L’une des conceptions populaires visant à banaliser la Covid-19 consiste à dire qu’elle est une forme de paludisme. Cependant, est-il vrai que la Covid-19 et le paludisme sont une même maladie ou la première une variante de la seconde ? Voici quelques explications qui montrent clairement les différences entre les deux maladies.
Que savons-nous du paludisme et de la Covid-19 ? Il s’agit avant toute chose de deux maladies infectieuses qui ont quelques points en commun. En effet ceux qui soutiennent l’assertion selon laquelle la Covid-19 est une forme de paludisme se basent notamment sur ce que les deux maladies ont en commun : les symptômes. Pour les deux maladies les personnes atteintes peuvent avoir un ou plusieurs de ces symptômes : fièvre, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires, courbatures, manque d’appétit ou diarrhée.
Ces symptômes que partagent les deux maladies suffisent-elles à dire qu’il s’agit du même mal ? Non, car au-delà de la Covid-19 et du paludisme il existe plusieurs autres maladies qui se manifestent avec ces mêmes symptômes dans leurs formes bénignes.
Dans leurs évolutions vers une forme grave, même au niveau des symptômes, le paludisme et de la Covid-19 commencent à se différencier foncièrement. Perte de l’odorat ou du goût, difficultés à respirer ou essoufflement, perte d’élocution ou de motricité sont à mettre à l’actif de la Covid-19. Pour le paludisme nous notons l’hémolyse (explosion des globules rouges), des anémies très sévères ou des confusions mentales.
Au-delà des symptômes, ce qui différencie les deux maladies c’est avant tout leurs agents pathogènes. Le paludisme est causé par un parasite de type plasmodium et transmise par une piqûre de moustique infecté. La Covid-19 par contre est causée par un agent pathogène différent de celui du paludisme : c’est un virus (SARS-CoV-2) de type coronavirus.
Le deuxième argument est lié à l’utilisation de la chloroquine dans le traitement du paludisme et de la Covid-19. A ce niveau il est important de préciser deux choses. Un, la chloroquine, telle qu’elle est retrouvée dans la Nivaquine®, est un médicament antipaludéen. C’est son sel, le sulfate de chloroquine, qui est alors utilisé, en prévention et traitement du paludisme. De nombreux pays africains ne prescrivent plus la sulfate de chloroquine contre le paludisme mais d’autres molécules plus tolérées. Deux, ce n’est pas le sulfate de chloroquine qui entre dans le protocole contre la Covid-19 mais plutôt l’hydroxychloroquine. Ce dérivé de la chloroquine est considéré comme deux à trois fois moins toxique et mieux toléré que la chloroquine.
La similitude dans les traitements de base de la Covid-19 et du paludisme est liée aux deux dérivés issus de la chloroquine. Cependant « une seule molécule ne compose le protocole de traitement d’une maladie » précise Helen Rees, directrice exécutive de l’Institut Wits pour la santé reproductive et le VIH de l’Université du Witwatersrand. Plusieurs autres médicaments ou molécules entrent dans les protocoles de soins du paludisme et de la Covid-19. « Ces molécules sont différentes » de sorte que « ceux qui composent le traitement du paludisme ne servent pas forcément face à la Covid-19 ». Une même molécule utilisée contre deux maladies ne les rend pas forcément identique.
Soutenir que la Covid-19 et le paludisme sont une même maladie ou que la première est une variante de la seconde est totalement infondé. Ces comparaisons selon Professeure Sara Schlesinger sont de nature non seulement à banaliser la Covid-19 mais de tenter de minimiser l’impact ou la dangerosité de la maladie dans un contexte de peur généralisé. La professeure de recherche clinique et médecin traitant principal à l’université Rockefeller de New York (États-Unis) indique « que le virus de la Covid-19 a crée un nouveau scénario catastrophe » que certaines personnes pensent pouvoir combattre à travers à des informations scientifiquement infondées.
« Vous avez une sorte de dichotomie de ce tout nouveau virus catastrophe qui peut être combattu avec les mesures que préconisaient mes grands-parents, qui étaient médecins et ont obtenu leur diplôme dans les années 20 » précise professeure Schlesinger. En d’autres termes, les mesures de prévention contre la Covid-19 sont d’une telle simplicité que se nourrir d’intox parait de plus en plus inutile surtout dans les pays africains où l’information traduite dans les langues locales touche les populations les plus reculées.
Suy Kahofi avec le soutien de l’OIF, Mécanisme de lutte contre l’infox
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