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Coronavirus : quand WhatsApp se joue du confinement

Après 45 jours de sondage auprès d’utilisateurs réguliers d’internet, Eburnie Today rend disponible son observation sur les usages et habitudes en ligne qui ont évolué ou qui se sont adaptés à la situation du Covid-19.

La maladie à coronavirus Covid-19 provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2 est apparue le 17 novembre 2019 dans la ville de Wuhan en Chine Centrale. L’épicentre de cette maladie infectieuse émergente serait un marché où l’on réalisait du négoce d’espèces exotiques et d’animaux sauvages. Le Covid-19 est classé dans la catégorie des maladies émergentes. Il s’agit d’un groupe de maladies ayant quatre définitions possibles ou pouvant même être caractérisés par les quatre définitions suivantes :

1 – la maladie est provoquée par un nouvel agent infectieux

2 – l’identification de la maladie est récente et fait appelle à de nouvelles techniques et disciplines médicales

3 – l’agent infectieux de la maladie a muté ou subi une modification (manipulation génétique volontaire ou involontaire) la rendant plus résistant aux traitements existants

4 – la maladie oubliée ou présumé éradiquée refait surface.

Le ‘nouveau virus de Chine’, qui se manifestant à travers des symptômes identiques à ceux de la grippe va rapidement toucher le monde entier créant une situation de panique face au nombre inquiétant de nouveaux cas et surtout de morts d’abord en Chine puis en Europe notamment en Italie et en Espagne puis les Etats Unis avec plus de 100 000 morts pour 1,69 million de cas confirmés (30% du total mondial). Le 12 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare que la maladie est désormais une pandémie près de deux mois après que les autorités chinoises ont partagé la séquence génétique du SARS-CoV-2 (11 janvier 2020). Les gouvernements sont invités à renforcer les mesures de prévention et de prise en charge des malades.

« Je serai clair : la qualification de pandémie ne signifie pas que les pays doivent baisser les bras. L’idée que les pays doivent passer du confinement à l’atténuation est fausse et dangereuse » soulignait docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Les mesures de prévention utilisées par plusieurs pays incluent le lavage régulier des mains, l’interdiction des accolades et poignées de mains, la fin des rassemblements de masse, la distanciation sociale ou physique, le couvre-feu nocturne, la quarantaine et le confinement. Ces deux dernières mesures vont accentuer l’éloignement social et obliger les uns et les autres à se rabattre sur des outils en ligne qu’Eburnie Today qualifie dans cette brève enquête d’outils de socialisation dématérialisés. L’enquête basée sur un échantillon de 513 personnes a débuté autour du 15 mars et a pris fin le 30 avril 2020. Les techniques de sondage et de collecte des données sont essentiellement des micro-questionnaires adressés par messagerie privée sur Messenger, WhatsApp et surtout un nombre important d’appels téléphoniques, une nouvelle technique expérimentée par la rédaction.

Cette technique a surtout permis d’avoir des explications plus poussées en ce qui concerne le choix des internautes pour les différentes applications. Il ressort du sondage que sur leurs smartphones, les ivoiriens interrogés utilisent régulièrement cinq (5) applications qui sont – en termes d’importance – WhatsApp, Facebook, Facebook Messenger, les navigateurs et les applications de jeux.

Profils des utilisateurs interrogés

WhatsApp s’impose naturellement

Le nombre d’utilisateurs de cette application est en constante hausse dans le monde en témoigne les plus de 40 milliards de messages échangés sur WhatsApp chaque jour. Et la Côte d’Ivoire n’est pas une exception car sur les 513 personnes interrogées environ 35% ont indiqué avoir installé l’application il y a un peu moins de 5 mois. Un peu plus de 46% avaient déjà l’application au-delà de 12 mois. WhatsApp devient populaire en raison de son utilisation plutôt facile. Pour de nombreux utilisateurs, il a été un moyen de rester en contact avec leurs familles, de s’informer et de partager des informations (contenus créés ou relayés). Des groupes réunissant des membres d’une même famille ont été créés pour faciliter la prise de contact quotidienne et prendre des nouvelles des autres. Les utilisateurs de WhatsApp ont aussi noté une prolifération des groupes sensés donner des informations sur la pandémie du Covid-19.

« On vous ajoute à des groupes dont vous ne connaissez même pas les administrateurs » nous dit K.L qui souligne que si sur Facebook on vous envoie « poliment une demande pour un groupe x ou y, sur WhatsApp on vous ajoute. A vous de rester ou de partir ». Et comme l’information est devenue une denrée très prisée en cette période de Covid-19, nombreux sont ceux qui sont restés dans différents groupes pour parcourir au quotidien un flux important d’informations sur le coronavirus aussi bien sur la Côte d’Ivoire que dans le reste du monde. Cependant, 85% des personnes interrogées indiquent qu’elles tentent de vérifier les informations reçues sur WhatsApp via d’autres sources comme le point hebdomadaire des autorités ivoiriennes sur le Covid-19, les éditions du journal télévisé (RTI 1, France 24, TV5 Afrique…), les informations sur internet (moteur de recherche) et d’autres personnes de leur entourage.

