Photo DR (CEI officielle)
Alassane Ouattara, Adjoua Henriette Lagou, Sénin Ahoua Jacob Don-Mello, Jean-Louis Billon et Ehivet Simone Gbagbo seront en course pour la magistrature suprême le 25 octobre prochain. Qui sont ces hommes et ces femmes qui veulent diriger la Côte d’Ivoire ?
Anderson Diedri et Bakary Traoré, Eburnie Today
Sur les 60 dossiers de candidatures transmis par la Commission électorale indépendante (CEI) au Conseil Constitutionnel, cinq ont été validés après examen. La décision a été rendue le 8 septembre 2025 par la présidente de l’institution, Chantal Nanaba Camara.
Simone Gbagbo est née le 1er janvier 1949 à Moossou, Grand-Bassam. Historienne de formation, elle est titulaire d’un doctorat de troisième cycle en littérature orale et a mené des recherches en linguistique appliquée. Très tôt engagée, elle milite dans des organisations de jeunesse, notamment la Jeunesse Estudiantine Catholique (JEC). Dans les années 1970, alors que la Côte d’Ivoire est dirigée par le président Félix Houphouët-Boigny, elle se distingue dans le milieu syndical. Son engagement la conduit en prison à plusieurs reprises, notamment en 1982 lors d’une grève des enseignants. Chercheuse à l’Institut d’Histoire, d’Art et d’Archéologie (IHAA), elle participe à la création clandestine du Front Populaire Ivoirien (FPI) au début des années 1980. Le parti est officiellement reconnu en 1990 avec l’instauration du multipartisme.
Simone Gbagbo est élue députée de la commune d’Abobo en 1995 et devient vice-présidente de l’Assemblée nationale, poste qu’elle occupe jusqu’en 1999. En 2000, elle devient première dame lorsque Laurent Gbagbo accède à la présidence. En 2011, elle est arrêtée avec Laurent Gbagbo à la suite de la crise post-électorale. En mars 2015, elle est condamnée à 20 ans de prison par la justice ivoirienne. Elle est libérée en août 2018 grâce à une loi d’amnistie signée par le président Alassane Ouattara.
En 2024, elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle sous la bannière du Mouvement des Générations Capables (MGC). Lors d’un discours en décembre de la même année, elle déclare : « Je voudrais vous faire une offre audacieuse : celle de construire une Côte d’Ivoire totalement transformée, modernisée et prospère, dans une Afrique décomplexée, développée, équipée, incontournable, forte et respectée de tous. »
Jean-Louis Billon est né le 8 décembre 1964 à Bouaké, en Côte d’Ivoire. Issu d’une famille liée au monde des affaires, il est le fils de Pierre Billon, fondateur de la Société immobilière et financière de la côte africaine (SIFCA). Après une enfance passée en Côte d’Ivoire, il poursuit ses études en France puis aux États-Unis, avant de revenir au pays en 1995.
À la suite du décès de son père en 2001, il prend la tête du Groupe SIFCA. La même année, il est élu maire de la commune de Dabakala. En 2002, il devient président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, poste qu’il occupe jusqu’en 2012. En 2012, il est nommé ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME, fonction qu’il exerce jusqu’en janvier 2017. En 2013, il est élu président du Conseil régional du Hambol.
Membre du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), il en devient le porte-parole. Le 12 juillet 2017, il est suspendu de ses fonctions de président du Conseil régional du Hambol, après avoir rejoint le PDCI alors qu’il avait été élu sous la bannière du Rassemblement des Républicains (RDR).
En 2020, il présente sa candidature à l’investiture du PDCI pour l’élection présidentielle, avant de se retirer et d’apporter son soutien à Henri Konan Bédié. En mars 2021, il est élu député en battant le candidat du RDR avec 47,64 % des voix. La même année, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle prévue en 2025.
Au sein du PDCI, il tente de briguer la présidence du parti, mais Tidjane Thiam est choisi. Il poursuit néanmoins ses ambitions politiques et renonce à sa nationalité française afin de se conformer aux exigences de candidature. Le 8 septembre 2025, sa candidature à la présidentielle est validée, cette fois sous la bannière du Congrès Démocratique (CODE). Après l’annonce de la validation de sa candidature par le Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Billon a déclaré vouloir « d’une Côte d’Ivoire réconciliée, forte et prospère » et s’engage « à porter haut vos aspirations, à défendre vos espoirs et à bâtir, avec vous, un avenir digne de notre histoire et de notre jeunesse ».
