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Bombardement de Bouaké : le parquet de Paris demande un procès aux assises

Le parquet de Paris a demandé ce 04 juillet un procès aux assises pour les pilotes présumés impliqués dans le bombardement du camp français Descartes à Bouaké. Cette requête intervient après 14 ans d’enquête sur une attaque qui a entraîné un gel des relations entre Abidjan et Paris.

Ce procès aux assises vise trois personnes impliquées dans les combats de Bouaké lors du déclenchement de l’opération César – rebaptisée Dignité par la rue – et qui visait, selon le Président Gbagbo, « à frapper la rébellion afin qu’elle revienne à la table des négociations avec moins d’arrogance ».

Ces trois personnes sont un ex-mercenaire bélarusse, Yury Sushkin et deux officiers ivoiriens, Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy. Tous trois visés par un mandat d’arrêt, ils sont accusés d’avoir tué neuf militaires français et donc poursuivis pour assassinats, tentatives d’assassinats et destructions de biens. Les trois hommes sont soupçonnés d’avoir piloté ou copiloté les deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes qui ont mené les bombardements sur la ville de Bouaké le 6 novembre 2004.

Le bombardement du camp Descartes de Bouaké remonte à 2004. L’armée ivoirienne s’est dotée à cette époque d’un important appui aérien composé d’avions et d’hélicoptères de combats. Cette supériorité va redonner aux troupes fidèles à Laurent Gbagbo les moyens de faire plier le conflit et de mettre fin à l’occupation du nord par la rébellion dirigée par Guillaume Soro.

Après avoir informé la France et les Nations Unies, le Président ivoirien ordonne une opération militaire contre les rebelles dont le fief était Bouaké. Mais dans des conditions encore troubles, des roquettes vont atterrir sur le camp de l’armée française. Neuf militaires français et un civil américain sont tués ainsi que 38 soldats blessés.

L’armée française, alors déployée en interposition sous la bannière des Nations Unies va riposter en détruisant l’aviation ivoirienne. Cet acte qui va provoquer une vague de manifestations antifrançaises est considérée à l’époque par la majorité présidentielle comme le symbole de l’appui de la France à la rébellion. Selon les investigations menées par la France, l’attaque était « concertée et totalement préméditée » mais l’armée ivoirienne s’est toujours défendu d’avoir tiré sur le camp.

D’autres questions restent en suspens notamment sur le silence des autorités françaises, l’absence d’autopsie après l’attaque et le manque de rapports balistiques qui auraient pu couper court à toutes les supputations. La France avait eu entre ses mains les pilotes et le personnel au sol qui s’occupait des appareils aussi bien à Abidjan que via son ambassade au Togo…mais rien n’a été fait à l’époque !

Quelle est donc la responsabilité des ministres français Michèle Alliot-Marie (défense), Dominique de Villepin (intérieur) et Michel Barnier (affaires étrangères) dans l’attaque de Bouaké ? Pourquoi une inaction de la part du haut-commandement de l’armée française et du Gouvernement Chirac ?

« C’est grâce à l’acharnement des parties civiles que ce dossier est sur le point d’aboutir », se félicite l’avocat de la plupart des victimes ou de parents de victimes, Me Jean Balan, également satisfait de voir que le réquisitoire « vise précisément les ministres ».

« François Molins, s’il est nommé procureur près la Cour de cassation, n’aura pas d’autre choix que de saisir la commission des requêtes de la CJR », espère-t-il. Il revient désormais à la juge d’instruction de décider d’un éventuel renvoi aux assises des pilotes de chasse.

14 ans après les faits, l’ouverture de ce procès aux assises pourrait être une porte qui s’ouvre enfin sur la vérité. Le bombardement du camp Descartes de Bouaké a été considéré en 2004 comme l’attaque la plus meurtrières visant les troupes françaises engagées sous la bannière des Nations Unies après l’attentat du drakkar au Liban.

Ebony T. Christian

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