Bien qu’elle soit moins passionnante au plan international comparativement à la présidentielle américaine (USA), l’élection présidentielle française attire et intéresse quelques curieux dont des Ivoiriens. Ils ne sont pas une exception puisque cette élection semble alimenter bien plus les conversations politiques en Afrique francophone qu’en France !
Fillon, Hamon, Macron, Mélenchon…qui sera le ON à diriger demain la France à moins que ceux qui ont le droit de vote ne s’impose une peine (PEN) ? La question se pose en France mais de plus en plus dans les pays d’Afrique francophone. Si le débat de la présidentielle française intéresse autant en Afrique francophone, c’est tout simplement parce que les temps des colonies n’est pas encore révolu dans les relations France-à-Fric ! L’avenir social, politique et économique des pays d’Afrique francophone se décide à Paris. Autant donc savoir qui sera le prochain président français pour ne pas avoir de surprises.
Pour le citoyen français, le fond du débat c’est le chômage, la relance économique, la question de la retraite, l’emploi jeune, le retraite, le nucléaire… En Afrique francophone et particulièrement à Abidjan les thèmes auxquels l’on pense c’est plutôt la stabilité politique, le C2D, l’avenir du franc CFA, l’immigration… Chaque follower de la présidentielle française en Côte d’Ivoire tente d’avoir une réponse à ces questions en fonction de l’orientation du discours des candidats.
« L’Afrique est absente de cette campagne présidentielle française et pour moi ce n’est pas bon signe. C’est en quelque sorte la preuve que le pouvoir politique français a décidé d’abandonner l’Afrique aux prédateurs économiques que sont Bolloré, Bouygues et les autres » s’inquiète Koné Bakhary un étudiant.
Son voisin, Bamba Oumar estime qu’il s’agit d’une remarque qui n’étonne pas quand on connait « le caractère corrosif de la France en Afrique ». S’appuyant sur les cas Laurent Gbagbo et Mouammar Kadhafi, il estime que la politique française en Afrique ne changera pas peu importe celui qui sera aux affaires.
« La France comme les autres puissances mondiales – je veux parler de la Chine et des USA – reste dans une logique d’exploitation de l’Afrique. Que le prochain président français soit François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon ça ne changera jamais » indique le jeune homme.
Si la politique française en Afrique ne change pas et ne changera pas, qui donc pourrait faire – concomitamment – le bonheur des français et des africains ?
« Tout le monde sauf Marine Le Pen » martèle Douan Edouard, un enseignant.
A sa manière de dire Marine Le Pen, c’était un peu comme s’il prononçait la formule : « arrière de moi Satan ! ». Le Pen et son clan, les Ivoiriens interrogés n’en veulent pas à la tête de la France dans leur grande majorité. Elle incarne pour de nombreux ivoiriens la xénophobie, le refus de l’autre, la haine raciale, le discours politique violent… Mais au-delà de tout, elle est un frein à l’immigration et à la présence d’africains sur le sol français.
« Le dossier Marine Le Pen pour moi est un non-débat. Cette bonne dame extériorise ce que de nombreux français refusent d’assumer haut et fort : les étrangers sont un problème pour la France. Et quand on regarde les sondages son discours séduit comme celui de Trump aux USA » nous explique Guillaume Koffi comptable.
A voir la passion des ivoiriens pour cette présidentielle française, Boa Alexis, cadre dans le domaine de l’électricité préfère en rire. Il indique que si les africains s’intéressent autant à cette élection c’est bien parce qu’elle ressemble à une élection africaine. « La France ne fait pas mieux en matière d’élection » indique Alexis avant de soulever les points de similitudes avec les dernières élections en Afrique. « On ne s’accroche pas au pouvoir en France » fait-il remarquer mais pour y arriver les méthodes ne sont pas différentes de celles qu’on utilise sous les tropiques. Le débat stérile sur les origines des candidats, l’argent, le financement obscur de la campagne, les promesses de croissance et de pluie de milliard sans oublier les vieux dossiers compromettants sortis ou montés de toute pièce pour casser l’adversaire.
Il y a ceux que le débat de la présidentielle française passionne et ceux qui s’en foutent royalement !
« Mon problème à moi se trouve à la présidence ivoirienne au Plateau. J’estime que quand de nombreux jeunes ivoiriens sont au chômage, que les fonctionnaires deviennent de plus en plus pauvre, que la vie chère est le quotidien des ivoiriens, que le cacao ne se vend plus et que la misère gagne du terrain en Côte d’Ivoire…il faut plus penser à nos problèmes qu’aux problèmes des français » affirme Adingra Kouadio, jeune diplômé en quête d’emploi.
Pour lui, seuls ceux qui mangent à leur faim et qui ne connaissent pas les pénuries d’eau et d’électricité ont le loisir de s’intéresser à l’élection présidentielle française.
SUY Kahofi
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