Le Premier ministre ivoirien Hamed Bakayoko a appelé à des élections apaisées au moment où la tension politique entre le pouvoir et l’opposition ne retombe pas. Il s’exprimait samedi face à des militants du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) qui se sont rassemblés malgré l’interdiction par les autorités ivoiriennes de toute manifestation jusqu’au 30 septembre.
Le Premier ministre s’exprimait lors d’un meeting organisé par la Plateforme pour la victoire du RHDP, une organisation proche du parti au pouvoir. Lors de cet évènement aux allures de campagne avant l’heure, quelques milliers de jeunes ont rallié le quartier de Yopougon réputé être favorable à l’opposition. Tout en vantant le bilan du président Alassane Ouattara entrecoupé de promesse de don en espèce à des jeunes choisis dans la foule, Hamed Bakayoko a invité les jeunes à ne pas écouter « ceux qui menacent la Côte d’Ivoire » indiquant que « la Côte d’Ivoire de la jeunesse qu’on pouvait manipuler, c’est fini ! ».
Mais ses propos ne sont pas pour le moment de nature à ramener le calme. Les incidents se multiplient chaque jour en Côte d’Ivoire de façon isolée sous fond d’inquiétude des observateurs nationaux et internationaux de la scène politique ivoirienne. Si la semaine dernière un bus de la SOTRA (Société des transports abidjanais) a été incendié, ce samedi, c’est un véhicule de la gendarmerie qui a été perdu dans les flammes toujours dans la commune de Yopougon. Dans le quartier de SICOGI, un incident a éclaté entre des manifestants de l’opposition et les forces de l’ordre vers 8 heures. Le petit groupe de manifestants qui affrontait les forces de l’ordre a incendié un véhicule de la gendarmerie.
La multiplication des actes de violence et des manifestations à moins d’un mois de l’élection présidentielle fait planer un sérieux doute sur la tenue d’un scrutin apaisé. Dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts, la Côte d’Ivoire semble renouer avec les vieux démons de la division. Une quinzaine de personnes sont déjà mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara et des échauffourées ont eu lieu mardi dans plusieurs localités après la confirmation par le Conseil constitutionnel de la candidature du président ivoirien pour un 3ème mandat.
Face aux violences et à l’escalade dans les discours politique, l’Union européenne n’a pas caché sa préoccupation appelant vendredi la Côte d’Ivoire à respecter « les libertés publiques » et à organiser « un processus électoral impartial, transparent, inclusif et équitable » ; ce dont l’opposition doute fortement. L’UE appelle « un respect des libertés publiques, notamment le droit pour chaque citoyen de manifester pacifiquement, dans le cadre prévu par la loi, sans être inquiété, et d’exprimer des opinions politiques sans être arrêté ou emprisonné », selon la déclaration de Josep Borrell, Haut Représentant de l’Union européenne.
La rédaction
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