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Côte d’Ivoire : 60% des peintures dangereuses pour la santé

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L’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement a présenté ce mercredi 28 juin 2017 à Cocody le rapport de son étude sur la teneur du plomb dans les peintures vendues en Côte d’Ivoire. Le constat est alarmant !

Une grande quantité des peintures commercialisée en Côte d’Ivoire représente un danger pour la santé, particulièrement pour les enfants. Lors de la présentation du rapport de l’étude sur la teneur en plomb des peintures à usage décoratif vendus sur le marché ivoirien, Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE) Côte d’Ivoire a tiré la sonnette d’alarme. L’ONG constate que ces peintures contiennent de fortes concentrations en plomb, qui inhalé « présente des dangers pour la santé humaine », a souligné Dominique Kpokro Bally, membre de l’équipe de mission de l’organisation.

Les résultats de cette seconde étude, après celle de 2015, menée par JVE dans le cadre du projet africain d’élimination des peintures au plomb qui s’est déroulé simultanément dans quatre pays africains (Cote d’Ivoire, Tanzanie, Éthiopie, Cameroun), sont alarmants. « Plus de 67% de nos peintures contiennent de fortes concentrations en plomb », révèle Dominique Bally, coordonnateur du projet africain d’élimination des peintures au plomb, qui a présenté ces résultats.

En effet, dans le cadre de ce projet financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), 51 pots de peinture (43 à base de solvant ou à huile et 8 anticorrosive) ont été prélevés par JVE CI sur la période de janvier à avril 2017 et analysés dans un laboratoire aux États-Unis, avec l’appui de son partenaire IPEN.

La norme standard au niveau international est de 90 partie par million (ppm), même si certains pays admettent 600 ppm. Une mesure qui donne la quantité de plomb en milligrammes dans un kilogramme sec de peinture. Mais en Côte d’Ivoire, ces seuils sont largement dépassés par certains fabricants de peintures comme le démontre cette étude.

Les bons et les mauvais élèves

Au niveau des peintures à base de solvant, le fabricant DROCOLOR figure parmi les moins exemplaires. 67% de ses peintures de marque Autolac ont des concentrations en plomb supérieures à 90 ppm et 33% supérieures à 10 000 ppm, avec des concentrations maximales de 190 000 ppm. Concernant la marque Topline, 80% ont des teneurs en plomb supérieures à 90 ppm et 600 ppm et 40% supérieures à 10 000 ppm. 67% des peintures de marque Ultralac, ont des teneurs supérieures à 90 ppm et 33% supérieures à 600 ppm et 10 000 ppm, avec des concentrations maximales qui atteignent 84 000 ppm.

Concernant le fabricant INDUSTRAP, ses peintures de marques Delux et Trapline ne respectent pas les seuils de 90 ppm et 600 ppm, atteignant respectivement 67% et 33% des concentrations supérieures à 10 000 ppm. Au niveau du fabricant SNPC, ses marques Email Brillant, Kimiline et Kimimat ont des teneurs en plomb qui varient entre 1 500 ppm et 20 000 ppm, donc largement au-dessus des normes.

Mais certains Fabricants font des efforts pour respecter les normes. IPL SEIGNEURIE (à travers ses marques Eurekalac et Pantinox) et TISA (avec ses marques Ikarlac, Ikarsatin et Jaline) mettent sur le marché des peintures qui ont des teneurs en plomb qui ne dépassent pas 90 ppm et 600 ppm. Ces fabricants sont donc des modèles à suivre.

S’agissant des peintures anticorrosive (antirouille), 50% chez DROCOLOR ont des teneurs en plomb supérieures à 90 ppm, avec des maximums de 250 ppm. Chez INDUSTRAP, les concentrations varient entre 1 500 et 9 900 ppm. Le fabricant SNPC ne respecte pas la norme de 90 ppm. 67% de ses peintures ont des concentrations qui dépassent 600 ppm et 33% supérieures à 10 000 ppm, avec des teneurs maximales inquiétantes qui atteignent 470 000 ppm. Là encore, IPL SEIGNEURIE se distingue des autres fabricants puisque ses peintures respectent les normes.

Cette étude montre aussi que les peintures de couleur jaune sont les plus chargées en teneur en plomb.

Eliminer le plomb dans la peinture

Le Dr Gustave Aboa, représentant la ministre de la Salubrité, de l’environnement et du développement durable Anne Désirée Ouloto, a félicité Jeunes volontaires pour l’environnement pour le travail effectué.

« Merci à toute l’équipe au nom de Madame la ministre. Vous avez su mettre en œuvre une des recommandations de la SAICOM qui vise à éliminer tous les produits chimiques dangereux », s’est réjoui le directeur général de l’environnement et du développement durable. La SAICOM, c’est l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques.

Il a invité les fabricants à revoir les teneurs en plomb dans les peintures et aussi exhorté les populations à la vigilance.

« Je pense qu’en tant que consommateur, on peut amener les producteurs aussi à s’engager dans la production de peintures sans plomb et tout le monde y gagne, autant pour la santé humaine, autant pour l’environnement, autant aussi pour la lutte contre le changement climatique qui est une menace à prendre au sérieux », interpelle le Dr Gustave Aboa.

Pour Charles Baimey, directeur exécutif de Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE) Côte d’Ivoire, ce projet qui s’achève après 30 mois de mise en œuvre a permis de mener une « campagne d’études, de plaidoyer dans le sens de l’amélioration des peintures vendues dans nos différents pays ». Il a invité les participants à cet atelier (industriels, administrations, société civile, médias) à réfléchir aux actions à mener pour l’élimination du plomb dans la peinture. « Nous allons ensemble prendre des décisions pour la suite », a indiqué Charles Baimey.

L’ONG JVE a fait des recommandations. L’organisation plaide pour l’actualisation de la réglementation, l’établissement d’une nome (90 ppm) et la prise de disposition pour son application et enfin l’étiquetage des peintures. Car, observe Dominique Bally, « le plus inquiétant c’est que le public n’a pas connaissance du problème et ne peut pas être sûr que le produit qu’il achète est sain ».

Des travaux en groupes ont aussi permis de réfléchir sur des stratégies à adopter et des solutions pour faire face à cette problématique de manière durable.

Anderson Diédri

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