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Attentat de Grand Bassam : la Côte d’Ivoire a-t-elle tiré les vraies leçons ?

13 mars 2016 – 13 mars 2017, voici un an jour pour jour qu’un groupe d’individus armé ouvrait aveuglément le feu sur les habitués de la plage de Grand Bassam. Par cet acte, la Côte d’Ivoire faisait son entrée sur la liste des pays touchés par le terrorisme.

Dire que l’attentat terroriste de Grand Bassam a surpris les Ivoiriens serait pur mensonge. En effet, depuis le début de l’intervention de l’armée ivoirienne au Mali, les menaces envers la Côte d’Ivoire en « croisade » contre les saints appelés à mourir pour le prophète de l’islam et les croyants, n’ont cessé de pleuvoir. En janvier 2016, la cadence de ces menaces devenait quasi infernale. Des informations (fakes ou réelles) faisant état d’une frappe djihadiste sur Dakar et Abidjan circulaient via SMS et sur la toile jusqu’au dernier bien plus inquiétant que les autres. Ce message ventilé en grande pompe le 24 janvier en soirée indiquait qu’un message venu de l’Ambassade des USA à Abidjan mettait en garde les ressortissants américains contre une attaque terroriste imminente en Côte d’Ivoire. Dès le 26 janvier, le démenti prompt de l’Ambassade des USA, loin de rassurer, a fini par installer la psychose.

Pire, le déploiement d’homme en uniforme dans la ville d’Abidjan (fin janvier) et les patrouilles nocturnes renforcées ont commencé à inquiéter les ivoiriens. La frappe djihadiste était imminente…mais où et quand…chacun retenait son souffle…jusqu’au 13 mars 2016. 19 personnes sont mortes au cours de cette attaque revendiquée dans les heures qui suivent par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Pour certains observateurs, cet attentat qui est le premier de ce type en Côte d’Ivoire peut ne pas être le dernier. C’est un schéma classique des groupes terroristes de gangréner un pays par leur idéologie après un attentat.

Depuis l’attaque de Grand Bassam, l’enquête visant à capturer les auteurs de l’attentat est en cours. Kounta Dallah le cerveau de l’attaque est introuvable alors que des présumés seconds couteaux cueillent les premières condamnations. Les sergents Zanga Zoumana Coulibaly et Brice Touré (membre de la Garde Républicaine ivoirienne) ont été reconnus coupables de « violation de consignes » et « association de malfaiteurs » par le tribunal militaire et condamné chacun à 10 ans de prison. Leur seul délit, avoir rencontré Assane Barry, dit Sam, le chauffeur du chef des opérations djihadistes en terre ivoirienne. A ce jour plus d’une centaine de personnes ont été interpellée dans le cadre de l’enquête aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au Mali et au Burkina Faso.

Des arrestations en cascade, des interpellations, une traque au-delà des frontières ivoiriennes…mais la Côte d’Ivoire a-t-elle réellement emprunté le chemin visant à se protéger d’une autre attaque terroriste ? Sur la base de l’exemple français, algérien et tunisien, il est aisé de comprendre qu’au-delà d’une première attaque, l’objectif des groupes terroristes est de recruter au plan local. En d’autres termes, endoctriner les jeunes et faire d’eux des bombes humaines. Contre la radicalisation, aucune armée ne dispose d’armes efficaces de lutte. La seule méthode qui peut porter des fruits reste la sensibilisation des masses. Cette sensibilisation, contrairement aux idées reçues ne concerne pas seulement les mosquées, puisque l’amalgame entre islamisme radical et l’islam est toujours présent. De parfaits païens pour des raisons pécuniaires sont prêts à se sacrifier !

A la poursuite des djihadistes, les autorités ivoiriennes ont oublié de créer le cadre d’un dialogue national sur la question du terrorisme et surtout de lancer une vraie campagne de sensibilisation à destination des populations. Qui se radicalise en secret ? Qui sont ceux qui admirent les martyrs d’AQMI à Grand Bassam ? Quelle doit être l’action de la société civile, des leaders religieux, des jeunes et des femmes contre cette nouvelle menace sécuritaire ? Autant de questions qui depuis un an sont restées sans réponses.

SUY Kahofi

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