Société

Enlèvement de personnes : un phénomène qui inquiète les ivoiriens

Il n’y a plus d’âge pour être une victime du phénomène d’enlèvement qui se développe de plus en plus en Côte d’Ivoire. Le récent témoignage de Christine Ehouman qui circule en boucle sur WhatsApp a permis aux ivoiriens de mesurer la gravité de la situation et le risque encourue par chaque personne.

C’est sans doute l’une des premières fois qu’un témoignage d’une victime d’enlèvement soulève autant de questions et d’inquiétudes. Madame Ehouman Christine qui raconte dans les moindres détails le film de son enlèvement met en lumière l’existence de réseaux criminels bien organisés ayant pour objet de leur trafic, non pas la drogue, les armes ou des produits contrefaits mais des hommes.

« J’ai écouté l’audio qui m’a été envoyé par un ami et je dois avouer que ça fait peur. Peur de savoir que des individus peuvent à tout moment vous kidnapper pour un geste aussi banal que se déplacer d’un point à un autre de la ville » indique Aka Yves. Si cet enseignant précise que le phénomène des enlèvements existe depuis longtemps, il prend de plus en plus une tournure inquiétante mais « aussi de sophistication ».

Des enlèvements pour des rançons sont désormais enregistrés par les forces de l’ordre, des vols de bébés et d’enfants même par des femmes de ménage sans oublier des portés disparus retrouvés sans vie avec des parties de leurs corps en moins. « Oui on entend souvent dire que des personnes sont enlevées pour servir de matière première lors de rites spirituels pour ne pas dire sataniques. On évoque les jeunes cybercriminels communément appelés brouteurs, des hommes politiques ou des citoyens lambda soucieux de devenir riche » commente Kamagaté Issouf, étudiant dans une grande école.

Le jeune homme s’interroge également sur ce qu’il qualifie « de silence étrange » des autorités en charge de la sécurité des ivoiriens et il n’est pas le seul. Pour N’Goran Lydie, mère de famille et commerçante dans le quartier de Cocody, les témoignages d’enlèvement opérés avec des véhicules de transport notamment les taxis font juste émerger une question. « Comment on enlève quelqu’un à Abidjan jusqu’à l’intérieur du pays sans qu’un seul policier ou gendarme ne puisse arrêter le véhicule, même pas un seul contrôle ? » se demande notre interlocutrice.

Des réflexes et idées pour se protéger

Face à ce phénomène, des citoyens partagent au quotidien les mésaventures de proches ayant échappé à une mort certaine et proposent leurs idées pour se protéger et protéger le plus grand nombre. « Moi j’ai décidé de ne plus me déplacer avec les taxis rouges qui sont très souvent cités dans les enlèvements. Je préfère aujourd’hui les VTC comme Yango et Uber. Au moins avec eux vous avez le nom du chauffeur et la plaque d’immatriculation du véhicule qui vient vous chercher » préconise Nathalie Koffi comptable.

Si ce moyen de déplacement semble sûr et sécurisé, Georges Ettien reste prudent et demande plus de vigilance. « Même avec Uber, Yango ou n’importe quel autre VTC il faut toujours prendre le soin d’identifier clairement le véhicule commandé. Si on vous annonce une Suziki Alto blanche immatriculée XYZ002 et que vous voyez débarquer une Toyota Corolla blanche avec la même immatriculation ou une immatriculation différente ayez le courage de ne pas monter ».

D’autres personnes interrogées indiquent qu’il faut aussi éviter d’emprunter les woro woro (taxis intercommunaux banalisés) en dehors de leurs gares ou même de monter à bord de véhicules personnels proposant à moindre coût de vous conduire à votre destination. Mais le danger n’est pas seulement à signaler dans les transports fait remarquer Sidonie Kouakou qui évoque « les cas de viol en réunion et d’enlèvement grâce à internet ».

« Ce système touche plus les femmes et c’est dommage. Il faut que nos sœurs arrêtent cette imprudence qui consiste à suivre des inconnus dans des chambres d’hôtel ou des résidences meublées après quelques jours de causerie sur internet. De nombreuses jeunes filles ont été abusées ou même tuées après avoir été droguées ».

La prudence doit être de mise en cette période où les enlèvements sont de plus en plus fréquents. Bien entendu, il n’existe pas de solution miracle pour une sécurité à 100% mais il est préférable de mettre toutes les chances de son côté pour se protéger.

Suy Kahofi

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