La Cour suprême de Côte d’Ivoire a rendu son verdict dans le dossier du contentieux électoral dans la cité balnéaire de Grand Bassam et le quartier de Port-Bouët dans le sud d’Abidjan. La coalition au pouvoir (RHDP) et le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire).
Le président de la chambre administrative de la Cour suprême, Pierre Claver Kobo, a annoncé à l’audience du 23 janvier que la requête en annulation du candidat de l’opposition Georges Ezaley (PDCI) était « rejetée », validant ainsi la victoire de Jean-Louis Moulot (RHDP), proclamée par la Commission électorale le 17 décembre. La victoire du candidat du parti présidentiel a été validée, malgré le saccage de plusieurs bureaux de vote. Le précédent scrutin municipal du 13 octobre avait été annulé par la Cour suprême, déjà en raison de violences.
« Nous statuons sur la base d’arguments juridiques, pas politiques », a assuré Pierre Claver Kobo, déplorant que les arrêts de la Cour aient « quelquefois provoqué la hargne de quelques politiciens et pseudo-juristes ».
Grand-Bassam, localité situé à 30 km d’Abidjan la capitale économique ivoirienne, avait été le théâtre d’importantes violences lors du scrutin du 16 décembre. Le jour du vote, un commando d’une vingtaine d’hommes armés non-identifiés avait attaqué plusieurs bureaux de vote favorables au candidat de l’opposition et détruit des dizaines d’urnes. Les forces de l’ordre, pourtant déployées en grand nombre, étaient restées étrangement passives !
Selon les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI) le 17 décembre, M. Moulot, du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) avait remporté l’élection avec 51,91% des suffrages, contre le maire sortant Georges Ezaley (45,72%) du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition).
Commentant la décision, Me Tompieu Messan, l’avocat de M. Ezaley, a relevé que « les voix de 6.700 électeurs » n’avaient « pas été prises en compte », alors que Jean-Louis Moulot ne l’a emporté qu’avec un millier de voix d’avance, sur un total de 16.000 votants. Pour Port-Bouët où l’élection était aussi rejouée, la Cour suprême a rejeté la requête du candidat du pouvoir, le ministre du Tourisme Siandou Fofana, validant ainsi l’élection du candidat PDCI Sylvestre Emmou. Ce dernier l’avait largement emporté, par 62,65% contre 33,61%, selon la CEI.
La décision de la Cour n’est pas susceptible d’appel, selon Me Messan, qui a néanmoins assuré qu’il allait « étudier toutes les voies de recours juridiques possibles ». Anciens alliés, le RHDP du président Alassane Ouattara et le PDCI, dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié, sont désormais à couteaux tirés. Ces dernières élections locales ont confirmé cette mésentente et « n’envisage rien de bon pour l’élection présidentielle de 2020 » souligne une voix de la société civile ivoirienne.
Ebony T. Christian
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