Société

Attentats de Grand-Bassam : où en est l’enquête ?

Il y a un an, la communication était tous azimuts. Le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko, le porte-parole du gouvernement Bruno Koné et le procureur de la république Richard Adou ont dressé un bilan de l’enquête sur les attentats terroristes de Grand-Bassam. Aujourd’hui, ce sont des annonces à minima. Décryptage.

Interrogé le 11 mars sur l’évolution de l’enquête sur les attentats terroristes de Grand-Bassam qui ont fait 19 morts le 13 mars 2016, le ministre de la promotion de la jeunesse et de l’emploi jeunes Sidi Touré avait annoncé :

« Je suis mal placé pour donner les résultats de cette enquête. Ce sera certainement mon collègue, le ministre de l’intérieur, qui donnera ce type d’information ».

Deux plus tard, le 13 mars 2018, à la cérémonie officielle de commémoration de l’an des attentats meurtriers, en présence de ses collègues Sidiki Diakité de l’intérieur et de la sécurité et Raymonde Goudou-Coffie de la santé, le ministre d’Etat, ministre de la défense Hamed Bakayoko a déclaré que l’enquête « a abouti à l’arrestation du principal commanditaire au Mali qui est aujourd’hui en prison ».

Généralement prolixe, celui qui était à l’époque des événements ministre de l’intérieur et de la sécurité l’est moins aujourd’hui : « le moment n’est pas approprié. Dans d’autres cadres, on pourra peut-être faire le point de l’enquête ». L’information est lâchée au compte-goutte.

Communication à minima

Pourtant, il y a un an, la posture des autorités était totalement différente. La communication était diffuse. « Ce qu’il faut noter c’est que l’enquête avance très bien », assurait avec enthousiasme Hamed Bakayoko le 13 mars 2017 à Grand-Bassam lors de la commémoration des attentats. Répondant volontiers aux questions des journalistes, il a expliqué avec force détails

« On pense que la dernière prise au Mali, celle de Mimi Ould Cheick, est une grosse prise. Il est le patron de Kounta Dallah, celui-ci était le logisticien qui est venu sur place. Mais le commanditaire, c’est-à-dire Mimi Ould Cheick, a été arrêté. Nous pensons que son interrogatoire va permettre de donner plus des éléments qui contribueront à arrêter Kounta Dallah ainsi que les autres personnes qui ont participé à la conception et à la mise en œuvre de cet attentat ».

De son côté, le procureur de la république, Richard Adou, soulignait également que l’objectif était de mettre la main sur le « planificateur » présumé des opérations à Abidjan. « Aujourd’hui, c’est vraiment Kounta Dallah qui est encore recherché. Sinon, même les autres qui n’ont pas été appréhendés, nous avons des informations qui nous permettront de remonter », affirmait-il.

Le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, quelques jours plutôt, a dressé le bilan de cette attaque terroriste. « Les enquêtes ont conduit aujourd’hui à l’arrestation de 38 personnes en tout, dont 26 en Côte d’Ivoire, 6 au Burkina-Faso, 4 au Mali et 2 récemment au Sénégal », a-t-il relevé le 8 mars 2017.

Kounta Dallah toujours en cavale

Mais où en est l’enquête aujourd’hui ? Le ministre Hamed Bakayoko a répété quasiment mot pour mot les propos qu’il a tenu il y a un an. Stratégie des autorités ? L’enquête est-elle au point mort ? Difficile d’y répondre clairement avec cette communication à minima.

  • A lire sur la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest

En tout cas, Mimi Ould Cheick, le commanditaire présumé des attentats, a été arrêté le 12 janvier 2017 par les militaires français dans le nord du Mali. Une « grosse prise », dont l’interrogatoire devait conduire à l’arrestation de Kounta Dallah, le chef présumé des opérations à Abidjan. Mais aujourd’hui, ce dernier, présenté comme l’homme le plus recherché dans le cadre de cette enquête, est toujours en cavale.

A ce jour, deux militaires ivoiriens ont été condamnés par le tribunal militaire d’Abidjan dans le cadre de cette affaire. Les sergents Zanga Zoumana Coulibaly et Brice Touré ont été reconnus coupables en août 2016 de « violation de consignes » et « association de malfaiteurs » pour avoir rencontré Assane Barry dit « Sam », l’un des suspects de l’attentat de Grand-Bassam.

Anderson Diédri

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