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Dr Souleymane Fadiga (FAO) : « Faut-il avoir peur des OGM ? »

OGM ou agriculture familiale ? Pour le Dr Souleymane Fadiga, cadre à la FAO, la seconde option est plus adaptée aux réalités de l’agriculture en Afrique et plus optimale pour nourrir les populations.

Les Organismes génétiquement modifiés (OGM) suscitent l’hostilité de beaucoup d’agriculteurs et des organisations écologistes mais aussi l’inquiétude des populations qui s’interrogent sur l’origine et la composition des aliments qu’elles consomment. Faut-il avoir peur des OGM ? Au moment où le débat fait rage en Europe sur le renouvellement de la licence du glyphosate qui expire le 15 décembre prochain – le glyphosate est le principe actif du Round Up, herbicide le plus vendu au monde fabriqué par la multinationale américaine Monsanto et très controversé et critiqué par les défenseurs de l’environnement et qui a été classé en mars 2015 « cancérigène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – le débat sur le mode de production agricole en Afrique est aussi revisité.

Faut-il opter pour une agriculture familiale ou paysanne ou promouvoir les semences transgéniques qui sécrètent généralement leur propre insecticide ou recourir l’agriculture industrielle qui a une propension à utiliser de grandes quantités de pesticides ? « Nos agricultures sont des agricultures à caractère familial. Donc la question, c’est plutôt comment agir sur la productivité de cette agriculture-là et comment la rendre durable, c’est-à-dire adaptée au changement climatique », a expliqué le 24 octobre 2017, à l’occasion de la journée des Nations Unies, le Dr Souleymane Fadiga, cadre à la représentation en Côte d’Ivoire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« 2/3 de la population rurale qui travaille la terre est pauvre. Elle nourrit tout le reste du pays quand vous prenez un pays. Donc si son agriculture est adaptée et sa productivité est améliorée, elle a une chance de pouvoir nourrir sa population. C’est ça la problématique », a-t-il ajouté, alors qu’il répondait à une question sur la place des OMG dans l’agriculture africaine et les inquiétudes que cela suscite chez les populations. Sur la question des Organismes génétiquement modifiés, l’avis du Dr Souleymane Fadiga est sans ambiguïté : les semences transgéniques ou les biotechnologies ne sont pas la solution pour transformer l’agriculture en Afrique. « L’OGM, pour la plupart de nos pays, ce n’est pas la première option pour éliminer la faim », soutient-il. Dans un contexte où les investissements privés dans l’agriculture s’intensifient, marqués par le développement de l’agro-industrie qui utilise davantage de pesticides dont les effets néfastes sur la santé et l’environnement sont incontestables, l’agriculture familiale reste le meilleur rempart pour nourrir sainement la planète.

« L’OGM est très loin du débat pour nourrir la population. La population doit pouvoir être renforcée pour qu’elle puisse produire plus avec moins d’utilisation d’eau, moins d’utilisation de pesticides, moins d’utilisation de la force de travail. Donc il faut adapter la production actuelle à pouvoir nourrir convenablement. Donc l’OGM n’est pas la problématique », estime Dr Fadiga, qui travaille à la FAO sur les questions du foncier rural et la politique de développement.

Anderson Diédri

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