Economie

Développement : la Côte d’Ivoire est-elle aux portes de l’émergence ?

Le sixième rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire diagnostic les obstacles qui empêchent le pays d’aller plus rapidement à l’émergence malgré son taux de croissance qui figure parmi les plus élevé au monde.

« Aux portes du paradis : Comment la Côte d’Ivoire peut rattraper son retard technologique ? ». C’est l’intitulé du rapport de Banque mondiale sur la situation économique du pays présenté officiellement ce jeudi 8 février 2018 à Abidjan. En effet, malgré son taux de croissance la Côte d’Ivoire qui figure parmi les plus dynamiques au monde (autour de 7,6 % en 2017), « la majorité des entreprises ivoiriennes restent aujourd’hui moins productives que leurs concurrentes dans les pays émergents tels que le Maroc, la Chine, ou l’Indonésie », observe Pierre LaporteDirecteur des Opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso et le Togo : « Pour conforter cette rapide croissance tout en la rendant plus inclusive, le pays aura besoin d’entreprises plus performantes, produisant plus et mieux, et qui vont créer les emplois productifs dont la jeunesse ivoirienne a tant besoin ».

Ce diagnostic s’intéresse aux moyens qui lui permettraient de rattraper son retard technologique. Illustration de ces obstacles en chiffres. Les transferts technologiques semblent relativement rares en Côte d’Ivoire : seulement 3,4% des entreprises déclarent utiliser une technologie qui a été transmise par une entreprise étrangère, alors que ce pourcentage atteint 15% sur l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne ou même 23% en Malaisie ou au Maroc. En plus, les entreprises ivoiriennes dépensent en recherche et innovation presque 3 fois moins que leurs homologues dans le reste de l’Afrique sub-saharienne (6,8 contre 17,8%). En clair, la Côte d’Ivoire ne dispose pas encore pleinement d’une bonne connectivité. Résultat : le pays est au 95ème rang mondial dans l’indice de performance logistique de la Banque mondiale, derrière le Ghana (88ème) ou et l’Afrique du Sud (20ème).

Des obstacles à surmonter

Au-delà de la révolution au niveau des transactions financières via le téléphone mobile (la Côte d’Ivoire se classant au cinquième rang mondial en termes de la proportion de ménages utilisant ce service), les entreprises ivoiriennes restent à la traine dans l’usage de ces nouvelles technologies. Seulement 18% d’entre elles utilisent leur propre site web contre 33% dans le reste de l’Afrique. Si la moitié des entreprises ivoiriennes ont recours à des messages électroniques pour inter réagir avec leurs fournisseurs/clients, cette proportion dépasse 60% dans le reste de l’Afrique et même 70% dans le monde.

Les coûts des services sont également des barrières à l’usage des outils TIC par les entreprises notamment les PME, « le prix moyen d’une minute de conversation téléphonique sur un portable est 3 fois plus cher en Côte d’Ivoire qu’au Ghana et que le prix d’un abonnement à l’internet y est environ 1,5 fois plus cher ». Le rapport prévient : « Si le pays a retrouvé une trajectoire de forte croissance après plus d’une décennie d’instabilité politique, son objectif de devenir un pays émergent ne pourra être atteint sans des entreprises plus performantes, puisqu’elles sont le principal employeur du pays et génèrent l’essentiel de ses revenus ».

Ce rapport propose une stratégie autour de trois axes complémentaires qui permettront à la Côte d’Ivoire de rattraper son retard technologique. D’abord, engager une politique une politique d’ouverture marquée par des réformes qui permettent d’attirer des investisseurs étrangers afin de bénéficier de transferts de technologiques et de compétences. Ensuite, adapter et faire fructifier cet outil technologique pour accroître les compétences au niveau national. Développer une bonne connectivité qui facilite les échanges et favorise l’établissement d’entreprises étrangères et au développement d’activités d’exportation. Ce cercle vertueux entre l’ouverture vers les marchés extérieurs, les transferts technologiques et le développement des compétences et du réseau logistique local est la clé pour amorcer un véritable développement.

Anderson Diédri

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