L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Gbairai sans gbangban : la piste Alino Faso

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Alino Faso, le surnom de ce ressortissant burkinabé continue d’alimenter le débat sur les réseaux sociaux. Espion pour les uns, victime collatérale de la brouille entre Abidjan et Ouaga pour les autres, le cas Alain Christophe Traoré ne laisse personne indifférent notamment dans les groupes pro ou anti-AES. L’analyse du gbairai d’Alino Faso est signé Traoré Bakary.

Les relations diplomatiques entre Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont été entachées ces 20 dernières années par plusieurs crises ou plutôt plusieurs épisodes d’incompréhension entre Abidjan et Ouagadougou. Les deux États d’Afrique l’ouest se sont écharpé sur plusieurs sujets au fil des années et depuis l’arrivée des militaires au pouvoir au Burkina Faso sous la houlette du capitaine Ibrahim Traoré l’épineux dossier des tentatives de déstabilisation a créé un froid diplomatique entre les deux pays.

Cette rivalité persistante entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire alimente une vague de désinformation et de propos haineux sur les réseaux sociaux. Le dernier épisode en date est relatif à l’arrestation de l’influenceur burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso. L’homme est présenté comme un soutien des autorités au pouvoir au Burkina Faso. Le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly a indiqué que Monsieur Traoré a été arrêté le 10 janvier confirmant que personne n’est porté disparu en Côte d’Ivoire.

« Personne n’est porté disparu en Côte d’Ivoire. Toutes les interpellations se font dans les règles de l’art et je peux vous confirmer que Monsieur Alain Traoré a été interpellé et arrêté en bonne et due forme. Aujourd’hui, il y a une procédure qui est en cours ». Malgré ces propos rassurants du ministre, les réseaux sociaux sont devenus le théâtre de toutes les accusations, de tous les scénarios et de tous les propos haineux.

Débat virulent aux relents xénophobes

Ceux qui observent les tendances de l’actualité sur les réseaux sociaux savent que le débat sur les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire a tendance à déboucher très rapidement sur des propos xénophobes. L’affaire Alino Faso n’est pas une exception et les communicants auto-proclamés à Ouagadougou comme à Abidjan ont le verbe dépouillé de toute morale pour porter toute sorte d’accusations.

Ceux qui disent soutenir le président Alassane Ouattara et le régime d’Abidjan ont vite fait de traiter Alino Faso « d’espion » et de profiter même de la situation pour régler leur compte avec les ressortissants burkinabés vivant en Côte d’Ivoire. « IB [Ibrahim Traoré NDLR] a des millions de compatriotes en Côte d’Ivoire, il devait réfléchir avant de vouloir déstabiliser la Côte d’Ivoire », « s’il est garçon [Ibrahim Traoré NDLR] qu’il vienne prendre tous les burkinabés qui vivent en Côte d’Ivoire », « il [Ibrahim Traoré NDLR] va finir à la CPI à cause des crimes de son régime »…voici des propos teintés de menaces voilées qui mettent de l’huile sur le feu.

Et forcément en face la réponse ne se fait pas attendre : les soutiens en ligne auto-proclamés de Ouagadougou donnent aussi de la voix à travers des propos blessant et accusateurs. « Alino Faso est torturé sur ordre du Président Ouattara » disent-ils, « l’économie ivoirienne est basée sur l’exploitation des travailleurs burkinabés », « la Côte d’Ivoire est dirigée par un sous-préfet de la France »…des propos méprisant sur les réseaux sociaux qui ne sont pas de nature à militer en faveur d’un climat de paix entre les peuples ivoiriens et burkinabés.

Au-delà du doute…

Dans une procédure officielle, celle qui concerne un homme aux mains de la justice ivoirienne, le bon réflexe à avoir c’est bien de laisser l’enquête qui été a ouverte suivre son cours et éviter de tirer des conclusions avant le procureur de la république. Il est important de s’en tenir à la communication officielle du gouvernement et faire attention à ne pas accuser une personne sans preuves. Il est aussi important d’éviter d’accuser les forces de l’ordre d’abus ou de violence sur un détenu.

Le débat peut se faire en ligne sans propos à caractère xénophobe ou haineux. Vouloir obtenir des likes ou des commentaires en se substituant aux enquêteurs, au bureau du procureur ou au gouvernement peut être lourd de conséquence. Le dossier est entre les mains de la justice ivoirienne qui doit effectuer son travail. Les propos haineux contre des Ivoiriens ou des Burkinabés ne vont rien changer dans la procédure déjà engagée.

Cette analyse s’inscrit dans le cadre du projet « Gbairai sans gbangban, on se kouman sans gnaga ». Ce projet de production vise à analyser les discours de haine, les propos haineux et la désinformation qui entourent les sujets d’actualité ou qui sont au cœur du débat sur les réseaux sociaux.

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