Deux ans après les attentats terroristes, Bassam is back !
Frappée par les attentats terroristes qui ont fait 19 morts le 13 mars 2016, la ville de Grand-Bassam a repris son cours normal. Deux ans après, les visiteurs ont repris d’assaut les plages, les touristes reviennent, les hôteliers retrouvent le sourire… Mais les souvenirs restent douloureux.
L’émotion reste vive. Loin d’être évanescents, les souvenirs douloureux sont encore présents. Difficile de tourner la page des attentats terroristes de Grand-Bassam qui ont fait 19 morts sur la plage de la ville historique le 13 mars 2016. En tout cas, pour ceux qui ont vécu cette horrible journée. « On était tous là ce jour-là. On a frôlé la mort. On ne veut même plus se rappeler de ces événements », élude un jeune homme.
Assis à même le sol avec quelques camarades, à côté d’un petit groupe de femmes, le regard est tourné sur la plage où souffle le vent frais et vient s’échouer les vagues agitées et tumultueuses de la mer. Impossible d’avancer plus loin devant le dispositif de sécurité déployé cette matinée du dimanche 11 mars.
Une commémoration à deux roues
Pour commémorer ces tristes événements inédits qui ont frappé le pays, l’ambassade des Etats-Unis à Abidjan, en collaboration avec le ministère chargé de la promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, a organisé une course à vélo. Partie de la statue Akwaba à Port-Bouët, cette course dénommée ‘’Pédalons pour la paix’’ a rassemblé une centaine de cyclistes au nombre desquels…la députée de Cocody Yasmina Ouégnin, la chargée d’affaires de l’ambassade américaine Katherine Brucker et le ministre de la jeunesse Sidi Touré.
Son casque de vélo encore sur la tête et à peine a-t-il eu le temps de boire une gorgée pour se rafraîchir en fin de course dans la cour de l’hôtel ‘’Etoile du Sud’’, le représentant du gouvernement ivoirien affirme :
« Il est bon que la vie prévale et ne pas oublier ce qui s’est passé mais surtout dire non, plus jamais ça en Côte d’Ivoire, plus jamais ça au Burkina-Faso, plus jamais ça en Afrique, plus jamais ça dans le monde ».
Plus tard, il ajoutera sur la plage, à quelques encablures, où une minute de silence a été observée en hommage aux victimes et une berge de fleurs déposée, que : la nation ivoirienne reste « toujours débout pour affronter tout ce qui peut porter atteinte à ses valeurs cardinales que sont la paix, la fraternité, la solidarité, l’hospitalité, la tolérance, l’acceptation et le respect de l’autre ».
Les failles à colmater
Yasmina Ouégnin, elle, préconise :
« Apprenons de nos erreurs, apprenons que chaque fois que nous allons permettre une seule faille dans notre unité nationale, les terroristes pourront nous attaquer, ils pourront profiter de nos divisions internes, ils pourront profiter de nos ressentiments. Soyons unis, travaillons toujours pour la Côte d’Ivoire ».
Arrivée essoufflée à l’entrée de Grand-Bassam, après la distance parcourue depuis Abidjan à vélo, Katherine Brucker déclarera que « le terrorisme touche tout le monde donc je crois que c’est important que tout le monde se batte contre le terrorisme ». La diplomate américaine pense que « Bassam is Back ».
Justement, deux ans après les attentats terroristes, la ville balnéaire renait. La vie a repris de plus belle. A la grande satisfaction des restaurateurs et hôteliers. Jacques Ablé, président du conseil d’administration de l’hôtel l’Etoile du Sud, témoigne : « l’Etoile du sud se porte bien. Deux ans après, les activités ont repris. Tout le monde revient ».
« Bassam reste une ville de fête et d’activités », rappelle-t-il, confiant.
En plus des dédommagements Daniel Ouégnin, 2ème adjoint au maire de Grand-Bassam, assure qu’« après le grand dédommagement fait par l’Etat ivoirien [en 2016], à la mairie, nous avons constitué un budget pour leur [les victimes] venir en aide. On les suit toujours ; c’est près de 100 millions de francs Cfa ».
Le vent de la reprise
Les activités repartent. Le tourisme aussi. Ce dimanche 11 mars, les visiteurs ont pris d’assaut les plages, juste après la levée du dispositif sécuritaire renforcé installé pour cette cérémonie officielle de commémoration. Des cars stationnés peu avant le pont qui mène au quartier France : c’est connu, les week-ends, plusieurs convois venant principalement des différentes communes d’Abidjan sont organisés sur Grand-Bassam. Les rues grouillent de monde. Sous un soleil caniculaire, des groupes de visiteurs sont visibles à plusieurs endroits.
A l’instar de nombreux nationaux, occidentaux et africains sont aussi venus présents pour découvrir la ville historique classée au patrimoine mondial de l’Unesco. « Ce qui m’a marqué, c’est l’architecture de la ville, des bâtiments qui reflètent une certaine beauté », témoigne le congolais Don Momat. Après avoir visité le musée des costumes, il ajoute : « en quelques minutes de visite, on sait tout sur la culture ivoirienne ». Le journaliste béninois Olivier Ribouis, lui, pense que « Bassam est un excellent site d’histoire sur la période coloniale de la Côte d’Ivoire ».
Présent en Côte d’Ivoire pour la première fois, il observe qu’il était important de se rendre à Grand-Bassam au moment de la commémoration du deuxième anniversaire des attentats terroristes.
Anderson Diédri