Ahoua Don-Mello est né le 23 juin 1958 à Bongouanou, en Côte d’Ivoire. Diplômé de l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) de Yamoussoukro, il poursuit ses études à l’École nationale des ponts et chaussées de Paris, où il obtient le titre de docteur-ingénieur à l’âge de 27 ans.
Il entame une carrière d’enseignant-chercheur, intervenant à l’INPHB, à l’École supérieure interafricaine de l’électricité de Bingerville, à l’université du Burundi, ainsi qu’au Laboratoire du bâtiment et des travaux publics. En 1998, il est nommé responsable de la technopole de Yamoussoukro. De 2000 à 2011, il dirige le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD).
Engagé politiquement dès sa jeunesse, il milite au Parti socialiste en France. En 1983, il rencontre Laurent Gbagbo et intègre le Front populaire ivoirien (FPI), où il occupe divers postes en Côte d’Ivoire et en France jusqu’en 1996. Il quitte le FPI en 1997 pour fonder le parti Renaissance, avant d’y revenir en 2000.
En 2010, il est nommé ministre de l’Équipement et de l’Assainissement dans le dernier gouvernement de Laurent Gbagbo. Après la chute de Gbagbo en 2011, il s’exile. En 2014, il devient conseiller du président guinéen Alpha Condé, puis haut représentant des BRICS pour l’Afrique occidentale et centrale.
De retour en Côte d’Ivoire, il rejoint le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) fondé par Laurent Gbagbo. En 2025, après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre, il est démis de ses fonctions de vice-président du parti.
Alassane Ouattara est né le 1er janvier 1942 à Dimbokro, en Côte d’Ivoire. Économiste de formation, il a travaillé au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), où il a été vice-gouverneur de 1983 à 1984, puis gouverneur à partir de 1988.
En 1990, il est nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire, ce qui marque son entrée en politique. À la suite du décès du président Félix Houphouët-Boigny en 1993, il est écarté du pouvoir par Henri Konan Bédié et contraint à l’exil. Une réforme constitutionnelle l’empêche de se présenter aux élections présidentielles, en raison de la remise en cause de sa nationalité ivoirienne.
En 1999, il prend la tête du Rassemblement des Républicains (RDR), parti fondé en 1994 par Djéni Kobina. Il devient candidat à la présidence après les accords de paix signés à Pretoria en Afrique du Sud en 2005, dans le contexte de la crise ivoirienne.
Avec le soutien de Henri Konan Bédié, il est élu président de la République de Côte d’Ivoire en 2010 et officiellement investi le 6 mai 2011, sous la bannière du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
En juillet 2020, à la suite du décès de son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, il annonce sa candidature pour un troisième mandat. Le 29 juillet 2025, il déclare sa candidature pour un quatrième mandat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, invoquant la nécessité de préserver la stabilité nationale face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires : « Les années passées à la tête de notre pays m’ont fait comprendre que le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi », a-t-il affirmé.
Henriette Lagou est née le 22 juin 1959. Elle a occupé le poste de ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant sous la présidence de Laurent Gbagbo. En 2015, elle se présente à l’élection présidentielle en tant que candidate du Renouveau pour la paix et la concorde (RPC).
Le 9 juin 2025, à Villejuif, en région parisienne, elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025, cette fois sous la bannière du Groupement des Partenaires politiques pour la paix (GP-PAIX). Son programme met l’accent sur la diaspora, l’emploi et le logement.
« Nous sommes dans une vision, une vision de concorde pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes dans un but de développement pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes, par rapport aux autres pays, un pays en développement. Nous avons besoin d’une paix pour pouvoir développer notre pays », a précisé la candidate lors du dépôt de sa candidature à la CEI, le 19 août 2025.
Cet article a été réalisé par le média ivoirien Eburnie Today, membre de la Coalition Anti Dohi – une initiative qui œuvre pour l’intégrité de l’information dans le cadre de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2025. La Coalition Anti Dohi est soutenue par le projet Renforcer la fiabilité de l’information en Afrique de l’Ouest de la GIZ, dans le strict respect de l’indépendance journalistique et éditoriale qui régit la Coalition.
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