Côte d’Ivoire/Parité : Les femmes à la place qu’il faut
C’est un plaidoyer de longue haleine pour aboutir à une législation qui garantit au mieux la promotion du genre et la défense les droits des femmes dans notre société. La loi sur la parité, si l’on en croit certains députés, devrait être votée cette année. Une panacée ? Pas si sûr. D’ores et déjà, n’ayant pas encore été adoptée, cette loi attendue depuis plusieurs années ne servira pas pour les élections sénatoriales prévues pour le 24 mars prochain.
En plus, les partis politiques sont davantage préoccupés à rafler le maximum de sièges aux différentes joutes électorales, quitte à aligner majoritairement des hommes dans les starting blocks, surtout en l’absence de contraintes réglementaires claires et rigides pour l’instant. Illustration : la proportion de femmes députées qui occupent des fonctions de responsabilité élevées dans les organes de l’Assemblée nationale a régressé à plusieurs égards comparativement à la législature précédente.
Assemblée nationale : Les obstacles à l’émergence des femmes à des fonctions importantes
Absolument curieux au moment où la nouvelle Constitution proclame une valorisation plus accrue des droits de la femme et l’augmentation de ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues. Si des avancées sont réalisées, le rôle du politique et de l’exécutif notamment restent déterminant pour la promotion du genre et de l’équité tous azimuts, notamment l’accession à des postes électifs et dans les sphères de décision.
Le Rwanda, dont le parlement compte plus de femmes au monde, y est parvenu grâce à cette volonté politique et une série de lois favorisant la parité. Mais il convient d’aller plus loin pour évoquer la question des moyens et des ressources. L’autonomisation de la femme est cruciale et centrale. C’est une condition qui détermine son engagement et son leadership – politique ou entrepreneuriale – sans lesquels la voix de la gente féminine reste peu audible.
Les femmes pourraient aussi saisir l’essor des TIC pour mieux défendre leurs droits. D’ailleurs, la libération phénoménale de la parole qui a permis de briser le tabou sur les violences sexuelles et les harcèlements dont elles sont victimes depuis plusieurs années a été possible et facilité par les réseaux sociaux notamment. Elles ont donc aussi là une opportunité à saisir pour l’affirmation de leur leadership, à être des actrices et non des spectatrices d’une évolution contemporaine dont les hommes ne peuvent plus être les artisans de fait.
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Contrairement à une pensée souvent dominante, promouvoir le genre n’est pas du favoritisme ou de la bienveillance complaisante mais une légitimation de la place et du rôle de la femme toujours reconnu dans le discours officiel mais pas suffisamment valorisé dans les actes. C’est un kick and rush que le mouvement féministe doit oser ou amplifier, un pari sur l’avenir à faire sans complexe et sans relâche. Bien entendu, pas avec une posture souvent amphigourique qui décrédibilise un peu son noble combat mais avec force conviction.
Si les femmes représentent près de la moitié de la population ivoirienne (48,5%), le pouvoir est par ailleurs majoritairement exercé par les hommes. La donne doit changer. C’est un impératif de développement et non un choix esthétique et rhétorique. A ce propos, le message de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui s’exprimait le 28 août 2017 au JT de la télévision suisse RTS, est édifiant :
« Je crois que l’humanité, pas seulement au niveau des dirigeants, pas seulement au niveau des entreprises, l’humanité se prive d’une source de talent considérable en ne laissant pas aux femmes la place à laquelle elles aspirent et la place qu’elles méritent. Donc c’est une cause pour laquelle je me suis toujours battue et je continuerais ».
Le scénario est là. L’actrice principale est attendue sous les projecteurs…
Martine Zogbé