Après la série ‘Invisibles’, le réalisateur Alex Ogou fait de nouveau parler de lui à travers le film ‘Cacao’ qui sera diffusée sur Canal+ en Afrique en juin et juillet. Le film se veut aussi proche de la réalité d’une filière vitale dans l’économie de certains pays africains et le tourner en Côte d’Ivoire prend tout son sens ; le pays étant le premier pays producteur des fèves brunes.
Contrairement à ‘Invisibles’ – film qui se penche sur le sort des enfants en conflit avec la loi communément appelés microbes – avec des acteurs majoritairement amateurs, Alex Ogou et son équipe de production ont misé sur casting de pro du cinéma africain pour mettre en scène les micmacs d’une filière qui représente des milliards de dollar par an.
Ainsi dans cette production cinématographique que certains ivoiriens qualifient « de concurrente aux créations de Nollywood » on retrouve les très célèbres Evelyne Ily, Naky Sy Savane, Serge Abessolo ou Fargass Assandé aux côtés de jeunes étoiles comme le mannequin Fate Touré ou le jeune réalisateur Olivier Kissita autour d’une trame : le Far-West de la boucle du Cacao. « Deux familles se font une lutte impitoyable pour le contrôle du marché et des paysans », indique le réalisateur Alex Ogou.
Il a fallu 18 mois de production, 8 mois de tournage, 70 comédiens, 90 décors et près de 1.000 personnes mobilisées pour livrer le film. Les équipes ont filmé à Abidjan, au grand port cacaoyer de San Pedro, mais aussi en brousse, au cœur de la ‘boucle du cacao’, dans l’ouest ivoirien. « Le film me fait penser à la production Jacob Cross où des membres d’une même famille se battent pour l’héritage » indique un journaliste culturel ivoirien. La ressemblance pourrait s’arrêter là sauf que le pétrole nigérian de la famille Abayomi a été remplacé par le cacao ivoirien avec ses réalités.
« C’est un milieu de requins mais ce sont des thématiques qu’on trouve ailleurs où la richesse naturelle attire des prédateurs. Des personnes peu scrupuleuses vont profiter de la faiblesse ou de l’isolement en brousse. Mais on se rend surtout compte que la richesse ne revient pas aux cultivateurs » analyse Alex Ogou qui s’est voulu très réaliste dans son rendu en exploitant justement toutes les plaies attribuées au cacao de la destruction des forêts sacrées à la violence de certains intermédiaires en passant par le non-respect du prix bord champ fixé par l’Etat aux paysans.
La Côte d’Ivoire est de plus en plus fière d’Alex Ogou et de sa capacité à vendre sa patrie à travers ses films. Sa manière de présenter la Côte d’Ivoire sans tricher ni artifices (en bien ou en mal) contribue à extérioriser le potentiel cinématographique du pays non pas seulement au niveau des acteurs mais aussi et surtout au niveau des possibles espaces de tournages que peut offrir le pays.
Anderson Diédri
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