Dialogue de sourd entre la CEDEAO et l’opposition ivoirienne
L’opposition ivoirienne ne renonce pas à son appel au boycott total du processus électoral en dépit de la médiation de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a demandé lundi aux acteurs politiques ivoiriens de parvenir à un accord.
La délégation de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) était en mission à Abidjan pour la deuxième fois en une semaine. Dirigée par la ministre ghanéenne des Affaires étrangères Shirley Botchway, elle a rencontré dimanche et lundi le pouvoir et l’opposition. Elle « a exhorté les candidats et les partis politiques à faire des efforts considérables pour parvenir à un accord concernant l’élection » à un moment où la Côte d’Ivoire sombre petit à petit dans la violence. L’opposition a appelé le 15 octobre ses militants à boycotter les opérations électorales et la campagne, en affirmant ne pas être « concernée » par le « processus électoral ».
L’opposition n’a toutefois pas encore retiré formellement ses candidats pour le scrutin présidentiel du 31 octobre. L’appel au boycott a été néanmoins suffisant pour pousser des centaines de manifestants dans les rues aussi bien à Abidjan que dans plusieurs autres localités. Ainsi dans les villes de Bonoua, Aboisso, Yamoussoukro, Dabou et Divo, des échauffourées ont été signalées. Depuis ce week-end, le bilan est de trois morts dont deux dans des affrontements intercommunautaires à Bongouanou et un à Bonoua, ville située sur l’axe international Abidjan-Accra.
Face à la montée de la violence, la mission de la CEDEAO a exhorté les candidats de l’opposition notamment du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et du FPI (Front populaire ivoirien) « à reconsidérer sérieusement leur décision de boycotter l’élection et l’appel à leurs partisans à se lancer dans la désobéissance civile pour protester contre le processus électoral ». L’opposition qui radicalise sa position en ce qui concerne le processus électoral refuse pour l’instant de lever son mot d’ordre si ses revendications ne sont pas acceptées. Elle estime que le président Alassane Ouattara n’a pas le droit de se présenter à un troisième mandat.
Elle exige également la réforme du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante (CEI). L’opposition conteste le rejet des candidatures de l’ancien président Laurent Gbagbo et de l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro. La situation socio-politique est de plus en plus inquiétante en Côte d’Ivoire à seulement deux semaines des élections. Une quinzaine de personnes sont déjà mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara poussant International Crisis Group à proposer un report des élections dans le pays. « Un court report de l’élection offrirait une chance de sortir de la confrontation actuelle à travers un dialogue et d’apurer le contentieux qui rend improbable l’organisation d’une élection apaisée et transparente le 31 octobre », a estimé ICG fin septembre.
La rédaction