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Daloa : les jeunes se mobilisent contre l’immigration clandestine

Dans la capitale de la région du Haut-Sassandra, la jeunesse est activement engagée à freiner le phénomène de l’immigration clandestine en Côte d’Ivoire.

Transformer l’épicentre des départs à l’immigration clandestine en une citadelle de lutte contre ce phénomène qui prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire, voici désormais le leitmotiv de la jeunesse de Daloa, ville située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. En plus de la sensibilisation, les jeunes misent sur des initiatives concrètes pour occuper les candidats à la migration irrégulière. Objectif : éviter en amont que ceux-ci tentent cette aventure périlleuse de la traversée de la mer méditerranée pour rejoindre l’Europe.

Grâce à au projet intitulé « Fah So Kafissa« , qui signifie en malinké « mon pays/ma terre est mieux« , financé à hauteur de 200.000 euros (plus de 130 millions de francs Cfa) par le ministère italien de l’intérieur, la jeunesse départementale de Daloa est en passe de réussir son pari : « c’est dans l’optique d’empêcher les jeunes de partir, de leur faire comprendre que l’eldorado se construit même ici (…) Donc le projet vient pour aider les jeunes à ne pas partir mourir sur l’eau », estime Soro Mamadou, le président de la jeunesse communale et départemental de Daloa.

Ce projet, exécuté avec l’ONG Vif (Vivre – informer – fraterniser) et Tché Vie (une organisation italienne) a commencé en janvier 2017 et est prévu pour durer 19 mois. Il consiste à former les jeunes par un programme d’alphabétisation, à leur dispenser des cours de civisme mais aussi à les instruire sur la gestion commerciale pour leur permettre de mieux gérer de petites activités génératrices de revenus. Et pour cause : des financements vont être remis à des jeunes pour démarrer des projets.

Les financements individuels vont de 100 000 à 500 000 francs Cfa et les fonds pour les projets collectifs oscillent entre 600 000 et 1,2 million de francs Cfa. Il s’agira aussi d’équiper certains bénéficiaires en matériels. Une vingtaine de projets seront ainsi financer.

« Au terme du projet, nous comptons impacter 5 000 jeunes. Et la spécificité de ce projet c’est que qu’on ne se limite pas seulement à Daloa », précise Soro Mamadou.

Les formations et la sensibilisation se dérouleront dans six régions du pays : Bouaké, Bondoukou, Gagnoa, Man…

Financer les projets des jeunes

Brahima Sangaré est un bénéficiaire de ce projet. Ce jeune homme de 18 ans, après avoir échoué dans sa tentative de regagner l’Europe, a été rapatrié de Libye en mars 2017. S’il assure n’avoir jamais eu l’intention de prendre la route de l’immigration clandestine, le décès de son père a été un tournant décisif pour lui. Premier fils de la famille, il a décidé de tenter l’aventure pour épauler sa mère – commerçante au marché de Daloa – face aux difficultés.

Avec ce projet, Brahima veut reconstruire sa vie. Ayant arrêté ses études en classe de 3ème faute de moyens, il a bénéficié notamment de cours en comptabilité simplifiée et se dit prêt à mener une activité, la mise à disposition de son financement est prévue ce mois-ci : « avec le financement du projet Fah So Kafissa, je souhaite faire le commerce de téléphones et accessoires afin de pouvoir financer mes études ».

Ce projet se veut à impact rapide. Soro Mamadou s’en félicite : « grâce à ce projet, nous avons autour de nous des jeunes qui voulaient partir en Libye qui sont venus se confesser, les jeunes qui sont partis et qui sont revenus parce que ça n’a pas marché, parce qu’avant quand ils échangeaient avec nous, c’était à visage voilé ».

Il interpelle les autorités sur la création d’emplois pour freiner l’élan des départs vers l’immigration irrégulière : « nous demandons au ministère de la jeunesse de se pencher sur le cas de Daloa pour qu’on puisse vraiment oublier ce fléau ».

Soro Mamadou assure par ailleurs qu’avant le projet Fah So Kafissa, son organisation avait déjà permis à une quarantaine de jeunes d’obtenir des prêts auprès de micro-finances locales pour réaliser des activités. Les jeunes labourent, les autorités doivent semer dans leurs pas en offrant davantage des opportunités d’insertion à ceux qui sont en difficulté afin de juguler le phénomène de l’immigration irrégulière qui prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire.

Traoré Bakary

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