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Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan

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Le gouvernement ivoirien s’est lancé dans une opération d’assainissement et de déguerpissement dans la ville d’Abidjan. Des casses qui ont conduit à la démolition de plusieurs quartiers de la capitale économique ivoirienne. Amnesty International a appelé mercredi les autorités ivoiriennes à « mettre immédiatement un terme aux expulsions forcées ».

Les bulldozers et autres engins de démolition sont passés dans différents quartiers du District Autonome d’Abidjan. Yopougon quartier Gesco, Attécoubé quartier Sebroko (Boribana) et le quartier d’Adjamé Village ont vu plusieurs habitations, lieux de cultes et commerces être démolis.

Le 23 février, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) de Côte d’Ivoire avait indiqué que les autorités ivoiriennes conduisaient des opérations de destructions « au mépris des droits fondamentaux des personnes impactées, qui sont privées du droit à un logement, du droit à la sécurité de leur personne et de leurs biens, du droit à la santé, du droit à un bien-être et du droit à l’éducation ».

Ces démolitions réalisées sans concertation des populations et sans leur consentement ont été dénoncées mercredi par l’ONG Amnesty International. Dans un communiqué dont Eburnie Today a eu copie, l’organisation qui est allée au contact des populations impactées a révélé que les personnes interrogées « ont déclaré qu’elles n’avaient pas été consultées sur les conditions des expulsions » ni « dûment informées du jour des démolitions ».

« Quelles que soient les raisons invoquées pour justifier ces destructions, les autorités ont clairement manqué à leurs obligations en matière de droits humains, notamment celles découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), tous deux ratifiés par la Côte d’Ivoire en 1992. Tous les résidents doivent être protégés contre les expulsions forcées » souligne Hervey Delmas Kokou, directeur exécutif d’Amnesty International Côte d’Ivoire.

Mr Kokou précise que les résidents « doivent être véritablement consultés et recevoir un préavis adéquat et raisonnable avant les démolitions. Ils doivent également recevoir une indemnisation préalable et équitable pour les pertes subies et bénéficier d’une solution de relogement adéquate si nécessaire ».

Amnesty International dénonce un usage excessif de la force lors des opérations d’assainissement et de déguerpissement. A titre d’exemple, dans le quartier d’Adjamé Village, des forces de l’ordre ont été déployés lors de la démolition du village en raison de l’hostilité des habitants. Plusieurs lanceurs d’alertes, des acteurs de la société civile et des médias ont noté la présence sur le terrain d’hommes en arme sans uniforme et de gros bras qui ont affronté des groupes jeunes riverains.

« Nous demandons aux autorités de mettre immédiatement un terme aux expulsions forcées à Abidjan pour prévenir toute violence et de veiller à ce que les personnes dont les droits ont été violés aient accès à la justice et à des voies de recours effectives. Nous leur demandons également de mener une enquête rapide et impartiale sur les allégations de recours excessif à la force, et de traduire en justice les personnes soupçonnées d’en être responsables », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Dans son communiqué, Amnesty International a souligné que les autorités ivoiriennes n’ont pas fait de commentaire concernant les conclusions de l’enquête réalisée à Abidjan. Notons que le 6 août, le président Alassane Ouattara avait souligné que dans la marche de la Côte d’Ivoire « vers le développement, les décisions parfois difficiles que nous avons à prendre peuvent provoquer des incompréhensions ou même de la colère ». Une colère des populations qui se justifie par la précarité dans laquelle elles se retrouvent après le passage des équipes de démolition.

Anderson Diédri

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