Dans environ deux mois, un cadre formel et légal de lutte contre l’immigration irrégulière va voir le jour en Côte d’Ivoire. L’annonce a été faite par le Directeur des ivoiriens de l’extérieur, Issiaka Konaté lors de la conférence de presse qu’il a animé à Abidjan ce 17 mars.
Le cadre formel et légal dont la Côte d’Ivoire veut se doter augure de meilleurs jours dans la lutte contre le fléau des migrations clandestines. Il servira à coordonner dans un groupe interministériel les interventions de tous les ministères impliqués dans la recherche de solutions durables à la question de l’immigration irrégulière qui constitue une réelle problématique pour la Côte d’Ivoire. La preuve avec le dernier rapport alarmant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L’OIM indique que la Côte d’Ivoire est le premier pays africain ayant le plus grand nombre de ressortissants qui ont regagné l’Italie par la mer de façon clandestine sur la période du 1er janvier au 15 février 2017. Quand on sait qu’au 14 mars de la même année, plus de 80% des 19.653 migrants et réfugiés qui sont arrivés en Europe par la Mer, sont ceux qui ont accosté sur les baies italiennes, on peut deviner à juste titre, le nombre important d’ivoiriens qui risquent leurs vies dans cette aventure, qui a fait 525 morts dans la mer sur cette période.
Selon Issiaka Konaté le nombre d’ivoiriens indiqué par les différents rapports est à prendre avec des pincettes, expliquant qu’il est difficile techniquement de vérifier la nationalité des migrants lorsqu’ils arrivent en Europe, puisque pour la plupart, ils se débarrassent de tous leurs papiers avant de faire le voyage. C’est donc sur la base de leurs déclarations qu’une supposée nationalité leur est attribué. Et c’est bien sur cette simple base que découle en quelque sorte ces chiffres, explique Issiaka Konaté. Toutefois, cela ne constitue en rien, une raison pour le gouvernement de ne pas affuter ses armes contre ce fléau humiliant pour l’Afrique en générale, et maintenant pour la Côte d’Ivoire en particulier.
Une riposte multisectorielle
La riposte contre ce fléau dévolue à la Direction des Ivoiriens de l’extérieur est limitée à la seule prévention par la sensibilisation. Alors que ce phénomène nécessite une réponse à plusieurs niveaux. Notamment au niveau sécuritaire (contrôle des frontières, démantèlement des réseaux de passeurs, identification des migrants irréguliers), au niveau social (l’assistance et rapatriement des migrants en difficultés aux frontières de l’Europe), au niveau économique (création d’emploi et d’activités génératrices de revenus, formation à des métiers, etc.). En attendant que ces interventions soient harmonisées dans un cadre unique de lutte contre les migrations irrégulières, et mis en adéquation avec l’approche régionale ; le ministère de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur s’emploie à mettre en œuvre, différents projets de sensibilisation et d’appui aux migrants en difficultés. Il bénéficie dans ce cadre d’appuis extérieurs provenant entre autres, de l’Union européenne et de la Fondation Friedrich Naumann, avec laquelle, cette conférence de presse a été organisée.
Le Directeur des Ivoiriens de l’extérieur a annoncé le rapatriement de 180 ivoiriens bloqués dans le désert libyen pour le lundi prochain. 77 centres de formation aux métiers ont été installés dans le pays en vue d’offrir aux jeunes qui lorgnent les rives de l’occident, des opportunités d’insertion dans le tissu économique. Bien d’autres initiatives selon le conférencier sont en œuvre pour décourager les volontaires à la migration clandestine.
Offrir de réelles opportunités aux jeunes
La nécessité de favoriser l’insertion économique des jeunes est une démarche qui révèle le problème de fond qui sous-tend, cette propension de la jeunesse ivoirienne à s’aventurer sur les rives de l’occident, malgré les risques de mourir dans le désert ou dans la méditerranée. Il s’agit de la pauvreté ! Au-delà de ce cadre légal et formel de lutte contre les migrations qui sera mis en place, tant que des solutions durables et globales de lutte contre la pauvreté ne seront pas trouvées, le regard de la jeunesse ivoirienne désœuvrée restera toujours pointé vers le rêve d’une réussite en Europe.
Le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire estimée à 46% selon la Banque mondiale, fait mentir la forte croissance du pays, ces dernières années ; posant ainsi le problème d’une mauvaise répartition des richesses. Un chantier que le gouvernement doit, avec abnégation, prendre à bras le corps, au risque de s’investir vainement dans des tentatives visant à décourager des jeunes à la recherche d’un eldorado, où ils pourront s’en sortir et sortir leurs familles de la misère ambiante qui leur pend au nez, sans réelle issue. Il est donc impératif pour le gouvernement, de travailler à offrir, dans un cadre global, des opportunités d’emplois et d’insertion dans le tissu économique qui soient démocratiquement accessibles à tous les jeunes de ce pays.
Alain Ahimou
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