Le mouvement Tournons La Page Cote d’Ivoire (TLPCI) a organisé ce samedi 9 décembre 2023, une table ronde citoyenne sur les élections locales et régionales de 2023. La rencontre a permis aux différents participants issus de la société civiles et des partis politiques de se prononcer sur le processus électoral.
Deux panels ont constitué cette table ronde qui réunissait à la fois des acteurs de la société civile, des représentants des partis politiques et des jeunes ayant pris une part active dans le processus électoral. Le premier panel autour de l’action de la société civile a donné l’occasion aux acteurs de dresser un bilan sur le comportement des citoyens, l’action des hommes et partis politiques sans oublier les différents monitoring citoyens effectués dans le cadre des élections locales et régionales.
Les élections représentent un moment de tension au sein de la population ivoirienne depuis l’avènement du multipartisme. Le défi qui se présente donc à la classe politique et à la société civile consiste à réussir le pari d’une élection avec zéro violence. Cela passe par « la formation et l’éducation des citoyens à comprendre les enjeux d’une élection » et à ne pas « être des promoteurs de violence lors du processus » a rappelé Suy Kahofi, journaliste fact-checker à l’Agence France Presse (AFP), formateur en nouveaux médias et vérification d’information. Il a indiqué que les « fausses informations ont de nouveau circulés durant ces élections et ont été de plusieurs types ».
Il s’agit principalement d’accusation sans preuves contre des candidats, des appels à la haine et à la violence en ligne, des propos belliqueux à l’endroit de représentant des partis politiques sans oublier des propos violents à l’endroit des candidats indépendants. Ces cas de violence qui ont été aussi constatés sur le terrain ont été identifiés et consolidés dans le rapport de monitoring du mouvement Tournons La Page Cote d’Ivoire (TLPCI).
Donnant lecture de ce rapport de monitoring, Oueza Claver assistant programme à TLPCI, a précisé que « la lutte contre les fausses informations, qui conduisent souvent à des violences sur le terrain, est une priorité pour TLPCI ». Le mouvement a « initié plusieurs formations à l’endroit des jeunes des partis politiques et de la société civile qui représentent une frange importante d’utilisateurs des réseaux sociaux » a-t-il fait remarquer.
La formation des citoyens pourra contribuer à un processus électoral apaisé reste convaincu Oueza Claver. Pour Yoro Bi Tah, président du FODA, « les élections locales et régionales ont été apaisées » car « n’ayant pas enregistré de graves violences et des pertes en vies humaines contrairement à 2018 ». Ceci est sans doute la preuve « que de nombreux ivoiriens gagnent en maturité » privilégiant un processus électoral apaisé et misant sur le verdict des urnes et non l’usage de la violence comme moyen de communication ou de contestation.
Cette accalmie relative n’est pas forcément le symbole d’une élection apaisée ou d’un processus qui a été démocratique ont fait observer les participants. A travers leurs questions aux panélistes, les jeunes ont surtout souligné que plusieurs indicateurs de transparence n’ont pas été respectés. Ils ont évoqué le convoyage des électeurs, les votants qui disparaissent mystérieusement des listes, les changements de lieu de vote à la dernière minute sans oublier les incohérences entre le nombre de votants souvent supérieur aux inscrits et les cas flagrants de fraude.
Ces cas de fraudes aux techniques de plus en plus innovantes ont été aussi dénoncés par les acteurs politiques présents. Alexandrine Kouakou, proche du candidat indépendant Assalé Tiémoko (Tiassalé) a expliqué comment des stratégies d’intimidation ont été mises en place par leurs adversaires pour tenter de déstabiliser leur électorat et leur leader. Maixent Moké du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) proche du maire du Plateau, a aussi expliqué les dessous du convoyage des électeurs et du contrôle des bureaux de vote par certains candidats. Allaba Eric, Secrétaire national JFPI Abidjan nord et soutien d’Adama Bictogo à Yopougon a surtout invité la CEI (Commission électorale indépendante) à se pencher sur les ratés du processus électoral pour mieux préparer les élections présidentielles.
En effet, les participants à la table ronde ont indiqué que la CEI a énormément d’erreurs à rattraper. Ils ont souhaité que la CEI arrête de garder le silence face aux citoyens lorsque des problèmes surgissent durant le processus électoral. Au-delà d’améliorer sa communication, l’institution a aussi été invitée à plus de transparence. Les différences entre les résultats affichés sur les procès-verbaux dans les bureaux de vote et ceux transmis aux CEI locales ne sont pas de nature à être le reflet d’un processus démocratique.
La rédaction