L’incontournable Facebook

Le premier réflexe de 100% des personnes ayant participé au sondage en ce qui concerne leurs usages des médias sociaux est de se rendre chaque jour sur Facebook « pour voir ce qui s’y raconte et ce qui fait l’actualité ». Elles parcourent leurs fils d’actualité pour s’informer en cliquant sur des liens partagés par leurs amis ou encore ceux disponibles dans les groupes où ils sont présents. A ce niveau, 72% estiment avoir accepté une invitation à rejoindre un groupe dédié aux informations sur le coronavirus ou de façon plus générale sur la santé. L’actualité du Covid-19 a imposé ce choix à de nombreux internautes sur plusieurs réseaux sociaux.

Mais comment savoir où se trouve la bonne information dans ce flux sans cesse continuel d’informations reçues ? A force d’être présents sur les réseaux sociaux, le réflexe visant à recouper l’information est devenue une norme pour 81% des personnes interrogées qui reconnaissent que « même si Facebook est un espace pour s’informer, on y trouve de bonnes comme de mauvaises informations ». Elles comparent donc les informations qu’elles lisent avec d’autres sources généralement les médias mainstream ou des sites d’information en ligne qu’elles jugent crédibles.

On se partage tout via Messenger

Facebook et son Messenger sont devenus indissociables sur de nombreux smartphones. On se parle via Messenger (Tchat) mais on y reçoit un nombre important de messages divers. Il s’agit à 48% de liens d’articles ou de posts Facebook, 36% de vidéo et d’audio pour 16% de visuel ou photo. « La question qu’on se pose c’est surtout de savoir d’où viennent ces contenus, qui les a créés et à quelles fins ? » se demande Y. M. Si d’une façon ou d’une autres certains internautes arrivent démêler le vrai du faux concernant les informations qu’ils reçoivent, avec les images et les vidéos le fact-checking du commun des mortels devient plus compliqué. Savoir si une vidéo ou une photo n’est pas manipulée ou sortie de son contexte est un exercice plus complexe.

Cela concerne aussi bien les informations relatives au Covid-19 mais aussi à l’actualité de tous les jours. Aussi 72% des personnes interrogées indiquent qu’elles ne partagent pas un contenu reçu dont elles ne sont pas sûres de la véracité et l’origine. 57% reconnaissent ne partager que des vidéos et visuels drôles ou des séquences vidéos d’humour « pour se détendre et amuser les autres en cette période d’isolement et de crainte ». Le flux d’information souvent contradictoires sur les réseaux sociaux a tendance à installer un sentiment de peur ou de révolte notamment celles émanent de sites conspirationnistes relayant des thèses du ‘cobaye africain’ testant le vaccin du laboratoire appartenant aux ‘blancs’.

Les navigateurs oubliés

On a souvent tendance à les oublier : les navigateurs. Sans le savoir, on les utilise bien plus que de nombreuses autres applications sur nos smartphones. Lorsque nous voyons une information qui nous intéresse sur un réseau social et que nous cliquons sur le lien c’est bien une autre application (un navigateur) qui s’ouvre et qui ‘ouvre’ l’information demandée. Très peu de personne y prête réellement attention mais nous sollicitons quotidiennement, voir pour chaque moment de présence sur internet nos navigateurs. Cela est encore plus vrai à un moment où la recherche de l’information sur le coronavirus devient obsessionnelle.

Deux principaux types d’usage se dessinent autour des navigateurs : sollicités depuis un réseau social et ouvert directement pour une utilisation (recherche, accéder à un site web…). Sur leurs smartphones, 76% des utilisateurs sont plutôt dans la tendance qui consiste à solliciter le navigateur depuis un réseau social et 24% cumulent les deux principaux types d’usage. Concernant les navigateurs les plus utilisés, Chrome de Google et Firefox de Mozilla Fondation arrivent en tête suivis par les navigateurs par défaut installés par les entreprises du secteur des smartphones.

Les applications de jeux : les trompes ennuis

La période du confinement et du couvre-feu a favorisé un certain engouement autour des applications de jeu. De nombreuses publicités faisant leur promotion ont commencé à pulluler sur internet et en particulier sur les médias sociaux. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le nombre d’ivoiriens ayant installés des applications de jeu sur leurs smartphones est en hausse. Les jeux d’arcade comme Candy Crush Saga ou Farm Hero Saga sont toujours populaires avec une tendance de plus en plus prononcée pour des jeux de gestion comme The Sims ou le très célèbre Coin Master. Parmi les jeux de réflexion et stratégie, c’est le traditionnel jeu de Ludo qui s’attire plus d’adeptes grâce à son accès gratuit sur Facebook.

Durant cette période de confinement et d’isolement d’autres applications se sont également montrées utiles pour les internautes. Parmi elles figure en pole position l’application Zoom suivie de Tik Tok. Zoom rassemble essentiellement des utilisateurs ayant un usage plus régulier des outils de communication en ligne. Une frange importante souligne que l’application installée à la fois sur PC et smartphone est utilisée dans le cadre professionnel pour le télétravail, les entretiens d’embauche, les conférences ou les besoins de formation en ligne. Notons qu’au fil du temps l’application Twitter reste très élitiste et ne concerne qu’une poignée d’ivoiriens interrogés.

SUY Kahofi, Anderson Diédri & Traoré Bakhary

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