Vincent Djiropo, gestionnaire de patrimoine et membre de la communauté Winnin a été arrêté ce 14 décembre 2024 et mis en garde à vue. Son seul crime, avoir dénoncé la présence de nudistes dans la forêt classé de Monogaga et refusé de céder face aux pressions du ministère des Eaux et Forêts dans le dossier obscur de la forêt classée de Monogaga.
Vincent Djiropo a été arrêté 24 heures après une réunion organisée le jeudi 12 décembre 2024 à la préfecture de San Pedro par le ministère des Eaux et Forêts. L’audition de Vincent Djiropo est prévue ce 16 décembre 2024. La procédure pour le réduire au silence avant est effectivement lancée.
Cette rencontre du 12 décembre voulue par le ministère des Eaux et Forêts fait suite à la publication par Eburnie Today et Micro Libre de deux enquêtes sur la forêt classée de Monogaga (ici et ici). La plus dérangeante des deux enquêtes est celle des nudistes de la forêt classée de Monogaga. Dans ces deux enquêtes les membres de la communauté Winnin ont dénoncé la présence de nudistes dans la forêt sous protection des forces de l’ordre. Plusieurs membres de la Rainbow Family ont séjourné dans la forêt pendant près d’un mois. Malgré les éléments de preuve fournis par le groupe d’enquêteurs, le gouvernement ivoirien continue de nier la présence de ces nudistes dont certains sont vertement gays.
Cependant, les critiques des Ivoiriens n’ont pas laissé ce gouvernement indifférent. Le ministre des Eaux et Forêts, Tchagba Laurent, a décidé de faire taire celui qu’il qualifie d’agitateur, de chef de file des opposants à la convention de concession pour l’aménagement de la forêt classée de Monogaga. Vincent Djiropo, présenté comme l’agitateur en chef et les opposants au projet ont été ouvertement menacés par Soro Doplé Claude, directeur de cabinet du ministère des Eaux et Forêts lors de la réunion du 12 décembre à San Pedro.
C’est lors de cette réunion justement que l’arrestation futur de Vincent Djiropo lui avait été annoncé en des termes à peine voilés. Depuis la signature de la convention entre le ministère des Eaux et Forêts et la Roots Wild Foundation de Bilal Hallal, le poison de la manipulation est en train de diviser la communauté Winnin. D’un côté ceux qui soutiennent le projet de la Roots Wild Foundation et de l’autre ceux – qui comme Vincent Djiropo – estiment qu’il y a une volonté du gouvernement de violer les droits de la communauté Winnin.
La réunion du jeudi 12 décembre placée sous surveillance de la gendarmerie de 10 h à 13 h a tourné à un exposé de menaces envers la communauté Winnin. Soro Doplé Claude, directeur de cabinet du ministère des Eaux et Forêts accompagné du Conseiller juridique du ministère sont allés jusqu’à traiter les Winnin d’illégaux dans une forêt où ils vivent depuis près de 6 siècles ! Désormais, la Roots Wild Foundation et Bilal Hallal sont devenus propriétaires des terres des Winnin et les membres de cette communauté sont les hors-la-loi qui occupent illégalement les terres du libanais !
La « la convention obscure de Monogaga » à laquelle s’oppose Vincent Djiropo implique des ministères, des chefs traditionnels locaux et Bilal Hallal qui s’est vu confié la reforestation (restauration) de près de 40.000 ha de terre représentant la forêt classée de Monogaga.
L’opérateur économique s’est assuré le soutien d’une frange de la population et s’appuie sur elle pour perturber le combat des Winnin. La forêt classée de Monogaga cédée pour une bouchée de pain à un opérateur économique libanais est un espace qui représente l’histoire, la culture et la spiritualité du peuple Winnin (groupe ethnique Krou).
Ce contrat obtenu sans appel d’offre pour un montant annoncé et non prouvé de 20 milliards de FCFA, s’il n’est revisité risque de plonger la communauté Winnin dans la précarité. Comme hier à Prikro, avec 11.000 hectares de terre cédés à l’entreprise belge CIAT, la gouvernent ivoirien est de nouveau sur le point de brader les terres d’une autre communauté à un opérateur économique et pousser les membres de cette même communauté à s’empoigner.
A lire sur l’accaparement de terre à Prikro 1, 2, 3
Vincent Djiropo, membre de la communauté Winnin qui s’oppose à ce funeste dessein du ministère des Eaux et Forêts est aujourd’hui en détention. L’agitateur qui dérange le ministre des Eaux et Forêts, Tchagba Laurent et la Roots Wild Foundation de Bilal Hallal doit être réduit au silence.
Alain Ahimou, Ebony T. Christian & Anderson Diédri
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