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Agressions sexuelles : année macabre pour les mineurs

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La rédaction d’Eburnie Today a réalisé au cours de l’année 2018 un monitoring des cas de viol sur les mineurs. Il ressort de cette veille que des efforts sont faits par les représentants de la loi pour réprimer les agressions sexuelles sur mineurs. Cependant beaucoup reste à faire en termes de protection et de prise en charge des victimes.

Les journalistes de la rédaction d’Eburnie Today ont réalisé leur veille sur la période allant du 17 janvier au 22 décembre 2018. Les cas de viol recensés sont ceux qui ont été relayé par la presse nationale, sur les réseaux sociaux et par les acteurs de la société civile par voie de rapports, de communiqués ou de conférences de presse. La rédaction pour chacun des cas a pris le soin de recouper l’information auprès d’habitants des localités où les faits ont été commis, d’organisations de base de la société civile (ODB), de producteurs des radios communautaires (radios de proximité) ou les localiers d’agence ou d’organes de presse.

Au 22 décembre 2018, nous avons été capables de documenter quelque 45 cas de viol confirmés sur mineurs. Ces viols sur mineurs ont été commis aussi bien sur des filles que des garçons. Le mode opératoire est le même dans la majorité des cas. Les auteurs de viol sont généralement des proches des victimes ou des connaissances de la famille. Ils utilisent cette proximité pour installer un climat de confiance et ainsi abuser des enfants. En ce qui concerne le profil des victimes, leur âge est compris entre 03 et 17 ans. Dans l’un des cas relayé par une ODB, la victime avait 2 ans !

Les victimes sont majoritairement des élèves du primaire et du secondaire. La nature de leur agression prend différentes formes : pénétration anale forcée sur des garçons ou pénétration vaginale chez les filles quand il ne s’agit pas souvent des deux. Certains cas ont conduit à des interventions chirurgicales et un décès. Quant aux auteurs d’agressions sexuelles sur mineur, leur âge oscille entre 15 et 60 ans. Ils appartiennent à différentes couches socio-professionnelles allant de l’enseignant au paysan en passant par les chauffeurs ou tâcherons. On y retrouve aussi des sans-emplois en quête d’argent facile sur la base de rites ordonnés – selon certains témoignages – par des mystiques.

Les cas de viol monitorés ont conduit dans 60% des cas à une réponse de la part des représentants de la loi (polices, gendarmes…). Ceci est sans doute la preuve que les autorités veulent effectivement réprimer les cas de viol sur mineur mais des poches de résistance persistent. Certains agents saisis dans les postes de gendarmerie ou de police se sont retrouvés à inviter les parents des victimes et les agresseurs à trouver un « arrangement à l’amiable » à exiger même lors de flagrant délit un certificat médical ou « l’argent du carburant » aux victimes pour procéder à l’arrestation des agresseurs. Pire – et on ne sait par quel stratagème – certains agresseurs ont été purement et simplement libérés. Cette passiveté inexpliquée pousse par moment les populations à se rendre justice. Elles organisent le passage à tabac des agresseurs. Une justice du peuple qui pourrait saper les efforts de répression des viols sur mineur par les voies légales.

Si dans un passé récent les organisations de la société civile étaient les seules à alerter l’opinion à travers leurs rapports et communiqués, il y a de plus en plus une volonté citoyenne de mettre en lumière ses agressions. Des utilisateurs des réseaux sociaux relaient dans leurs différentes communes les cas dont ils entendent parler ou dont ils sont témoins. Si cette initiative spontanée visant à dénoncer les agissements des agresseurs est à saluer, le ton et la manière de rendre les faits ressemblent plus à celui d’un banal fait divers morbide partagé en ligne. Des internautes par compte le font simplement pour attirer des likes ou une pluie de commentaires où se mêlent injures et propos blessants envers les victimes.

La rédaction d’Eburnie Today est loin d’avoir réalisé un monitoring complet ou à l’échelle nationale de la situation des viols sur mineurs. Cependant, nous restons convaincus qu’en raison du caractère sensible de ce crime, les cas cachés par les parents, passés sous silence par des enfants terroriser par leurs bourreaux ou réglés en catimini à l’amiable sont plus importants et largement au-dessus des 45 cas répertoriés. Le présent monitoring soulève une série de questions :

  • Les acteurs des médias mettent-ils en évidence le drame du viol sur mineur ou continuent-ils d’en parler comme des faits divers ?
  • Quelle coopération établir entre médias, organisations de la société civile et forces de l’ordre pour mieux communiquer et sensibiliser sur le viol des mineurs ?
  • Comment militer en faveur de lois plus dissuasives concernant les viols sur mineurs ?

Martine Zogbé

Voici quelques liens retenus par la rédaction lors de ce monitoring. Il donne un aperçu de quelques cas de viols sur mineurs en 2018.

L’Eglise catholique sous le choc après le viol d’une fille par un prêtre

Un charretier mis aux arrêts pour viol sur un mineur à Bonoua

Un violeur pris en flagrant délit à Attecoubé

Un homme âgé de 46 ans viole une mineure de 4 ans et écope de 10 ans de prison

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