Fact checking

Attention à ces images d’attaque jihadiste au Niger

Ce 17 février 2023, des publications ont annoncé une attaque terroriste au Niger dont le bilan s’élève à plus de 71 morts. Une vidéo montrant des corps couverts par le drapeau du Niger accompagne ces publications. FAUX, ces images ne sont pas récentes : elles remontent à 2019.

Alors que la coopération militaire entre le Niger et la France ne souffre d’aucune contestation, une publication soutient que des éléments de l’armée française ont retourné leurs canons contre leurs homologues nigériens. Selon la page Les Réalité de la vie, les soldats nigériens ont été éliminés sur ordre de « l’Etat-major français de Barkhane« . « Les militaires nigériens auraient attrapé des djihadistes en complicité avec des soldats français et ils ont décidé de les ramener à Niamey pour montrer à la population » indique l’auteur de la publication.

La frappe contre l’armée du Niger en partance pour Niamey a été faite par « les forces spéciales françaises présentes dans le pays (…) pour camoufler l’identité des français attrapés qui sont en collaboration avec les djihadistes« . Le bilan de cette attaque serait de « 71 soldats brûlés, 26 soldats portés disparus, 16 soldats gravement blessés et une dizaine de véhicules des FDS brûlés ».

Dans un premier temps, il est important d’analyser les accusations portées contre « l’Etat-major français de Barkhane » au Niger. Entre 2013 et 2022, les forces armées françaises étaient engagées au Sahel dans le cadre des opérations Serval (2013-2014) et Barkhane (2014-2022). Cette opération n’existe plus au Sahel depuis novembre 2022. Il serait donc impossible que des forces spéciales françaises aient pu mener des frappes contre l’armée Nigérienne sur ordre d’un Etat-major qui n’existe plus.

La présence militaire française au Niger est surtout motivée par un « partenariat de combat« . Quelques 250 soldats français soutiennent l’armée du Niger dans le cadre de son opération militaire Almahaou dans la zone des ‘trois frontières’ fréquemment ciblée par les groupes armés.

Le deuxième élément à analyser est la vidéo qui accompagne la publication : ces images de corps couverts par le drapeau du Niger. Une recherche par image inversée via INVID nous permet de retrouver plusieurs articles partagés avec la même vidéo.

Capture d’écran Google Search effectuée le 17 février 2023

Tous ces articles parlent d’une attaque contre le camp militaire d’Inatès au Niger en décembre 2019. L’attaque revendiquée par le groupe Etat islamique a fait 71 morts et des disparus (Le Parisien, France Info, TV5). Ces images qui circulent sur la toile ne sont donc pas récentes même si le Niger a essuyé la semaine dernière une nouvelle attaque. Elle s’est produite le 10 février 2023 dans la localité d’Intagamey.

Traoré Bakary

Comments

comments

Eburnie Today

Share
Published by
Eburnie Today

Recent Posts

Le gouvernement ivoirien lance une campagne en ligne contre la désinformation

« En Ligne Tous Responsables » est l’initiative du gouvernement ivoirien lancée ce lundi 24 juin 2024…

8 heures ago

Modification de la loi sur la cybercriminalité au Niger : RSF alerte sur les risques pour les journalistes

Alors que le général Abdourahamane Tiani a signé une ordonnance modifiant la loi portant sur…

5 journées ago

FAUX : la France est toujours parmi les 10 premières économies mondiales en 2024

Plusieurs pages et comptes Facebook indiquent que la France ne figure plus parmi les dix…

1 semaine ago

Quand la porosité des frontières inquiète

Les pistes de contournement et le racket constituent de graves risques pour la Côte d’Ivoire…

2 semaines ago

Haro sur la loi liberticide en Côte d’Ivoire

Cinq organisations de la société civile ont publié un communiqué dans lequel ils s’insurgent contre…

2 semaines ago

La CPI n’a pas émis un mandat d’arrêt contre le premier ministre israélien

Plusieurs publications partagées sur Facebook indiquent que la Cour Pénale Internationale (CPI) a délivré ou…

1 mois ago