Entrevue patronats UE-UA : les pouvoirs publics interpellés sur l’emploi des jeunes
Une rencontre entre les patronats de l’Union Africaine et de l’Union européenne a eu lieu ce 28 novembre 2017 au siège de la maison de l’entreprise au plateau. L’objectif était de se « concerter, concevoir et réfléchir à de nouveaux partenariats qui associeraient pleinement le secteur privé dans les années à venir » dans la prise de décision des Etats afin de permettre des faciliter qui puisse favoriser la création d’entreprise donc d’emploi pour la jeunesse africaine.
Le secteur privé est un grand pourvoyeur d’emploi et de création de richesse. Le phénomène irrégulier migratoire des jeunes africains vers l’Europe inquiète au plus haut niveau les entrepreneurs africains mais également ceux de l’Europe. Ils ont donc décidé de fédérer leurs forces en vue de créer de l’emploi pour les jeunes africains qui au prix de leur vie décide d’affronter vent et marrés pour rejoindre l’Europe.
Ce phénomène que les chefs d’entreprise caractérisent de « problème d’ordre économique » peut être résolu selon eux par la création d’emploi. Mais cela ne saurait se faire sans la collaboration des pouvoirs publics. D’où leur interpellation via les patronats européens et africains qui suggèrent que le secteur privé soit partie prenante dans la phase de discussion, d’élaboration de politique et de stratégie des politiques.
« Nous demandons aux chefs d’état de réorienter la relation Union européenne africaine en mettant le secteur privé, le mode économique au cœur de cette relation » a déclaré Jean Marie Acka président de la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire. Pour lui il n’y a que le secteur privé qui pourra faire face aux besoins d’emplois de la jeunesse africaine qui se chiffrera en centaines de millions pour les années à venir car les administrations publiques ne pourront pas y faire face.
Une thèse que soutien Patrice Fonlladosa président du comité Afrique du MEDEF International. « Notre appel aujourd’hui c’est un appel aux pouvoirs public de façon à ce que le secteur privé soit entendu comme une véritable solution » ; a-t-il affirmé. Cependant Patrice Fonlladosa reconnait que l’appel aux chefs d’Etat c’est un phénomène nouveau qui permet d’établir et de rétablir le premières bases de ce dialogue entre les institutions, les Etats en tant que tel et les secteurs privés.
Les hommes d’affaires sont tous convaincus qu’assurer un lendemain meilleur aux jeunes africains sur le continent en leur proposant des emplois serait un gage de sécurité pour les deux continents.
Célestin Tawamba président du patronat camerounais se veut insistant sur ce sujet. « La sécurité de l’Europe passe par le développement de l’Afrique et le développement de l’Afrique passe par la création de richesse pour la jeunesse » tout en Invitant ainsi les états à prendre à bras le corps le problème de l’emploi de la jeunesse. Une déclaration constituée de 8 points a été produite suite à cette rencontre :
- La définition d’un partenariat stratégique Union Européenne – Union Africaine de long terme, basé sur l’économie et impliquant le secteur privé, avec des avantages réciproques et incluant un dialogue en amont à travers une plateforme entre l’Union Européenne et l’Union Africaine ;
2. Le nouvel accord qui régira la coopération entre l’Europe et l’Afrique prenne en compte le continent africain dans son ensemble.
3. Qu’une plateforme de travail, de négociation et de coopération réunissant la Commission Européenne, le secteur privé européen et le secteur privé africain soit créée pour discuter du contenu du futur accord de partenariat entre l’UE et l’UA
4. Constatant le consensus sur l’efficacité limitée du financement sous forme de dons, le volet financements du nouvel accord entre l’UE et l’UA comprenne un rééquilibrage beaucoup plus important entre les dons et les prêts. Si le secteur privé reconnaît l’importance cruciale de l’aide pour certaines situations, une part plus importante de ces fonds doit être allouée vers le financement de projets portés par les secteurs privés européen et africain, dans le cadre de co-entreprise.
5. Les délais des financements européens soient réduits. le Fonds Européen de Développement Durable (FEDD) pourrait inclure un mécanisme de gestion de ces délais afin que davantage d’entreprises en bénéficient et gagnent en compétitivité.
6. De nouvelles modalités de financement soient mises en place, telles que des mécanismes de garantie, et que des mesures apparaissent pour développer les marchés financiers nationaux.
7. Le périmètre des types de projets financés soit élargi afin de contribuer au développement de secteurs hors du champ de coopération traditionnel entre l’Europe et l’Afrique. La transformation numérique de l’Afrique, l’industrialisation, la diversification des économies et le renforcement de l’entrepreneuriat sont des enjeux majeurs.
8. Une réflexion doit être menée sur les critères en matière de RSE et d’Ethique à prendre en compte par les secteurs privés européens et africains qui sont désireux d’y contribuer.
Cette rencontre des patronats CGECI, CICAM et MEDEF a eu lieu en marge du 5ème Sommet UE-UA qui se déroulera les 29 et 30 novembre à Abidjan sur le thème « investir dans la jeunesse pour un avenir durable ».
Raïssa Yao