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Accord de Paris/INDC : guerre ouverte entre Toungara et Allah Rémi

C’est la guéguerre entre certains ministères dans le cadre de l’application de l’accord de Paris. Les dernières rencontres organisées par le ministère de l’environnement nous ont permis de mesurer la portée du malaise. Eburnietoday vous fait vivre les coulisses d’une réunion qui s’est déroulée loin des regards médiatiques.

Les relations entre les différents ministères, impliqués dans la mise en œuvre de l’accord de Paris, ne sont pas au beau fixe. Le ministère du pétrole et de l’énergie est particulièrement indexé par celui de l’environnement et du développement durable « de saboter les engagements pris par la Côte d’Ivoire à la COP 21 en décembre 2015 en France ». En effet, le mercredi 26 octobre 2016, le Ministère de l’environnement et du développement durable organise une réunion sur l’état d’avancement des préparatifs de la Côte d’Ivoire à la COP22 à Marrakech au Maroc. Au cabinet du ministre ivoirien de l’environnement, Rémi Allah-Kouadio (Abidjan-Plateau), plusieurs acteurs ont été conviés à cette rencontre d’information et d’échanges. Les ministères et les collectivités territoriales d’abord, puis le secteur privé, les organisations de la société civile et les organisations de médias, et enfin les négociateurs de la Côte d’Ivoire. Lors de la réunion, le directeur général de l’environnement n’a pas caché son agacement.

A la question du représentant du patronat ivoirien qui trouvait « un peu bizarre » que le ministère de l’énergie ne présente aucun des 11 side event prévus par la Côte d’Ivoire à Marrakech, le Pr Georges Kouadio n’a pas manié la langue de bois.

« Il faut dire les choses franchement. Avec le ministère de l’énergie et du pétrole, on a un problème. Les informations ne nous parviennent pas. Nous sommes obligés d’aller chercher les informations sur les études qui ont été faites avec tel ou tel », s’est indigné le président du comité d’organisation de la commission de préparation de la participation de la Côte d’Ivoire à la COP22.

Pr Georges Kouadio souligne que dans le cadre du dialogue interministériel nécessaire à la mise en œuvre de l’accord de Paris, le ministère de l’environnement et du développement durable a effectivement sollicité le ministère de l’énergie.

« Ils nous ont reporté trois fois (…) Or, nous avons fait les INDC. La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par le secteur énergie avec la production des énergies renouvelables. Dans les documents qui apparaissent au plan international, on ne voit pas nos contributions en termes d’aller vers un mix avec des mégawatts bien précis, avec des projets. On a besoin de ça », a-t-il renchéri.

Devant ses invités, et en l’absence des médias alors qu’ils étaient censés être présents à cette rencontre, le Pr Georges Kouadio a accusé les services du ministre Adama Toungara. Ces derniers freinent délibérément ou par contrainte les quatre fers de la mobilisation des ressources en vue du respect des engagements contenus dans les INDC de la Côte d’Ivoire (Contributions prévues déterminées au niveau national). Il s’agit d’un document adopté en septembre 2015 avant la COP21 à Paris. En effet, jusqu’en 2012, la Côte d’Ivoire émettait 15.964, 35 ktonne équivalent de CO2. La part du secteur énergie-transport est de 51,62% contre 38,47% pour l’agriculture et 9,1% pour le secteur déchet. Si rien n’est fait (selon le scénario Business as usual ou BAU), ses émissions de gaz à effet de serre atteindront 34.253, 25 ktonne équivalent de CO2 en 2030.

L’option d’atténuation contenue dans le INDC1 (le INDC2 a été finalement abandonné) permettra de réduire de 28% les émissions du pays en 2030. La contribution des services du ministre Adama Toungara est la plus attendue puisque le secteur énergie-transport doit réduire ses émissions de 74,18% contre 19,22% pour l’agriculture et 6,6% pour le secteur déchet. La Côte d’Ivoire, qui veut porter la part des énergies renouvelables à 16% à cette échéance, compte sur le ministère de l’énergie qui jusque-là est mode silence radio.

« J’ai appelé plusieurs fois : absence de réponse (…) On a besoin d’eux. C’est comme le ministère de l’agriculture. Au début, c’était à couteaux tirés, mais aujourd’hui ça va. Il reste maintenant le ministère de l’énergie (…) On n’est pas surpris de ce qu’ils ne nous aient pas encore envoyé quelque chose », explique le Pr Georges Kouadio, qui déplore le manque d’implication du ministère de l’énergie dans les préparatifs de la COP22.

La Côte d’Ivoire, qui participe aux Conférences des Parties (COP) depuis plusieurs années, n’a eu un stand d’exposition que l’année dernière à Paris.

« La Côte d’Ivoire a participé à beaucoup de conférences. C’est seulement l’année dernière que nous avons pu acquérir effectivement un stand », concède le Pr Delfin Ochou Abé, président du comité scientifique de la participation de la Côte d’Ivoire à la COP du Maroc.

A Paris, le stand de la Côte d’Ivoire était de 50 m2. A Marrakech, il sera 150 m2. Ce qui témoigne des bonnes relations entre la Côte d’Ivoire et le royaume chérifien dont les stands sont contigus. A l’exception de l’Éthiopie qui bénéficie également de 150 m2, les pays du continent sont moins bien lotis. Le Sénégal (100 m2), l’Afrique du Sud (95 m2), le Gabon (78 m2), la Tunisie (70 m2)… La Banque africaine de développement (BAD) joue la carte de la promotion des 47 pays africains avec un stand de 1000 m2 histoire de donner un espace d’expression et de promotion à ceux qui auront des choses à montrer à la COP22.

Aristide Koné

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