dix ans, la France veut reconquérir la Côte d’Ivoire. Ainsi, après une mission – la plus importante depuis 20 ans dans le pays – en avril 2016 avec 150 chefs d’entreprise, le patronat français est à nouveau sur les bords de la lagune Ebrié. Composée de 50 chefs d’entreprise représentant 37 entreprises, une délégation du Mouvement des entreprises de France (Medef), conduite par son vice-président Gérard Wolf, a effectué une mission du 27 février au 1er mars 2017 à Abidjan.
L’agenda était particulièrement chargé : rencontre avec le vice-président de la république, le Premier ministre et des membres du gouvernement, quelques 70 gouverneurs de districts, président de conseil régional et maires…
Les échanges avec les élus ont particulièrement porté sur les problématiques urbaines (assainissement, gestion des déchets, transport en commun, logements, électrification, etc.) et les solutions innovantes et durables que peuvent apporter les entreprises françaises.
« Ils veulent être sûrs qu’à l’horizon 5, 10 ans, ils aient une solution durable pour un quartier, pour un morceau de ville nouvelle, pour une réhabilitation, ils veulent que tout soit pris en compte », a déclaré au cours d’une conférence de presse ce mercredi 1er mars 2016 Gérard Wolf, également président de la Task Force ville durable, créée en 2014 par le Medef. Il ajoute que le bilan de cette visite est « positif ». « Nous avons identifié des projets. Nous avons aussi parlé des jeux de la francophonie qui arrivent rapidement et pour lequel nous pouvons peut-être contribuer à apporter des solutions », souligne le vice-président du patronat français.
À propos des jeux de la francophonie prévus en juillet 2017 à Abidjan, Robert Beugbré Mambé, ministre en charge de ces jeux et gouverneur du district d’Abidjan, invite les entreprises hexagonales à saisir cette opportunité offerte par cet événement lors duquel 4000 athlètes seront en compétition et auquel sont annoncés entre 700 et 1000 journalistes : « vous avez là une opportunité unique de parler à plus de 80 pays le même jour et au même moment ».
Cette mission est-elle une offensive pour les entreprises françaises face à la concurrence étrangère ? Ce n’est pas une offensive au sens guerre économique. « C’est une affirmation du rôle que nous devons continuer de prendre dans les solutions urbaines », répond Gérard Wolf, ajoutant que la Task Force sur la ville durable est une spécificité qui n’existe nulle part ailleurs pour l’instant.
« Au fond, on sait très bien qu’on n’est est pas seul au monde, on sait très bien qu’aujourd’hui les ivoiriens veulent des solutions durables qui soient celles des meilleures du marché et pas nécessairement à cause de nos liens fussent-ils historiques que nécessairement toujours avec des français. C’est normal. Il faut faire jouer la concurrence », assure-t-il.
Justement, Robert Beugbré Mambé estime qu’il y a de la place pour tous les investisseurs. Pour le ministre-gouverneur, « il ne faudrait pas que les entreprises françaises pensent que la Chine, le Brésil, l’Inde vont prendre la place. Non ! Il y a de la place pour tout le monde. Il y a une très bonne place pour les entreprises françaises ».
Une place que la France, qui compte 140 entreprises déjà installées dans le pays, veut consolider à travers ces missions du Medef en Côte d’Ivoire.
Anderson Diédri