Société

Aux origines du libéralisme selon l’Afrique

« Comprendre le libéralisme et ses racines africaines », voici le thème de la deuxième Edition de l’Université Libérale d’Abidjan. La rencontre s’est tenue ce 10 octobre 2024 au Grand Hôtel Abidjan-Plateau sous la présidence de M. Sidi Tiémoko Touré, ministre des Ressources Animales et Halieutiques.

L’Université Libérale d’Abidjan est une initiative conjointe du Centre d’études prospectives (CEP) et de la Fondation Friedrich Naumann. Ce forum de dialogue politique a décidé d’explorer le libéralisme sous le prisme de sa conception et de son évolution sur le continent africain. Contrairement aux idées reçues, « le libéralisme n’est pas un concept importé en Afrique » et « il n’a pas une racine géographique figée » ont indiqué à l’unisson les experts qui sont intervenus lors des échanges.

Le libéralisme est africain et il englobe pour les africains des aspects politiques et économiques qui ont fait le socle des sociétés anté-coloniales. Ces sociétés libérales africaines ont garanti « la liberté de participer aux débats publics sous le modèle de l’arbre à palabres, la liberté d’entreprendre et d’avoir des propriétés, la garantie de droits fondamentaux comme ceux contenus dans la Charte du mandé » a rappelé Professeur Lognon Jean Louis, sociologue.

Il s’agit de modèles de gestion des sociétés ancestrales africaines qui peuvent encore servir aux pays africains aujourd’hui car ils ont jeté les bases de normes et de règles coutumières qui ont favorisé le dialogue, l’autonomisation du citoyen et la démocratie participative.

C’est justement pour illustrer les racines africaines du libéralisme qu’Alexandra Von Schumann-Heldt, Directrice Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann a cité le Professeur Mamadou Koulibaly lors de son discours.

L’économiste et enseignant-chercheur ivoirien a souligné qu’à « bien des points de vue, le libéralisme permettrait un retour aux racines de l’Afrique puisque les traditions reposaient sur une organisation spontanée des sociétés avec des sages médiateurs. Quant au libre-échange qui effraye tant, il existait jadis et n’était autre que ces caravanes qui traversaient le désert pour échanger des produits avec une monnaie dépourvue de régulation étatique mais reposant plutôt sur l’activité humaine, sur les échanges de produits dont le degré de rareté créait la valeur ».

Alexandra Von Schumann-Heldt, Directrice Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich Naumann

L’Afrique n’est donc pas invité à s’approprier le libéralisme comme un courant de pensée venu d’ailleurs qui lui était imposé. Le libéralisme existait déjà dans les sociétés africaines et il est temps de se le réapproprier à l’heure où la nécessité de moderniser les institutions pour une meilleure gouvernance s’impose à l’Afrique et à la Côte d’Ivoire.

C’est la raison pour laquelle M. Sidi Tiémoko Touré, ministre des Ressources Animales et Halieutiques avait déjà invité les participants à faire de la rentrée des libéraux une « occasion unique pour repenser les sociétés africaines précoloniales et la liberté des échanges commerciaux » car les « fondements négligés [du libéralisme en Afrique] représentent une base solide pour un renouveau libéral sur le continent ».

« L’héritage politique africain et gouvernance libérale moderne » puis « Traditions africaines et dynamisme économique : fondements du libéralisme entrepreneurial » sont les deux thèmes qui ont permis d’aborder plusieurs points qui pourraient contribuer au renouveau libéral africain. Les panélistes ont souligné la nécessité d’améliorer des aspects de la gouvernance comme la décentralisation, la gestion du foncier, l’entreprenariat local ou le dialogue citoyen.

Les propositions de changement faites par les panélistes sont toutes basées sur des normes africaines, le droit coutumier africains et les valeurs de liberté d’entreprendre garanties à chaque citoyen dans les sociétés traditionnelles africaines.

C’est justement cette notion de solutions africaines pour un renouveau libéral africain que Professeur Insiata Ouattara défend quand elle rappelle « la richesse de la sagesse africaine qui était le socle des sociétés précoloniales ». La présidente du réseau des Femmes Libérales a invité les participants à puiser dans les racines du libéralisme africain pour bâtir une Afrique économiquement et politiquement forte.

La rédaction

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