C’est au risque de leurs vies que des hommes et des femmes à travers l’Afrique s’engagent pour la cause des droits de l’homme. LGBTI, droits des minorités ou lutte contre les accaparements de terres ; des combats divers mais avec une même réalité : des acteurs de la société civile de plus en plus menacés.
Les assassinats de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme qui ont été enregistrés ces dernières années sur le continent posent clairement la problématique de la protection des acteurs des droits de l’homme. Les intérêts religieux, politiques et économiques auxquels les défenseurs des droits de l’homme s’attaquent sont souvent défendus par des groupes d’influence qui sont prêts à tout pour les faire taire. Parce que leurs actions dérangent, les défenseurs des droits de l’homme sont particulièrement exposés et leur protection devient donc une urgence. Dans certains pays, les autorités politiques ont décidé d’opter pour des lois protégeant les défenseurs des droits de l’homme. Deux pays en Afrique de l’ouest ont fait un pas de géant sur la question : il s’agit de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.
En Côte d’Ivoire, à l’issue du Conseil des ministres du 22 février 2017, le Gouvernement a adopté le Décret n° 2017-121 portant modalité d’application de la Loi n° 2014-388 du 20 juin 2014 relative à la promotion et à la protection des défenseurs des droits de l’Homme. L’adoption de ce décret marque l’aboutissement d’un processus engagé depuis 2012. Les défenseurs des droits de l’homme sont désormais libres de leurs mouvements. Une liberté également de s’exprimer ouvertement sans risque de représailles. Au-delà, les sièges de leurs organisations et leurs domiciles sont désormais inviolables. Ils peuvent aussi recevoir des financements à la condition que ceux-ci soient licites. Une traçabilité du financement qu’impose la finance internationale dans cette lutte sans merci contre le blanchiment d’argent.
« Nous nous félicitons de cette avancée significative pour les défenseurs des droits humains, qui traduit pour nous un certain engagement des autorités ivoiriennes en faveur des droits humains en Côte d’Ivoire » souligne Pierre Adjoumani Kouame, président de la LIDHO.
Au Burkina Faso, les défenseurs des droits de l’homme baignent désormais dans un environnement juridique tout aussi sûr. Cependant une clause dans la loi permet à l’Etat burkinabé de refouler un activiste ou un défenseur des droits humains s’il considère que la sécurité nationale peut être menacée par ce dernier. Même si cette clause dans la loi au Burkina Faso fait encore l’objet de débat entre les OSC et le Gouvernement, la Côte d’Ivoire et le pays des hommes intègres sont considérés comme de bons élèves de la protection des défenseurs des droits de l’homme. Pour les acteurs des droits de l’homme réunis au Forum des ONG en préparation de la 61ème session ordinaire de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à Banjul, l’exemple de ces deux pays peut servir aux Etats membres de Commission qui traînent encore les pas.
C’est sur cette voie que s’engage déjà le Niger qui entend voter une loi pour la protection des défenseurs des Droits de l’homme. Kani Abdoulaye, Coordinateur du Réseau nigérien des défenseurs des droits humains salue cette décision du Gouvernement de son pays. Bien qu’il « ne note pas de violences contre ces défenseurs qui travailleraient en toute liberté », les questions qu’ils sont appelés à prendre en charge dans la société nigérienne pourraient les entrainer dans des situations à risque. C’est aussi le constat que fait Maître Saran Kéïta de l’AJM (Association des Juristes Maliennes). Dans des pays fortement islamisés, les moindres revendications sociales notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des minorités virent sur le terrain de la religion. Le véto des associations et leaders religieux fait bien trop souvent reculer les décideurs, préoccupés par leur électorat que la cause des droits de l’homme.
Dans l’ensemble les défenseurs des droits de l’homme sont tous exposés aux violences et représailles pour leur engagement mais ceux qui luttent pour la cause des LGBTI sont particulièrement vulnérables. Leur lutte est à la limite taboue ! Difficile de défendre les LGBTI sans courir le risque d’être indexé de promouvoir une orientation sexuelle contre nature. Au quotidien, ces défenseurs des communautés LGBTI un peu partout sur le continent sont victimes de propos homophobes, d’agressions et de tags orduriers sur les murs de leurs domiciles et leurs sièges. Pour Ahmed Vall Barka Abdou, l’homosexualité existe depuis la nuit des temps. S’attaquer aux défenseurs qui militent pour les droits des LGBTI c’est pousser les membres de cette minorité sexuelle à la clandestinité tient à préciser le président de l’Observatoire au conseil des droits de l’homme en Mauritanie. Et cette clandestinité selon Jean-Eric Nkurikiye, responsable du programme de renforcement des capacités des organisations membres d’AMSHer, n’est pas de nature à favoriser la prise en charge sociale des LGBTI surtout en ce qui concerne l’infection du VIH et les OEV (Orphelins et autres Enfants Vulnérables).
SUY Kahofi envoyé spécial
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