Economie

Blanchiment d’argent : l’immobilier et l’agriculture les plus touchés en Côte d’Ivoire

Le blanchiment d’argent prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire et touche particulièrement les secteurs de l’agriculture et de l’immobilier.

Deux secteurs sont les utilisés pour blanchir les capitaux : l’agriculture et l’immobilier. C’est ce qui ressort d’une recherche réalisée par l’ONG Sacial Justice sur le blanchiment des capitaux en Côte d’Ivoire. A l’occasion d’un atelier sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et la corruption organisé le 13 septembre 2018 à Abidjan par cette organisation, son président a annoncé la publication prochaine d’un rapport sur ce phénomène « préoccupant ».

« Selon ledit rapport, dans le contexte ivoirien, deux secteurs ont été clairement identifiés comme étant les plus utilisés pour blanchir les capitaux, à savoir : l’agriculture et l’immobilier. Ces secteurs qui connaissent une forte expansion ces dernières années, sont favorables à l’intégration des produits de la corruption dans le circuit économique légal », décrit Julien Tingain, président de Social Justice.

Il souligne que le domaine des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication se positionne comme un secteur « à risque » : « ce secteur reste pour le moment insuffisamment encadré et avec la prolifération des cybercafés, laisse prospérer certains actes d’escroqueries dont le plus connu des citoyens reste le phénomène dit de ‘Broutage’. La cybercriminalité, connait donc une croissance fulgurante et risque d’être un secteur fructueux à l’avenir et donc en proie au blanchiment de capitaux si des mesures idoines ne sont pas urgemment mises en œuvre ».

Le blanchiment de capitaux consiste à dissimuler l’origine, la propriété ou la destination de fonds acquis illégalement ou malhonnêtement afin de les introduire dans le circuit légal. La corruption alimente aussi le blanchiment de capitaux. En Côte d’Ivoire, le phénomène prend de l’ampleur. 53 dossiers portant sur plus de 10 milliards de francs Cfa ont été portés à la connaissance du parquet.

« Pour l’année 2018, nous sommes à 53 dossiers qui ont déjà été transmis au parquet et qui vont passer en jugement. En terme d’argent, nous sommes à 10 576 000 000 de francs pour les soupçons de blanchiment d’argent », explique Noël Adou, à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). La Cellule saisit le parquet après des enquêtes faites sur la base des déclarations d’opérations suspectes (DOS) qu’elle reçoit. Il observe qu’une seule « véritable condamnation » a déjà été enregistrée.

Les formulaires de déclarations d’opérations suspectes peuvent être renseignés en ligne par le public ou les établissements financiers. Au niveau des banques, il y a dispositif anti-blanchiment. Par la diligence raisonnée, celles-ci doivent s’assurer de l’origine légale des opérations de leurs clients. « Si le client n’a pas fourni les justificatifs de fonds, la banque fait une déclaration de soupçons à la CENTIF », explique Alain Badjé, de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (Apbef-CI).

Les présidents, ministres, hauts fonctionnaires… appelés personnes politiquement exposées sont considérés comme à « haut risque ». Ces derniers ont d’ailleurs l’obligation de déclarer leur patrimoine. Sur la base de dénonciations ou auto-saisine, la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG) mène des enquêtes et peut décider ensuite de saisir le parquet ou non.

« Sur les dossiers reçus, 83% ne concerne pas les faits de corruption. Sur les dossiers déjà examinés par le conseil (conflits sociaux…), il n’y a que 17% des faits de corruption », explique Akiapo Kouadjo, à la Haute autorité pour la bonne gouvernance.

Coulibaly Zana Ben, chargé du centre d’information du Groupe intergouvernemental d’actions contre le blanchiment de capitaux en Afrique de l’ouest (GIABA) à Abidjan, a pour sa part indiqué que le Giaba ne recueille pas les déclaration de soupçons. Son rôle est d’accompagner les Etats dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme par le renforcement des capacités.

Anderson Diédri 

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