Amadé Ouérémi condamné à vie pour le massacre de Duékoué
« La terreur du mont Péko » ou « le boucher de Duékoué » a été condamné au terme d’un procès qui suscite des interrogations sur le rôle qu’a joué ce supplétif des FRCI dans le génocide dont il est accusé. Qui sont les hommes qui ont réellement téléguidé Amadé Ouérémi et pourquoi ne sont-ils jamais intervenus lors de ce procès ?
Selon les témoins qui se sont succédés à la barre, la tuerie de Duékoué qui a fait 817 morts en une journée selon la Croix-Rouge (300 selon l’ONU) est le fruit d’une opération planifiée et exécutée en connaissance de cause par Amadé Ouérémi. Les témoignages font état de meurtres de sang-froid sous fond de règlement de compte personnel ou politique selon son humeur. Une tuerie en règle qui a poussé l’accusation à parler de génocide, chose que la défense n’a pas nié mais qui suscite des interrogations.
« Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué. J’en suis désolée. Toutes les victimes qui ont défilé ici en ont marre, elles pleurent. Toutes ces victimes ont besoin de justice (…) Amadé dit qu’il a été trompé. Il a été instrumentalisé. Les victimes demeurent et les commanditaires demeurent » a indiqué Rosine Aka, avocate d’Amadé Ouérémi.
Si l’avocate parle également d’un procès inachevé c’est parce que l’ivoirien lambda se demande comment un prétendu réparateur de vélo a pu (tout seul) bâtir une mini-armée et commettre des crimes si bien planifiés sans être inquiété ? Où a-t-il dégoté armes, munitions, uniformes et soutien logistique lors de son opération à Duékoué ? Pourquoi les éléments de la forces Licornes et les casques bleus de l’ONUCI sont restés de marbre ? Ces questions resteront sans réponses puisque les barons de la rébellion et haut-gradés de l’actuelle armée ivoirienne que l’accusé a cité n’ont pas été entendus.
Il s’agit principalement de Karamoko Ouattara dit Coulibaly ou Coul de Kouibly et Losseni Fofana dit Loss (devenu colonel). Au cours des enquêtes préliminaires, ces hommes auraient prétendu ne pas connaître Amadé Ouérémi selon le président du tribunal, Charles Bini. Pourtant, Amadé Ouérémi a toujours indiqué agir sur instructions des seigneurs de guerre et patrons des FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) dirigée par Guillaume Soro.
Amadé Ouérémi va donc couler seul, condamné à la prison à perpétuité et reconnu coupable de plus d’une douzaine de chefs d’accusation dont crimes contre les populations, pillages, séquestrations, viols et appartenance à une bande armée…sans que jamais ses patrons et véritables commanditaires de la tuerie de Duékoué ne se soient présentés à la barre.
La rédaction
