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Gouvernance forestière : des diplomates mettent en garde Amadou Gon

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Dans un courrier adressé au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et consulté par Eburnie Today, des diplomates expriment leur colère et mettent en garde le gouvernement. Les Nations Unies, l’Union Européenne, la France et l’Allemagne expriment leur colère à Amadou Gon ; la Côte d’Ivoire semble jouer le mauvais élève en ce qui concerne sa politique forestière.

L’exaspération des partenaires techniques et financiers de la Côte d’Ivoire a manifestement atteint sa limite. Et ces derniers n’hésitent plus pour interpeller ouvertement le gouvernement ivoirien. Dans un courrier adressé au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly daté du 17 mars 2017 signé par l’intérimaire du Représentant résident des Nations Unies Babacar Cissé, les ambassadeurs à Abidjan de l’Union Européenne Jean-François Valette, de France Georges Serre et de la république fédérale d’Allemagne Claus Auer, les partenaires techniques et financiers expriment leur « inquiétude » sur l’évolution de la politique forestière du pays.

« La Côte d’Ivoire s’est engagée ces six dernières années sur des objectifs ambitieux et nécessaires pour un développement durable notamment dans le secteur forestier. Pourtant, le constat actuel sur la situation des ressources forestières de la Côte d’Ivoire est alarmant et aucune amélioration de cette situation n’est notée », jugent-ils amèrement.
« Il importe donc que des lignes directrices claires soient données par le gouvernement sur sa vision de l’avenir des forêts ivoiriennes. La clarification de cette vision comporte des enjeux importants en termes d’économie, de sécurité, de développement des territoires ruraux, d’agriculture, de biodiversité et évidemment d’évolution du couvert forestier », réclament les auteurs du courrier.

En effet, selon les dernières statistiques publiées en 2016 par le Bureau d’études techniques et de développement (Bnetd), le taux annuel de déforestation sur la période 2000-2015 s’élève à 2,69% (soit 95.000 hectares de forêt qui disparait chaque année), un des taux les plus élevés d’Afrique. A titre de comparaison, le taux annuel de déforestation était de 1,18% pour le Madagascar sur la période 2005-2010 contre 1,4% au Ghana et 0,05% au Congo entre 2000 et 2012. Ce taux de déforestation est plus élevé dans les forêts classées ivoiriennes, atteignant 4,2%.

Mais si la forêt ivoirienne disparait à un rythme vertigineux, passant de 16 millions d’hectares en 1960 à moins de trois millions aujourd’hui (environ 11% du territoire national), c’est parce que sa protection et sa conservation n’est pas la priorité des autorités. Les administrations sont dépourvues de moyens conséquents et adaptés à leur mission. Par exemple, le budget du ministère des Eaux et forêts s’élève à environ 30 milliards (0,5% du budget national) de francs Cfa.

Celui de la Société de développement des forêts (Sodefor) est de 10 milliards pour la gestion de 231 forêts classées recouvrant une superficie de 4,2 millions d’hectares. Quand l’Office ivoiriens des parcs et réverses (Oipr) doit gérer 8 parcs et 5 réserves qui représentent 2,1 millions d’hectares avec 3 milliards de francs Cfa . L’Oipr a un agent pour la surveillance de 4.047 hectares de forêt tandis que la Sodefor mobilise un agent pour 1.527 hectares ; ce qui est insignifiant.

« Ces questions montrent le besoin urgent de repenser la politique et la stratégie forestière de la Côte d’Ivoire », estiment ces diplomates qui pensent que « la stratégie devrait être revue de manière plus radicale ».

La Côte d’Ivoire ambitionne de porter sa couverture forestière à 20% du territoire national afin de redevenir un pays forestier. Cela est-il tenable ? Alors que le pays d’Alassane Ouattara a pris plusieurs engagements au niveau international, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre due à la déforestation et à la dégradation des forêts à travers le mécanisme Redd+ auquel le pays est partie prenante depuis 2011, les déclarations d’intention sans véritable actions concrètes agacent désormais les partenaires qui mettent en garde :

« la non réalisation des réformes risque de mettre en échec les politiques pour lesquelles la Côte d’Ivoire s’est engagée, en particulier la stratégie nationale Redd+ qui sera endossée par le gouvernement, ce qui serait très dommageable pour le rayonnement international de la Côte d’Ivoire ».

Les partenaires menacent-ils de retirer leurs financements à la Côte d’Ivoire ? Ce courrier semble visiblement être une mise en garde.

Consulter l’intégralité du courrier adressé au Gouvernement Ivoirien ici :

petit fichier Courrier_PTF_Forets_Primature.pdf
Anderson Diédri

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