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Grève des fonctionnaires : des malades refoulés, six blessés au lycée français Mermoz

Le mouvement de grève lancé par les fonctionnaires de Côte d’Ivoire a été largement suivi. Cette action pour réclamer de meilleures conditions de travail et de prise en charge a provoqué la paralysie de plusieurs secteurs d’activité.

Ce lundi 16 janvier 2017, Marc Kouadio conduit son fils qui est malade à l’hôpital général de Yopougon Attié pour être examiné. Ce président d’ONG a été refoulé par le personnel soignant présent qui a justifié cet acte par la grève générale initiée par les fonctionnaires sur l’ensemble du territoire national. Dans ce centre de santé, des affiches aux messages évocateurs sont bien visibles : « tous les fonctionnaires sont en grève du 16 au 20 janvier 2017 s’il vous plaît« . Toutefois, le service minimum est respecté. Mais jusqu’à quand ? Les agents mettent déjà en garde.

« Le service minimum est assuré en pédiatre et en accouchement. Si rien n’est fait d’ici vendredi, il n’y aura plus de service minimum », prévient un membre du personnel.

Au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody, c’est le statut quo. Le service des consultations externes, situé à l’entrée de cet établissement sanitaire, ne fonctionne pas depuis la semaine dernière. C’était encore le cas ce lundi. Une situation difficile pour les patients. Le personnel est absent et le hall, qui habituellement est bondé de monde, est désespérément vide. Il y règne un silence glaçant. Lorsque nous faisait savoir que nous sommes là pour une consultation, une vigile, assise à l’accueil de ce service, lance aussitôt : « allez-y aux urgences ». Un responsable explique que 20% des malades admis au CHU passent par les consultations externes. 80% des personnes hospitalisées arrivent par les urgences.

Un tour aux urgences permet de constater que le service minimum est assuré. C’est ce que prescrit la réglementation en cas de grève. Mais le débrayage impact le fonctionnement normal du CHU.

« Les autres services étant fermés, les urgences reçoivent beaucoup plus de personnes » explique un médecin.

Ici, les services d’urgence sont fonctionnels. De l’hospitalisation à la maternité en passant par la gynécologie, la pédiatrie et la chirurgie ainsi que les services d’aide au diagnostic (radiologie, échographie, ECG), des agents de santé sont présents pour accueillir et administrer des soins aux malades. Certains parents de malades s’en réjouissent. Ouattara Mariam, qui accompagne sa mère admise aux urgences du CHU de Cocody depuis mercredi 11 janvier dernier, témoigne : « nous avons été reçus », dit-elle avant de rejoindre précipitamment sa mère en salle d’hospitalisation. A la maternité, la présence du personnel a permis la naissance ce jour de trois bébés.

« On a eu trois bébés aujourd’hui », confie une sage-femme, toute heureuse.

Les organisations de défense des droits de l’homme suivent aussi de près la grève des fonctionnaires. Ainsi, la Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (CNDH-CI) a déployé plusieurs équipes sur le terrain. Le secrétaire exécutif Legré Okou était au CHU de Cocody – après avoir sillonné d’autres établissements – pour avoir le point de la situation.

« Cet après-midi, toutes les équipes qui ont été déployées vont se retrouver et ainsi nous aurons quelque chose de complet », déclare-t-il.

A l’instar des hôpitaux, le mouvement de grève est suivi dans les écoles et universités. A l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody, les étudiants se tournaient les pouces. Vu la tournure des événements, Arouna, étudiant en licence 3 à la faculté de droit, pense qu’il reviendra sur le campus lundi prochain pour vérifier si les cours ont repris. Dans les écoles primaires, lycées et collèges, les salles sont également fermées. Certains élèves d’ailleurs délogent leurs camarades des établissements privés qui poursuivent le programme officiel d’enseignement. C’est le cas du Lycée International Jean Mermoz de Cocody. A 10 heures, des personnes identifiées comme membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) ont pris d’assaut le lycée français. Ils ont lancé des projectiles qui ont brisé plusieurs vitres de certains bâtiments et blessant six personnes : trois membres du personnel d’encadrement dont le surveillant général (un français nommé M. Pargès qui a été touché à la tête par un projectile) et trois vigiles en charge de la sécurité dont deux ont été conduits à l’hôpital.

« Ils ont lancé trois bombes de gaz lacrymogènes à l’intérieur de l’établissement », assure un agent de sécurité.

Ce groupe de personnes a ensuite forcé le portail principal du lycée Mermoz pour mettre fin aux cours. Des téléphones auraient été arrachés selon des témoins qui déclarent qu’un membre de la FESCI a été arrêté et remis aux forces de l’ordre. Jusque dans l’après-midi, deux cargos de police ont été postés de part et d’autre du lycée français pour assurer la sécurité. Les parents, eux, ont été invités à récupérer leurs enfants.

Anderson Diédri

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