A quand la nomination du nouveau médiateur de la république ?
N’Golo Coulibaly a cessé ses fonctions de médiateur de la république en juillet dernier. Depuis quatre mois, l’institution reste sans nouveau chef, l’empêchant de fonctionner efficacement.
Nommé en juillet 2011 comme Médiateur de la république en remplacement de Mathieu Ekra, N’Golo Coulibaly a officiellement achevé ses fonctions à la tête de cette institution. Et pour cause : la loi N° 2007-540 du 1er aout 2007 fixant les attributions, l’organisation et le fonctionnement du médiateur de la république stipule en son article 3 que « le médiateur de la république est nommé par le président de la république pour un mandat de six non renouvelable ». L’article 166 de la constitution va plus loin en précisant qu’en cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu, « il est pourvu à son remplacement dans un délai de huit jours ».
Si N’Golo Coulibaly a été nommé le 14 juillet 2017 président de la Haute autorité pour la bonne gouvernance en remplacement de Seydou Elimane Diarra, il n’a pas encore remplacé à la tête de la Médiature, quatre mois après la fin officielle de ses fonctions. Sans nouveau titulaire, N’Golo Coulibaly continue de diriger l’institution de médiation où il se rend toujours pour travailler, en plus de ses nouvelles fonctions à la Haute autorité. S’il fait souvent des « passages éclaires » à la Haute autorité, des agents précisent que le service courrier « est obligé de lui parvenir les courriers qui lui adressés ». Une situation d’autant plus délicate que l’article 167 de la constitution, qui reprend les dispositions de la loi N° 2007-540 du 1er aout 2007, prévient que « les fonctions de Médiateur de la République sont incompatibles avec l’exercice de toute fonction politique, de tout autre emploi public et de toute activité professionnelle ».
Guéguerre politicienne ?
Qu’est-ce qui bloque la nomination par le chef de l’Etat d’un nouveau Médiateur de la république ? Surtout que, le mandat de six ans n’étant pas renouvelable, son remplacement devait être planifié et ne devait donc pas poser problème. Certains évoquent une guéguerre politicienne. « Le blocage de la nomination du nouveau médiateur de la République serait lié à un partage des institutions de la République entre le PDCI RDA et le RDR », croit savoir une source au Rassemblement des républicains (RDR).
N’Golo Coulibaly étant un cadre du RDR nommé pour succéder à Seydou Diarra qui est un cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), le président Henri Konan Bédié milite pour que « le nouveau Médiateur de la République soit issu de son parti ». Selon nos informations, Niamien N’Goran, limogé en juillet 2017 de son poste d’Inspecteur général d’Etat, est intéressé par cette institution. Bédié « propose Niamien N’Goran comme Médiateur de la République, ce que le président de la république Alassane Ouattara récuse ».
Le nom de l’ancien ministre et actuel président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) Albert Mabri Toikeusse a circulé pour occuper ce poste. Ce qu’a démenti son parti le 14 août dernier : « la direction de l’UDPCI porte à la connaissance de l’opinion nationale, internationale, des militantes et militants de l’UDPCI que les informations circulant sur les réseaux sociaux et relayées par la presse ne sont pas avérées », avait tranché le Secrétaire général de l’UDPCI Laurent Tchagba.
En tout cas, les noms de deux autres cadres du RDR circulent pour occuper le poste. Il s’agit l’ancienne première vice-présidente de l’Assemblée nationale Sarah Sakho Fadiga et l’actuel président du Conseil régional du Poro Coulibaly Tiémoko Yadé. En attendant, l’institution en charge de la médiation de la république fonctionne à minima, faute du nouveau titulaire officiellement nommé. Pourtant, son rôle est crucial pour le renforcement de la cohésion sociale et peut apporter une contribution salutaire dans la résolution durable des conflits comme celui qui frappe l’ouest du pays en ce moment.
SUY Kahofi