L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Adama Bictogo le mal aimé ?

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A chaque semaine au pays des éléphants suffit son buzz. Après la semaine du Akoto Challenge, place au Bictogo Gate. L’homme d’affaire et politicien Adama Bictogo est au cœur des débats les plus enflammés en raison des marchés qu’il rafle ici et là. Si certains internautes estiment que l’ancien ministre a la carrure pour décrocher autant d’appels d’offre, une frange fait remarquer qu’il est plutôt un héros des marchés gré à gré.

Adama Bictogo se signale dans le milieu des affaires ces 15 dernières années avec SNEDAI , la Société nationale d’édition de documents administratifs et d’identification. L’entreprises se veut le leader des solutions d’identification et sécurisation des données. Au moment où sonne l’avènement du passeport et de la carte d’identité biométrique en Côte d’Ivoire, les ivoiriens craignent que le marché soit attribué à une entreprise étrangère. A la surprise générale, SNEDAI, alors en pleine gestation décroche le contrat ! Ce sacre devant des entreprises bien cotées à l’international fera couler quelques commentaires politiques. « Le président Gbagbo donne un marché à cadre influent du RDR », paradoxe dans une Côte d’Ivoire en pleine crise.

Propriété d’un cadre du RDR ou d’un pro-Ouattra, SNEDAI ne va pas regarder au nom de Bictogo. L’entreprise ne va pas décevoir dans la production du passeport biométrique et ses bons états de service vont déboucher sur le visa d’entrée. Une révolution en Afrique de l’ouest pour laquelle SNEDAI sera coptée au Mali puis au Sénégal. Alors que SNEDAI s’impose dans la sous-région, Côte d’Ivoire Fruits, une autre entreprise d’Adama Bictogo continue d’opérer et de prospérer dans le secteur du cacao en dépit d’un contentieux juridique relayé par La Lettre du Continent (n°743 du mercredi 14 décembre 2016).

Loin de s’arrêter en si bon chemin, SNEDAI et son partenaire turc se voient octroyer les travaux des jeux de la francophonie. Il s’agit notamment d’un bâtiment R2 sur une superficie de 3 ha. Ce bâtiment comprendra 2.000 chambres doubles et 100 chambres pour les personnes à mobilité réduite. Et quand le Gouvernement Ouattara annonce la fin du monopole de la SOTRA sur le transport lagunaire, qui se signale encore une fois ? Adama Bictogo ! La Société de transport lagunaire (STL) – sa nouvelle branche transport – a déjà une flotte de deux ferrys d’une capacité de 150 places chacun. Voici un parcours bien rempli en quelques années qui amène le curieux d’un jour à se poser deux questions. Adama Bictogo est-il le seul homme d’affaire compétitif en Côte d’Ivoire ? D’où lui vient cette baraka en affaire ?

Compétences VS soutiens politiques

Adama Bictogo ne l’a jamais caché : il revendique son appartenance au RDR d’Alassane Ouattara. D’ailleurs, il est député d’Agboville sous la bannière du RHDP et fut dans un passé récent ministre de l’Intégration africaine. Ces fonctions politiques ont-elles pu permettre à Adama Bictogo de décrocher des marchés ? Dans le milieu des passassions de marchés publics, le Chef de l’Etat fait-il pression pour que son camarade militant puisse obtenir gain de cause ? L’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (ANRMP) est sans doute la seule entité capable de répondre à ces préoccupations.

Pour ce qui est du débat sur « l’incroyable chance » d’Adama Bictogo en affaire, l’essentiel des commentaires ne sont que pures supputations. Très peu d’arguments étayés par de preuves concrètes viennent indiquer que les marchés raflés par Bictogo l’ont été de gré à gré. Tout semble se limiter à des accusations voilées et des concepts économiques sortis de leur contexte. Adama Bictogo siège-t-il dans une quelconque commission en charge de la gestion des marchés publics pour qu’on puisse parler de délit d’initié ? On finira par prêter une oreille attentive aux partisans d’Adama Bictogo qui estiment que les mauvais perdants à l’ANRMP sont ceux qui lancent chaque fois des OPA sur leur leader dans l’objectif de le salir.

Le niveau du débat dans l’affaire Bictogo semble bien bas ; tellement bas qu’il vire de façon pathétique à des invectives et accusations infondées. Pour relancer le débat et un vrai débat sur l’affaire Adama Bictogo retournons à l’essentiel avec une analyse à froid sur la base de certains éléments en guise d’arguments. Retrouvons ensemble les preuves que Bictogo a eu tous ses marchés sans appels d’offre, qu’il n’a pas les ressources humaines et matériels pour exécuter les marchés qu’il décroche, qu’il est plus homme politique que businessman, qu’il n’a aucun carnet d’adresse et seulement des appuis politiques. Avec de telles preuves le débat sera aux idées et non aux vaines accusations !

SUY Kahofi

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