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Ces vidéos n’ont aucun lien avec l’exécution de jeunes délinquants en RDC

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Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux sont inondés de publications indiquant que le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a décidé d’appliquer la peine de mort aux jeunes délinquants appelés Kuluna. Ces jeunes délinquants mineurs sont l’équivalent des microbes (enfants en conflit avec la loi) en Côte d’Ivoire. C’est dans ce contexte que différentes vidéos censées montrer le résultat de l’exécution des Kuluna en RDC ont été partagées sur les réseaux sociaux. Attention, les vidéos partagées n’ont aucun lien avec les Kuluna.

Les trois vidéos identifiées sur Facebook par Eburnie Today montrent des cercueils censés être ceux de jeunes délinquants appelés Kuluna en RDC. Les Kuluna sont des gangs de jeunes criminels à Kinshasa composés majoritairement de jeunes garçons/hommes âgés de 12 à 25 ans.

Depuis le début de l’année 2025, plusieurs médias ont relayé des informations indiquant qu’une centaine de jeunes délinquants ont été condamnés à mort en première instance (BBC, RFI, Slate, La Croix).

Pour certains comptes et pages Facebook, les premières exécutions de Kuluna ont déjà eu lieu en témoigne ces vidéos (vidéo 1, vidéo 2, vidéo 3) qui cumulent des milliers de vues (liens archivés 1, 2, 3). Les chiffres de 170 et 250 jeunes exécutés accompagnent ces différentes vidéos.

Afin de savoir si ces vidéos sont en lien avec l’exécution de jeunes délinquants, nous effectuons une recherche par image inversée en utilisant InVID-WeVerify. Les résultats suggérés par cet outil de vérification nous permettent de constater que ces vidéos ont été filmées lors de deux évènements relatifs à des inhumations collectives.

La première vidéo est relative à l’enterrement de 50 civils tués lors d’une manifestation contre la présence de l’ONU en RDC. La manifestation a été violemment réprimée par des militaires congolais comme le relate Africanews dans cet article.

La vidéo intégrée dans l’article est un reportage de l’Agence France Presse (AFP). Dans cette vidéo nous retrouvons les mêmes séquences d’image présentées à tort comme étant celles des cercueils des Kuluna. L’extrait de 34 secondes montre une rangée de cercueils blancs visiblement protégés par des personnes portant des chasubles jaunes.

A deuxième vidéo de 2 mn 16 s montrant un camion transportant des cercueils couverts de draps blancs n’a également aucun lien avec les Kuluna. Plusieurs médias locaux en RDC comme HORIZON2023TV sur YouTube ont partagé des images similaires.

Capture d’écran Facebook effectuée le 22 janvier 2025

Le même camion transportant les cercueils dans la vidéo virale sur Facebook est le même visible dans la vidéo YouTube. La vidéo fait référence 200 réfugiés tués dans l’Est de la RDC et inhumés le 2 septembre 2024 au cimetière du Genocost. Le gouvernement congolais a accusé des soldats rwandais d’être les auteurs de ce massacre (1, 2, 3).

Capture d’écran Facebook effectuée le 22 janvier 2025

En ce qui concerne la troisième vidéo, il s’agit d’images relatives à la même cérémonie d’inhumations collectives de 200 réfugiés tués dans l’Est de la RDC. On retrouve dans différents articles les mêmes images de cercueils blancs.

Capture d’écran Google effectuée le 22 janvier 2025

Les gangs criminels organisés baptisés les kuluna sévissent en RDC depuis plusieurs décennies. Vols, braquages, amputations, viols et bagarres contre des gangs rivaux sont à mettre à leur actif. Durant l’année 2024, la violence de leurs crimes a poussé les autorités congolaises à lancer une vaste opération visant à les freiner.

En décembre 2024, plusieurs jeunes délinquants kuluna ont été condamnés à la peine de mort, une décision rendue possible en raison de la levée du moratoire sur l’exécution de la peine de mort en vigueur en RDC depuis 2003.

La coalition congolaise contre la peine de mort, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et le FIACAT, la Fédération internationale des Actions chrétiennes pour l’abolition de la torture, ont lancé une pétition contre la reprise des exécutions.

Traoré Bakary

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